jeudi 26 novembre 2009

Une victime d'Israël - Julius Evola

De Bismarck à Metternich en passant par Mussolini, Hitler et Codreanu, on sait que Julius Evola s'est intéressé à la pensée et à l'oeuvre des derniers grands hommes politiques de l'histoire, pour les mettre, sans complaisance, à l'épreuve des principes fondateurs et formateurs de la civilisation indo-européenne, dans la perspective d'une restauration de l'ordre traditionnel en Europe; c'est donc essentiellement à un point de vue spirituel que Julius Evola a examiné leur pensée et leur action. Chacun d'eux s'est employé à combattre et à mettre hors d'état de nuire les deux principaux instruments subversifs du judaïsme à l'époque moderne : le capitalisme spéculatif et le socialo-communisme, qui ne sont que les deux faces d'une même pièce, et c'est le cas de le dire, puisque tous deux sont fondés sur une vision exclusivement économique de la vie humaine, qui va de pair avec la volonté de détruire le politique et l'Etat. A l'heure où l'Etat n'est plus, de facto, qu'une entreprise privée para-mafieuse gérée cahin-caha par des hommes de paille et la politique, supplantée par l'économie, n'est plus qu'un simulacre, il convient de nous tourner avec Julius Evola vers un homme politique russe méconnu, oublié par l'histoire, qui, par son action politique, aurait pu empêcher le déclenchement de la révolution bolchevique et, par suite, l'avènement du communisme en Russie et ailleurs : Stolypine, premier ministre de Nicolas II de 1906 à 1911 : "une victime d'Israël" (cet article, signé Julius Evola, est paru dans La Vita Italiana en janvier 1939).

Une victime d'Israël



Les spécialistes de l'histoire de l'Europe de la période précédente ont la fâcheuse manie de considérer le bolchevisme plus ou moins comme un phénomène en soi, non pas en ce sens qu'ils en ignoreraient les antécédents doctrinaires, c'est-à-dire la première et la seconde Internationale, mais, avant tout, en ce sens qu'ils négligent d'étudier le milieu historique et social russe qui devait rendre possible la révolution; en second lieu, parce qu'ils oublient de rechercher les influences secrètes, les "puissances indirectes" qui ont favorisé le jeu d'une minorité subversive en mettant à sa disposition un concours de circonstances particulier.

Ce n'est pas sur ce second point que nous nous arrêterons ici, car nous aurions à répéter des choses désormais très connues des lecteurs assidus de Vita Italiana, dont, en particulier, la campagne secrète concertée menée à partir d'un certain moment contre la Russie tsariste par la haute finance juivo-américaine et certains milieux anglais mystérieux liés à des personnalités de l'Intelligence Service; la subvention octroyée directement aux bolcheviques par le consortium Schiff-Warburg par l'intermédiaire de Trotski; l'influence que certains représentants masqués du front de la subversion mondiale comme le fameux juif apatride Parvus Helphand (Goldfandt) sont parvenus à exercer sur certains milieux allemands imbus d'eux-mêmes, en exploitant leur machiavélisme myope; les dessous de la décomposition de l'armée russe, de la défaillance "accidentelle" de certains fournisseurs de matériel militaire à certains moments donnés; et ainsi de suite.

Nous voudrions au contraire souligner les antécédents de la révolution russe, la situation qui l'a rendue possible en fournissant un terrain capable d'accueillir et de faire pousser la mauvaise graine du communisme. Ce faisant, il conviendra de parler d'une personnalité politique russe qui a été presque oubliée, mais qui, si la balle d'un Juif n'avait pas brisé prématurément son existence, aurait sans doute pu faire prendre à l'histoire de son pays une direction fort différente et empêcher que la révolution ne le détruise. Nous voulons parler de Stolypine, premier ministre de la Russie de juin 1906 à septembre 1911, qui avait obtenu de Nicolas II des pouvoirs quasi-dictatoriaux. Le comte Malynski, dans un ouvrage récent, a montré la figure de Stolypine sous son vrai jour, tout en faisant une synthèse tellement lucide des précédents de la révolution russe que nous pensons qu'il est intéressant d'en rapporter ici les points principaux (2).

Deux évènements décidèrent virtuellement du sort de la dynastie et de l'empire russes. Le premier a été l'affranchissement des serfs par Alexandre II; le second, l'industrialisation de l'empire par Alexandre III.

Avant Alexandre II, le système social russe était plus ou moins moyen-âgeux. La terre appartenait essentiellement à de grandes familles nobles et à de grands propriétaires, et la classe rurale qui habitait ces terres dépendait entièrement d'eux. Alexandre II "affranchit" cet élément rural, c'est-à-dire qu'il l'arracha à la terre, le ravala à une masse de parias nomades. De nombreuses terres furent mises à la disposition des "Communes rurales" - les mir - gérées collectivement : ces terres n'appartenaient à personne, la main d'oeuvre occupait tantôt un poste, tantôt l'autre, et, au fond, elle était exploitée et moins bien payée que sous le régime précédent. Sous ce régime, le paysan était au moins attaché à une terre, celle de son seigneur, il savait ainsi qu'il travaillait pour quelqu'un, et il en était souvent fier. Devenu "libre", il fut plus moins transformé en prolétaire, en pur instrument automatique de travail. Ce fut là, sous Alexandre II, le vrai résultat des "nobles et généreuses idées libérales", et, de fait, la réforme de ce souverain fut saluée par les applaudissements frénétiques de la presse démocratique européenne de l'époque.

La situation s'aggrava encore sous Alexandre III. C'est ce souverain qui entreprit l'industrialisation artificielle et corruptrice de la Russie. On ne songea pas à profiter de manière organique, dans la mesure des moyens dont on disposait, des ressources naturelles russes; au contraire, on mit ces ressources à la disposition du capital étranger, encourageant ainsi une production destinée à profiter uniquement à un capital omnipotent et à enrichir une nouvelle classe de profiteurs, qui devait elle-même galvaniser de plus en plus l'opposition prolétarienne. Il faut reconnaître que le régime tsariste n'avait pas voulu expressément en arriver là, mais qu'il y avait été poussé. Cette industrialisation de la Russie, fatale au régime patriarcal précédent et destructrice pour la morale des classes supérieures, dans lesquelles l'or devait peu à peu supplanter tous les vrais privilèges, fut dictée par des considérations politiques. Les capitaux furent essentiellement fournis par la France dans le but de renforcer la Russie, devenue son alliée, dans l'éventualité d'une nouvelle guerre contre l'Allemagne et de la revanche qu'elle attendait avec impatience. Comme l'unique point de départ de l'industrie était le crédit de provenance étrangère, l'industrie n'avait pas le support naturel de la terre qui nourrit son peuple et lui fournit, sans intermédiaires et sans spéculation, ses moyens d'existence. La conséquence de tout cela était que ceux qui travaillaient, pas plus que ceux qui faisaient travailler, n'avaient à leur disposition les moyens directs de vivre ou de faire vivre. Les rapports entre les hommes changèrent. Aux anciens rapports, organiques et spirituels, se substituèrent des rapports régis uniquement par l'argent, jusqu'à ce qu'on en arrive à une opposition pure et simple entre ceux qui avaient le ventre vide et ceux qui avaient le ventre plein. Le sol russe en était arrivé à un tel stade de dégradation matérialiste qu'il était mûr comme peu d'autres pour le ferment subversif de l'idéologie marxiste de la guerre des classes, car c'était un des rares pays où le processus avait été aussi rapide, et le paysan russe, comme le Russe en général, ne connaît pas les moyens termes, les sages compromis : il passe d'un extrême à l'autre. Libéré d'un système patriarcal d'obéissance rigoureuse et aveugle, il peut devenir un anarchiste pur.

C'est ainsi que le mouvement révolutionnaire commença à apparaître en Russie, naturellement, non pas de façon spontanée, mais par suite de l'action de noyaux subversifs. On se souvient encore des évènements tragiques de 1905 et de 1906, mais, à cette époque-là, le phénomène était fort limité. Les effets des habitudes patriarcales séculaires ne pouvaient pas disparaître d'un jour à l'autre, et une grande partie du peuple russe, au mépris de ce que la presse internationale laissait entendre, malgré une misère sociale manifeste, était encore immunisée contre le virus répandu par une bande d'énergumènes révolutionnaires.

Le danger pouvait donc encore être écarté; et, en réalité, Stolypine apparaît comme un homme en quelque sorte providentiel, une personne qui aurait pu tout sauver. Nommé gouverneur d'une province où la révolte paysanne faisait particulièrement rage, il fit montre de qualités telles qu'il attira immédiatement sur lui l'attention et que, à la dissolution de la Douma, il fut fait premier ministre de l'empire. Stolypine se donna pour tâche de découvrir les causes réelles du phénomène révolutionnaire et de le détruire, dans ces causes, par une politique d'assainissement, non pas répressive mais constructive.

C'est pourquoi, pour se rendre compte de la situation réelle, ce n'était pas aux livres ni aux brochures confectionnés par les démagogues embusqués qui prétendaient exprimer "les souffrances du peuple assoiffé de liberté" qu'il s'en remettait : il se renseignait auprès du peuple, qui n'était pas pour lui un mythe avec majuscule, mais une réalité d'individus vivants. Et toujours et partout il recueillait de la bouche de ce peuple, avec lequel il était en contact direct depuis son enfance, la même réponse. A ce sujet, il convient de laisser parler la fille du ministre, Alexandra Stolypine, qui cite une des réponses qu'elle avait entendue : "C'est vrai, disaient les paysans, c'est vrai que tout piller et saccager n'aboutit à rien". Et à la question de mon père qui leur demanda pourquoi alors ils le faisaient, l'un d'eux, approuvé par ses compagnons, dit : "Ce que je voudrais, c'est le papier bleu avec les armes impériales qui me donnerait en toute propriété, à moi et à ma famille, un petit morceau de terrain. Je pourrais le payer peu à peu, car grâce à Dieu on sait travailler dans notre famille; mais à quoi bon travailler maintenant? On aime un terrain, on s'applique à le cultiver le mieux qu'on peut, et puis, ce terrain, où l'on a mis toute son âme, on vous l'enlève pour le donner à un autre et l'année suivante la Commune vous envoie travailler ailleurs. Ce que je dis à Votre Excellence est vrai et beaucoup de mes camarades pensent comme moi : à quoi bon se donner de la peine?".

Alexandra Stolypine ajoute : "Mon père écoutait tous ces discours avec une pitié infinie. Pauvre Russie construite de bois et de chaume, - disait-il souvent. Dans sa pensée, il voyait les fermes florissantes de l'Allemagne voisine où des gens calmes et tenaces amassaient, sur des étendues de terrain minuscules comparées à nos plaines, des récoltes et des économies sans cesse augmentées qui passaient de père en fils. Tournant alors ses regards vers l'Oural, il parcourait en pensée la longue route des déportés à travers cet empire asiatique russe où, dans un sol vierge, tous les trésors que la nature fertile peut créer dormaient d'un sommeil séculaire...."

Malynski dit à juste titre que ces mots renferment toute la genèse du cataclysme russe. C'était effectivement là la base de l'agitation révolutionnaire naissante : l'exaspération engendrée par la misère. Aucune révolution dans l'histoire n'a eu d'autre motif initial, et même dans les révolutions classifiées comme religieuses, le mobile confessionnel n'est généralement que la mèche qui allume l'incendie, non le combustible sans lequel il ne saurait y avoir d'incendie généralisé. La cause première de l'agitation populaire russe était la situation sans issue d'une masse qui devait vivre de ce qu'elle semait et récoltait et qui n'avait plus où semer et récolter par le fait de l'"émancipation" des serfs et de la prolétarisation des autres dans le cadre d'une industrie sans visage, qui se gardait bien d'ajuster les salaires, restés ceux de l'époque précapitaliste, aux profits fabuleux qui formaient les nouvelles fortunes.

Stolypine fut le seul à voir clair dans ces causes et à deviner le vrai remède. Féodal de naissance et d'éducation, il s'attela à une tâche inédite et paradoxale : faire d'un féodalisme bien compris et généralisé un principe résolument "révolutionnaire" capable de vaincre le capitalisme comme le socialisme. C'est à cet effet que Stolypine étudia une réforme fondamentale des affaires russes, à laquelle il consacra toutes ses forces.

Le 9 novembre 1906, il présenta et fit promulguer une nouvelle loi agraire, qui instaurait la propriété privée paysanne. En vertu de cette loi, tout paysan pouvait quitter la Commune et acquérir une parcelle de terrain à crédit, il versait la somme d'argent dont il disposait, et le trésor impérial prenait à sa charge la différence. Certaines de ces terres appartenaient à l'Etat; d'autres étaient achetées à bas prix par l'Etat à ceux qui voulaient s'en défaire. Par suite de cette loi, un demi million de chefs de famille entrèrent presque immédiatement en possession de presque quatre millions d'hectares.

Ce fut là le premier point du programme de Stolypine. Ce fut, pour ainsi dire, la première mesure d'urgence, destinée à enrayer l'agitation révolutionnaire croissante et à assurer une tranquillité relative, nécessaire pour la seconde phase du plan. Cette seconde phase avait pour but de valoriser les terres presque vierges de la partie asiatique et orientale de l'empire, non pas au sens capitaliste, mais dans le cadre d'une économie nationale fermée, d'une véritable autarcie qui devait s'articuler sur le modèle du régime féodal. Mais, pour en arriver là, il fallait d'abord résoudre le problème des moyens de communication. Stolypine commença donc la construction du transsibérien du Sud.

Il y avait déjà un transsibérien, qui avait été construit sur l'initiative de Witte; cependant, il reflétait de manière frappante les conceptions capitalistes de ce ministre. En effet, il avait été tracé dans le but évident de relier l'Europe et les parties les plus peuplées de la Russie à l'Extrême-Orient, au service des intérêts qu'avaient en Orient les grands financiers de Paris, de Londres et de Berlin : il ne visait nullement à atteindre les contrées russes les plus fertiles et les plus propres à la colonisation intérieure. Au contraire, c'était là l'idée qui présidait au plan du transsibérien du Sud voulu par Stolypine. Son but était de déplacer vers l'Orient la main d'oeuvre russe. Il devait en résulter la destruction de la tyrannie capitaliste et la naissance d'un système de changes équilibré et d'une industrie fondée sur les besoins réels et non sur l'utilisation et la multiplication de capitaux anonymes et même étrangers, qui n'étaient destinés qu'à la précipiter dans une activité excessive et désordonnée.

Malynski écrit : "En 1895, après trois cents ans de domination russe, la Sibérie, beaucoup plus spacieuse que toute l'Europe, était peuplée de quatre millions d'habitants dont une partie descendait des déportés politiques ou de droit commun. Entre 1895 et 1907, entre l'ouverture du premier Transsibérien et l'accession de Stolypine au pouvoir, cette population avait augmenté d'un million et demi. Et rien qu'en trois années et sous l'administration de Stolypine, bien que le nouveau chemin de fer ne fut pas terminé, elle augmenta de presque deux millions (...) Tout porte à croire que par le fait du nouveau chemin de fer et parce que l'inertie séculaire russe aurait été secouée par un gouvernement qui consacrait à cette tâche le meilleur de son énergie, ce chiffre aurait dû être (...) entre 1920 et 1930, de trente à quarante millions. Et ceci ne signifie pas trente ou quarante millions de prolétaires grinçant des dents, de va-nu-pieds courant après un salaire problématique, mais trente ou quarante millions de petits propriétaires cossus et prospères (...), d'hommes heureux de vivre, assurés de leur avenir, satisfaits de leur sort, économiquement indépendants autant qu'il est possible de l'être et constituant un frein formidable contre toute révolution, force conservatrice et réactionnaire comme aucun pays ni aucune partie du monde n'en possède actuellement de pareille".

Naturellement, les petites propriétés auraient coexisté avec les grandes, qui auraient été en quelque sorte leurs centres de gravitation et auraient pu développer des formes autonomes d'industrie, excluant les éléments étrangers ou les intermédiaires, jusqu'à la constitution de trusts horizontaux et verticaux à la fois. Contrairement à l'industrialisme capitaliste, il aurait été rigoureusement fondé sur la propriété privée, la réalité substantielle des valeurs, la stabilité des titulaires du crédit exclusivement mutuel, qui se serait amorti en circuit fermé et se serait couvert avec la réciprocité des services et des prestations personnelles. Le jour où ce résultat aurait été atteint, la supériorité du régime de la propriété privée sur le système capitaliste anonyme, qui dissout toutes les valeurs substantielles dans une forme fluide, anodine et ambiguë, aurait été manifestement prouvée et aurait montré sous un jour peu flatteur cette époque où on croyait qu'il n'y avait pas d'autre issue pour le genre humain que l'alternative entre le communisme juif et le capitalisme israélite, formules convergentes qui n'aboutissent qu'à la dépersonnalisation et au nivellement.

Comme le constate Malynski, une crise du genre de celle dont souffre actuellement une grande partie du monde, crise paradoxale de surproduction, serait inimaginable dans un système de propriété articulée de la façon décrite ci-dessus, et qui était souhaité par Stolypine. Sous un tel régime, une crise semblable se transformerait en une bénédiction du ciel. Lorsque le capitalisme aboutit à cette conclusion que la surabondance détermine la misère, conclusion qui fait pendant à cette autre : "le crédit, c'est la fortune", il a prononcé sa disqualification et sa condamnation. Malheureusement, le seul qui semble profiter de cette absurdité, souvent, c'est le socialisme, qui est un capitalisme au carré.

Au début du siècle, un homme avait proposé une autre solution et avait même commencé à l'appliquer : Stolypine. De nombreux facteurs facilitaient son oeuvre. En premier lieu, les possibilités du sol russe, qui étaient de nature à faire effectivement de l'empire un régime autarcique. En second lieu, la force que conservaient les anciennes traditions, le sentiment, encore vif, qu'entre un propriétaire et un roi, entre un patrimoine ancestral et une patrie, il n'y avait qu'une différence de degré dans une même échelle de valeurs, non pas matérielles, mais, avant tout, spirituelles. Enfin, la propension à l'obéissance loyale dans la couche rurale russe qui n'avait pas été contaminée par la mentalité capitaliste, qui lui était inconnue et étrangère avant les mauvais exemples récents. Stolypine aurait donc pu atteindre son but, faire de la Russie chaotique et inquiète un chef-d'oeuvre d'un type inédit.

Mais, pour en arriver là, il aurait fallu couper l'herbe sous le pied à Israël, déjouer la manoeuvre du "peuple élu", dans les deux points stratégiques fondamentaux de son offensive moderne : le capitalisme et le socialisme. Et c'est la raison pour laquelle Stolypine, bien qu'il n'ait manifesté aucune hostilité particulière envers les Juifs, est devenu leur bête noire; la presse internationale, qu'ils subventionnaient, entreprit de le dépeindre comme un tyran, une bête sanguinaire, un oppresseur, alors que, en grand féodal, il avait été un libéral hors pair en créant d'innombrables propriétés, et par suite autant de libertés, et en n'aspirant qu'à sauver sa patrie, ce qui était possible, du piège de la finance anonyme et apatride. Sous Stolypine, contrairement à ce qui s'était passé à d'autres époques, il n'y eut pas de pogrom en Russie. Mais si Stolypine ne persécuta pas individuellement les Juifs, il leur fit collectivement plus de mal que s'il en avait fait exterminer froidement quelques dizaines de milliers. En effet, il était évident que, par sa politique, il allait rendre impossible l'existence de parasites et détruire ce qui rendait possible l'asservissement de la Russie à l'Internationale financière juive, aussi bien que les manoeuvres subversives de l'Internationale socialiste juive. Les Juifs, qui ne voyaient pas comment vivre autrement et ne voulaient pas vivre autrement en Russie, n'avaient que la triste perspective de s'en aller, d'émigrer. C'est ainsi que, en Russie, jamais autant de Juifs ne firent une demande de passeport, principalement pour les Etats-Unis, terre promise du capitalisme, que sous le régime de Stolypine. Le gouvernement, naturellement, ne se fit pas prier pour les délivrer, et Stolypine contribua donc fortement à faire augmenter la population des ghettos des métropoles américaines et européennes. Comme le dit bien Malynski, les misérables fuyaient la Russie, cette nouvelle Egypte, où ils n'étaient cependant pas obligés de construire, sous le fouet, des pyramides.

Mais cela ne pouvait pas durer longtemps. Les chefs du front secret de la subversion mondiale ne mirent pas longtemps à s'entendre pour "écraser l'infâme". Israël, on le sait, ne pardonne pas : "celui qui se heurte à Israël ne connaîtra ni paix ni sommeil", comme le dit leur tradition. Supprimer d'un seul coup le capitalisme simple et le capitalisme au carré, capitalisme d'Etat qui devait être bâti après que le collectivisme communiste aurait tout détruit, c'était vraiment trop; et il ne s'agissait pas là d'un petit Etat, mais de la Russie, aussi grande, à elle seule, qu'un continent.

A ceux qui accusent les "hallucinés de la conspiration mondiale" (3), nous dirons donc que ce n'est pas par hasard que, un beau jour, la villa de Stolypine fut réduite en cendres par une bombe lancée par des Juifs déguisés en fonctionnaires. Une centaine d'innocents périrent, et si le ministre en sortit indemne, ses enfants furent estropiés. Par la suite, les complots se multiplièrent, tous déjoués par la police. Jusqu'à ce que, un jour, l'irréparable se produise. En septembre 1911, à Kiev, lors d'un gala à l'opéra, un agent de police en tenue de soirée s'approche de Stolypine sans se faire remarquer et décharge sur lui son revolver. De nouveau, c'était, par hasard, un Juif (4).

Stolypine expira quelques jours plus tard. L'Europe n'y accorda pas plus d'importance qu'à n'importe quel autre attentat; "C'est comme ça en Russie", dit-il. Mais, en réalité, celui qui se rendait compte de l'enchaînement des causes et des effets voyait que ce malheur était irréparable. Comme le dit à juste titre Malynski, au point de vue historique, ce n'était pas seulement un ministre qui avait été abattu par une balle juive, c'était la possibilité même d'une future Russie grande et forte qui avait été brisée, puisqu'il apparut bientôt clairement que personne n'aurait plus été en mesure d'assumer l'héritage de Stolypine, de continuer son oeuvre avec la même clairvoyance et la même détermination. Stolypine vivant, la révolution aurait vraisemblablement été prévue et évitée, malgré la guerre; mais le "destin", terme qui est ici synonyme de conspiration occulte, en avait décidé autrement. Nicolas II, en signant son abdication, aurait dit : "Si Stolypine avait été là, cela ne serait pas arrivé".

Le fait que, malgré vingt ans de bolchevisme, il reste encore aujourd'hui des traces de la réforme antisocialiste et anticapitaliste de Stolypine montre ce qu'elle aurait pu signifier pour l'avenir de la Russie, si elle avait été réalisée. Les forces qui ont détruit en Russie l'empire, la dynastie, la noblesse, l'ordre social traditionnel, ne sont pas encore parvenues à briser l'obstacle que constituent pour elles les restes d'une paysannerie relativement aisée de propriétaires privés, libres sur leurs terres : les millions d'hommes que Stolypine a libérés de l'esclavage des Communes rurales et dont il a fait des propriétaires indépendants en réalisant la première phase de son programme. Ils résistent encore avec ténacité au communisme et nourrissent un profond sentiment de révolte envers la dictature juivo-soviétique qui les oblige à mener une existence misérable; ce sentiment portera ses fruits. Malynski dit : "Nous assistons donc à un spectacle suggestif. Il a été plus facile d'anéantir des siècles d'histoire que l'oeuvre toute récente (...) d'un seul homme qui fut au pouvoir pendant quatre années seulement. Et si la plus puissante tentative de collectivisation qui a été faite dans les annales de l'humanité échoue, ce sera l'ombre du grand novateur féodal dont notre génération a presque oublié le nom qui, vingt années après sa mort, aura vaincu. Le bolchevisme a aisément triomphé des vivants et c'est ce mort, que les balles juives ne peuvent pas tuer une seconde fois, qui constitue son vrai péril. C'est la plus belle oraison funèbre que l'on puisse faire au ministre de Nicolas II, et c'est l'histoire qui la prononce devant nous, sur cette tombe oubliée".

Nous pensons donc qu'il n'a pas été inintéressant d'attirer l'attention de nos lecteurs sur cet épisode aussi important que peu connu de la guerre occulte, par la même que Stolypine est en même temps le symbole d'une voie, la voie traditionnelle. Dans l'ordre spirituel et éthique comme dans l'ordre matériel et économique, et pour tout ce qui a trait aux problèmes de la terre et de la propriété, c'est la seule voie à suivre pour une vraie reconstruction; et elle est par là même celle que, par tous les moyens, directs ou indirects, le front secret de la subversion mondiale a essayé, essaie et essaiera de plus en plus de rendre irréalisable.



Julius EVOLA



(1) Selon le témoignage de la princesse Palev, Lloyd George, à l'annonce de la première révolution russe et de l'abdication du tsar, se serait exclamé : "Un des buts de la guerre de l'Angleterre est atteint". Le tsar avait déjà eu l'occasion de protester auprès du gouvernement anglais du fait que le logement de Sir Buchanan, l'ambassadeur britannique, servait de lieu de rencontre aux révolutionnaires qui devaient ensuite former le gouvernement provisoire, mais en vain. Enfin, l'Angleterre, qui s'était empressée de mettre à la disposition de l'Abyssinie un de ses navires de guerre pour embarquer le Négus, trouva le moyen de refuser au tsar, parent du roi d'Angleterre, l'aide qui lui aurait permis de quitter la Russie sous la protection du drapeau anglais et d'échapper ainsi au sort prévisible qui l'attendait.



(2) Il s'agit des chapitres XVI-XVII de "La Guerre occulte", écrit par Malynski en collaboration avec le vicomte de Poncins, et c'est donc sur cette oeuvre que nous nous appuierons ici. Particulièrement important pour celui qui veut pénétrer les dessous des évènements historiques qui se sont déroulés de la Sainte Alliance au bolchevisme, il est sur le point d'être publié en traduction italienne par l'éditeur Hoepli.



(3) L'expression est de Léon de Poncins, "La Mystérieuse Internationale Juive", Editions Beauchesne, Paris. (N.D.T.)



(4) Il est à souligner que Lénine, égal à lui-même, décrit cet attentat comme "la mise à mort du pendeur en chef Stolypine" (Oeuvres, tome XVII, "Stolypine et la Révolution", décembre 1910 - avril 1912). (N.D.T.)



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La Guerre occulte - Julius Evola

De décembre 1936 à septembre 1941, Julius Evola aura publié quarante articles sur le problème juif dans diverses revues italiennes, principalement dans La Vita Italiana, tous signés "Arthos", sauf huit signés Julius Evola, dont "La Guerra occulta - Ebrei e massoni alla conquista del mondo" ("La guerre occulte - Juifs et francs-maçons à la conquête du monde"), qui, publié dans Vita Italiana en décembre 1936, est justement le premier de cette série d'articles, en dehors de "L'Internazionale ebraica e la profezia della nuova guerra mondiale secondo Ludendorff" ("L'Internationale juive et la prophétie de la nouvelle guerre mondiale selon Ludendorff"), paru en 1932 et qui reste introuvable à ce jour.


Trente et un de ces textes, dont "La Guerra occulta", tous publiés dans La Vita Italiana de Giovanni Preziosi, ont été réunis par Il Cinabro dans une anthologie à laquelle cet éditeur a choisi de donner le titre d'une série de trois articles d'Evola, parus dans cette revue en 1936, sur l'action destructrice du judaïsme: "Il "Genio d'Israele"" ("Le "Génie d'Israël""). Choix légitime, puisque, comme Il Cinabro le rappelle dans la notice bibliographique, c'est Evola lui-même qui avait indiqué, dans le premier de ces trois textes, le caractère organique de l'étude du judaïsme qu'il devait développer ensuite dans une longue série d'articles, "dont la cohérence systématique n'échappera sans doute pas au lecteur attentif de La Vita Italiana".



Et puisque "La Guerra occulta" est un compte-rendu de "La Guerre occulte" de Malynski et de Poncins ( G.Beauchesne, Paris, 1936 ; Editions Delacroix, 2002), rappelons que c'est Julius Evola qui traduisit cet ouvrage en italien, publié chez Hoepli en 1939: "La Guerra occulta - Ebrei e massoni alla conquista del mondo" ; le sous-titre, qui ne figure pas dans l'original, est de lui. Il comporte des variantes, des ajouts et des suppressions, plus ou moins remarquables suivant les chapitres, toujours notables dans ceux où il est question de l'histoire occulte contemporaine de l'Italie.



Les ajouts d'Evola au texte de Léon de Poncins et du comte de Malynski sont indiqués ici en gras ; les suppressions, en italique ; les variantes sont soulignées.



"La Guerre occulte" (Juifs et francs-maçons à la conquête du monde)



Il est vraiment agréable de lire un livre comme celui qui a été récemment publié par Emmanuel Malynski et Léon de Poncins, "La Guerre occulte" (G.Beauchesne, Paris, 1936). En effet, c'est là une des seules publications contemporaines qui ait le courage d'être inconditionnelle, d'adopter une idée et de l'étudier à fond, sans reculer. Des positions de ce genre ont une justification pragmatique indiscutable. Elles soumettent la solidité d'une idée à cette acrobatie dont parlait Wilde en disant que, pour éprouver la solidité d'une vérité, il faut la voir sur une corde raide. Et, actuellement, c'est cela qu'il faut faire, au moins sur le terrain idéologique, non seulement en vue de clarifier la doctrine, mais aussi dans un but plus concret, que nous expliquerons en nous référant à des considérations développées, dans un ordre d'idées voisin de celui auquel s'attache le livre en question, par Guénon dans un article récemment publié dans "Regime Fascista". Guénon a donc remarqué avec perspicacité qu'un des moyens les plus efficaces utilisés par les forces obscures à l'oeuvre à notre époque pour paralyser ou limiter les réactions de ceux qui voient le caractère anormal et le désordre d'une telle époque consiste à diriger ces réactions vers certains des stades précédents, et moins avancés, de la déviation, stades auxquels le désordre n'était pas encore devenu aussi perceptible et semblait, pour ainsi dire, plus acceptable. Actuellement, il en est beaucoup qui ne saisissent pas l'enchaînement implacable des causes et des effets dans l'histoire, et leurs efforts, qui se bornent à tel ou tel domaine particulier et portent principalement sur de simples conséquences, s'en trouvent limités et neutralisés. Attirés par des formes qui semblent positives parce qu'elles présentent les mêmes virus, mais, pour ainsi dire, à plus faibles doses, ils sont loin d'atteindre le vrai but de la reconstruction.



Ces considérations générales ne signifient pourtant pas que nous approuvons complètement le livre de Malynski et de Poncins. Son contenu est susceptible de susciter des réactions, et de vives réactions, et pas seulement chez le lecteur socialiste ou franc-maçon. Pourtant, le plus intéressant et le plus utile, c'est justement d'analyser la réaction qu'il a éveillée ; cette analyse nous obligera à approfondir de nombreuses idées et à poser des alternatives d'une importance capitale. C'est pourquoi nous pensons que le mieux est de donner les idées essentielles du livre le plus objectivement possible, tout en faisant les réserves nécessaires.



Il s'agit donc là d'un exposé historique ou, pour mieux dire, d'une interprétation de l'histoire visant à saisir l'intelligence secrète qui se dissimule derrière les évènements les plus significatifs du siècle dernier, leur logique, qui, inaccessible à l'observateur superficiel, s'avère au contraire précise et inexorable à un point de vue rigoureusement traditionnel, catholique et aristocratique. La période étudiée va de la Sainte Alliance à la révolution bolchevique ; donc, un siècle d'histoire, rempli de guerres, de révolutions, d'affrontements sans exemple entre forces économiques et sociales, de dévastations de tout genre, dont il est faux de penser, comme on le fait très souvent, qu'ils sont "spontanés" ou qu'ils peuvent s'expliquer par les seuls facteurs historiques apparents, alors que, pour Malynski et de Poncins, ils peuvent se ramener à un véritable "plan" et se comprendre comme des épisodes d'une lutte à mort contre l'ancienne Europe hiérarchique.



A qui doit-on l'initiative et l'organisation d'un tel plan? Pour les auteurs du livre en question, la réponse ne fait pas de doute: au judaïsme et à la franc-maçonnerie, dont l'action s'est exercée, d'abord, sur deux fronts apparemment opposés, mais, en réalité, complémentaires, à en juger par leurs buts ultimes: le front de l'Internationale révolutionnaire (libérale, social-démocrate, marxiste, communiste) et le front de l'Internationale financière ou capitaliste ; ensuite, par des moyens encore plus occultes, sur les chefs d'Etat et de gouvernement, qui ne se sont presque jamais rendus compte des véritables buts que leurs actions et leurs décisions devaient servir.



Le livre, qui porte le sous-titre de "Juifs et francs-maçons à la conquête du monde", offre, pour ainsi dire, une sorte de contrepartie documentée ou descriptive à ceux qui voudraient voir dans quelle mesure, et en vertu de quels évènements, l'histoire récente a une effrayante ressemblance avec les fameux "Protocoles des Sages de Sion", que ce document soit authentique ou non. A cet égard, nous pensons cependant qu'une réserve s'impose, réserve que nous avons du reste émise plusieurs fois (1) et qui rejoint ce qu'a écrit une personnalité connue, dont le sentiment est que le fait de diriger l'attention générale uniquement sur les Juifs et les francs-maçons, presque en guise d'idée fixe, et de les présenter comme les seuls responsables de toutes sortes de choses pourrait cacher un piège et n'être qu'une tactique pour détourner les regards d'une vue plus complète et dissimuler la vraie nature des influences destructrices en question. Entendons-nous bien: nous sommes fort loin de nier des faits précis et très connus des lecteurs de cette revue et même de contester le rôle qu'ont joué les Juifs dans la subversion moderne et dans toutes les révolutions, jusqu'à leur mainmise sur l'appareil dirigeant de l'Etat soviétique et les centres vitaux de la Société des Nations. Mais, pour nous, la question n'est pas là ; la question est de savoir dans quelle mesure les Juifs, leur instinct, leur ressentiment contre le christianisme, leur organisation internationale secrète, ont été eux-mêmes des instruments obéissant à des influences encore plus profondes et que nous appellerions volontiers "démoniques". Ce sentiment, qui se renforce si l'on ne s'arrête pas aux effets, mais qu'on remonte, même partiellement, à l'enchaînement des causes, comme le fait l'exposé socio-historique de Malynski et de Poncins, grandit encore si l'on va encore plus loin et qu'on se réfère à ces phénomènes culturels sans lesquels l'action anti-traditionnelle qui s'est exercée à partir du début du siècle dernier ne serait pas concevable, phénomènes qui entrent, même encore plus rigoureusement, dans le "plan", mais dont il est peu probable qu'ils puissent s'expliquer par des influences juives et maçonniques, puisque, il faut le reconnaître, les plus déterminants de ces phénomènes ont été la Réforme, la Renaissance et l'Humanisme (2).



Mais venons-en à l'exposé du livre, qui explique tout d'abord les deux résultats de la lutte souterraine et silencieuse qui a commencé avec la Révolution française et s'est transformée en une sorte de siège de l'Europe, dans lequel les assiégeants savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, alors que les assiégés ne se rendaient pas compte de ce qui se passait.



"Le premier résultat a été la conversion de la sixième partie du globe habité en un foyer révolutionnaire imprégné de franc-maçonnerie et de judaïsme, où l'infection, sous couvert d'idées libérales, nobles et généreuses, mûrit et prend conscience des forces qu'elle organise en toute sécurité en vue de la deuxième partie du programme. Le deuxième a été la transformation du reste de la planète en un milieu flasque, désarticulé et divisé intérieurement - comme la maison dont parle le Christ - par d'irascibles rivalités et haines de clocher. Il l'a rendue incapable de toute initiative d'ordre offensif et même défensif contre un ennemi dont les forces et l'audace se sont considérablement accrues (...)".



La Sainte Alliance fut la dernière grande tentative de défense européenne. "La supériorité de Metternich sur tous les hommes d'Etat de son siècle - sans parler du nôtre - consiste précisément en ce qu'il voyait l'unité, la synthèse du mal de l'avenir". Il essaya de grouper toutes les forces opposées à la révolution en un seul et même front de résistance transeuropéen, sans distinction de nationalité. C'était là une idée nouvelle et créatrice, qu'on peut résumer en ces quelques mots: "Désormais en Europe plus d'ennemis à droite", et ce qui en est le corollaire: "tout ce qui est à gauche, ou seulement hors de la droite intégrale, est l'ennemi". C'était le "Chacun pour tous, tous pour chacun" des rois, qui devaient se considérer comme pères à l'égard de leurs peuples et comme frères les uns à l'égard des autres ; c'était la Société des Nations de la Droite, la vraie Internationale Blanche, la contrepartie impériale et royale anticipée du rêve démocratique de Wilson - et, comme les auteurs le remarquent avec raison, sur ce terrain, la vision supranationale de Metternich n'a trouvé son pendant, inversé bien sûr, que dans celle de Lénine, et non dans celle de certains des conservateurs contemporains. En ce qui nous concerne, nous pensons qu'il est fort opportun de faire ces quelques remarques sur l'aspect interne de défense européenne de la Sainte Alliance, trop souvent rejetée pour des raisons historiques contingentes et par cette parole commode qui fait peur: "Réaction".



La Sainte Alliance échoua pour deux raisons. D'abord, à cause de l'absence d'un point de référence spirituel absolu. "Depuis la fin du XVe siècle, il n'y a plus eu d'unité spirituelle en Europe, mais un ensemble de diversités à base confessionnelle ou idéologique". La Sainte Alliance réaffirma à juste titre le principe autoritaire. "Pour que l'autorité repose sur quelque chose de solide, il faut qu'elle repose sur le Droit divin. Il n'y a que cela de solide et de permanent, comme Dieu lui-même". "Dire que l'autorité est nécessaire à l'ordre, ce n'est avoir raison qu'à demi. Il faut encore que l'autorité repose sur quelque chose d'immuable et d'universel, non sur ce qui est vérité aujourd'hui, erreur demain (la démocratie), vérité ici, erreur là-bas (les nationalismes) (3). Autrement, il y aura nécessairement conflit entre la vérité d'aujourd'hui et celle de demain, entre la vérité d'ici et celle de là-bas. Dans ce cas, quelque paradoxal que cela paraisse, plus fortes seront les autorités locales et temporelles, plus convaincues elles seront de leurs vérités respectives et plus grande sera l'anarchie universelle". Pour faire de la Sainte Alliance une chose vivante, ce qu'il fallait, c'était revenir, non pas à la mentalité du XVIIIe siècle, ni même à celle du XVIIe ou du XVIe, mais plutôt à l'esprit des Croisades: "Un seul front de la Chrétienté présidée par son chef, un seul bloc hérissé de lances, formé en carré et tourné contre l'infidèle, qui est un, bien qu'il soit partout et que, pareil à ces insectes tropicaux, il sache prendre la couleur spécifique des feuilles qu'il ronge et des milieux où il se trouve". La faiblesse de la Restauration fut de n'être qu'une contre-révolution (4) ; non pas la réintégration de l'idée vivante du Saint Empire Romain, mais quelque chose qui était à celui-ci ce que la Société des Nations, "une démagogie de démagogies, une incohérence d'incohérences", sera à la Sainte Alliance.



La seconde cause de l'échec de la réaction est que le front unique européen contre le retour des révolutions n'exista que sur le papier: En 1830, il n'est déjà plus question du droit, ou plutôt du devoir d'intervention. "Si la solidarité des rois, alors qu'ils étaient encore à peu près les maîtres de la situation, avait été semblable à la solidarité des Juifs qui devaient les renverser, (...) il est assez probable qu'il n'y aurait pas eu, après 1815, liquidé par 1815, l'année 1848, ni par suite de tout cela, car tout s'enchaîne, l'année 1866, puis l'année 1870 et finalement les années 1914 et 1917, suivies du marasme mortel dans lequel nous agonisons pour la plus grande gloire du triangle maçonnique et d'Israël elle-même" (5).



C'est là qu'apparaît clairement le caractère radical du point de vue du livre, confirmé par l'accusation nette et courageuse contre le nouveau principe de 1830: lorsque "par la grâce de Dieu" est remplacé par "par la volonté nationale", ce n'est plus la monarchie, "mais la république travestie en monarchie". "Une fois la thèse de la volonté du peuple origine du pouvoir admise, il n'y a plus d'abîme à franchir pour atteindre théoriquement jusqu'au bolchevisme ; rien qu'un développement logique et progressif de la doctrine. C'est entre "par la grâce de Dieu" et "par la volonté nationale" que se trouve l'abîme et c'est à partir de là que commence le plan incliné: toute l'histoire du XIXe siècle en est la démonstration. Cet abîme, la France a été la première sur le continent, si nous ne comptons pas la Suisse, à le franchir, pour la deuxième fois, en 1830". Cependant, les auteurs prennent soin d'ajouter que, pour eux, le gouvernement de droit divin n'est aucunement synonyme d'arbitraire absolutiste, puisqu'il est guidé et limité par les lois supranationales de la morale chrétienne, tandis que la soi-disant volonté nationale, c'est-à-dire démocratique, n'a de comptes à rendre à personne et n'est subordonnée à aucun vrai principe, sinon aux principes contingents de la matière. Il nous semble que c'est là aussi un point auquel il convient de réfléchir plus qu'on ne le fait généralement en raison de préjugés.



La révolution française de 1830 porta donc un coup fatal au front de la réaction, et c'est avec les mouvements de 1848 que devait commencer la grande ascension politique, sociale et économique du peuple juif et de la franc-maçonnerie. Le prétendu affranchissement des peuples et des hommes ne fit qu'ouvrir la voie à la domination occulte d'une finance qui tirait une puissance accrue des guerres et des révoltes. Un seul Etat, selon les auteurs, n'était pas encore contaminé à cette époque-là: la Russie ; la Russie irréductiblement antisémite, antilibérale, théocratique. C'est là que s'accomplit la première action tactique du complot international. La révolution mondiale démocratique se sert de Napoléon III, qui se fait le champion des "Immortels principes" et s'entend avec une Angleterre déjà minée par une franc-maçonnerie et des milieux radicaux-libéraux qui sont de connivence avec le mouvement quarante-huitard pour attaquer la Russie. Il n'y avait pas encore matière à conflit sérieux entre la France et la Russie, mais il y en avait beaucoup entre la révolution française et le tsarisme, et la guerre de Crimée fut la liquidation définitive du pacte européen de la Sainte Alliance et l'humiliation de la Russie. "Evènement et symptôme jusqu'alors inédit dans l'histoire, cette guerre a été une guerre pour la démocratie, (...) où deux monarchies apparaissaient pour la première fois sur la scène de l'histoire, en qualité de championnes mercenaires de la Révolution générale qui débordait les cadres apparemment nationaux de la Révolution française".



La Russie momentanément abattue, on concentra tous les efforts sur la nation qui était à l'antipode de l'idée révolutionnaire, l'ancien régime de nature féodale, l'idéal d'une unité catholique dans la diversité nationale et ethnique, et, donc, le reflet du Saint Empire Romain: l'Autriche. Il s'agit là d'un point très délicat, puisqu'il est indirectement lié à la question de l'unification de l'Italie et impose une distinction très nette entre les conditions indispensables de cette unification et les idéologies, souvent suspectes, d'origine, non pas italienne, mais principalement jacobine, ou même franc-maçonne, qui l'ont indirectement favorisée. Ce sont précisément ces idéologies, ainsi que, jusqu'à ces dernières années, le libéralisme, la démocratie et le parlementarisme, qui auraient livré l'Italie au socialisme, si la contre-révolution fasciste n'était pas survenue. Mais Malynski et de Poncins n'en parlent presque pas du tout, ils s'intéressent surtout aux influences dont Napoléon III a été le jouet pour la deuxième fois, et, enfin, au nouvel épisode de la lutte souterraine contre les vestiges de la tradition aristocratico-catholique européenne. Ce nouvel épisode est le conflit austro-allemand. Ce n'est plus la France qui sert d'instrument, mais la Prusse.



Les diverses considérations qui sont exposées dans cette partie du livre visent à montrer en quoi la transformation du capitalisme, indirectement favorisée par l'idée nationaliste et militariste, devait progressivement permettre à l'influence occulte juive de s'étendre en Prusse, puis en Allemagne. Bismarck est décrit comme "un grand Prussien, mais un petit Européen". "C'était (...) un monarchiste fervent. Mais son monarchisme était strictement prussien et devait devenir allemand quand la Prusse elle-même serait devenue l'Allemagne ; il ne devait jamais être européen et historique comme l'avait été celui de Metternich". Contrairement à lui, "Bismarck ne devait pas voir (...) deux fronts internationaux (...). "Il ne discernait que le profit immédiat de la Prusse, même si c'était aux dépens de tous, de l'Autriche et même du catholicisme (6). Ce dont il ne se rendait pas compte non plus, c'est qu'affaiblir chez les autres le système qu'on défend, c'est se condamner à le voir attaqué, un jour, chez soi aussi. C'est avec lui que s'affirme une méthode dangereuse, celle qui consiste à "ne pas remonter le courant imprimé à l'histoire par les forces subversives, mais à le suivre, en essayant de l'utiliser pour assouvir les ambitions immédiates de son pays et les siennes". D'autre part, la bureaucratie de l'Etat allemand devait peu à peu mettre en danger les traditions aristocratiques et impériales qu'il avait conservées et créer un mécanisme virtuellement ouvert à l'ascension des forces qui agissaient derrière le capitalisme.



Non seulement la Prusse fut l'artisan d'un nouvel affaiblissement de l'Autriche, mais, en attaquant Napoléon III, instrument qu'on a abandonné à son sort après s'en être servi, elle devait contribuer à la première révolution prolétarienne européenne, la Commune de Paris. Avec elle, le Quatrième Etat célèbre pour la première fois son avènement. Fait significatif, Marx et Lénine, tout en répudiant avec ostentation toute attache avec les révolutions bourgeoises, républicaines et démocratiques du type de 1789 et 1848, proclamaient leur filiation directe à l'égard de la Commune parisienne. "Elle a été le premier son de cloche de ce que devait être la révolution bolchevique". Là aussi, seuls les naïfs peuvent penser qu'elle fut un mouvement spontané ; il s'agit au contraire du premier fruit d'un sol miné au bon moment, qui marque le commencement d'une nouvelle phase: "La révolution mondiale (...), très stratégiquement, s'est divisée en deux armées ayant chacune son objectif différent. La mission de l'une - celle qui se réclame ostensiblement de la révolution française et de 1848 et prétend effrontément être la barrière de l'autre, avec ses immortels principes - est de se disperser parmi les nations chrétiennes pour exciter jusqu'à l'hystérie leurs antagonismes nationalistes. En même temps elle doit envenimer au nom de la démocratie, les vieilles animosités entre groupes et individus de la même nation. La mission de l'autre - celle qui communie dans le Manifeste communiste - est d'unifier et de concentrer en un seul bloc homogène et compact, autour du noyau juif, toutes les forces militantes de la subversion. Ces forces fourniront les bataillons d'assaut destinés à enfoncer le front adverse préalablement divisé, aussi bien horizontalement par les nationalismes, que verticalement, non seulement par le mythe marxiste de la lutte des classes, mais encore par la démocratie de toutes les couleurs". Après la Commune, la flamme révolutionnaire rentra sous terre, où elle couva pendant quarante ans, avec, ça et là, de brusques et violentes flambées locales. Elle se réveilla et se répandit dans le monde entier avec le drame de 1914, prélude de bouleversements irréversibles.



Nous ne pouvons pas non plus résumer ici les remarques des auteurs sur la préparation de la guerre mondiale par le capitalisme et l'industrie manoeuvrée par la finance internationale plus ou moins enjuivée. Nous nous bornerons à indiquer leur interprétation de la signification générale de la conflagration européenne, de ses buts secrets et de ses résultats.



Malynski et de Poncins affirment que "La guerre mondiale a été le duel de la révolution avec la contre-révolution". La révolution ne se souciait guère de rendre l'Alsace-Lorraine à la France, le Trentin à l'Italie ou de gratifier l'Angleterre d'un certain nombre de nègres de plus. Les changements de frontières politiques ne pouvaient l'avancer en rien. "Son grand souci, but de cinq années (7) de destructions sans exemple, était de faire disparaître les dernières bastilles qui constituaient une menace pour la sécurité du progrès démocratique, comme le déclarera plus tard le président Wilson" ; "la cause de la guerre fut le désir de changer la structure interne de la Société en général et de faire avancer d'un grand bond le progrès de la subversion mondiale". Cette idée, les auteurs essaient de la retrouver dans les détails du conflit. Par exemple, il y aurait une disproportion manifeste entre les causes et les effets de l'intervention américaine. Wilson, "créature du capitalisme juif", tolère jusqu'à la mi-avril 1917 l'approvisionnement des deux belligérants par l'industrie américaine, et ce n'est qu'à partir de cette date que toute la presse américaine se déchaîne contre l'Allemagne. Les dessous occultes de cette affaire, selon les auteurs, sont les suivants: jusqu'à cette date, il fallait aider la monarchie de droit divin allemande à écraser la russe. A partir d'avril 1917, le but ayant été atteint par la révolution soutenue secrètement par la démocratie anglaise et l'or juif américain, c'était surtout les grandes démocraties occidentales qu'il fallait aider à écraser les Empires centraux de droit divin. C'est la même logique qui aurait aussi empêché en 1917 la paix proposée par l'empereur d'Autriche, le roi catholique Alphonse III et le pape Benoît XV, une paix qui, d'après les auteurs, aurait été avantageuse pour tous, mais aurait préservé les Empires et aurait pu permettre à la Russie, qui n'était pas encore bolchevique, de se relever. A toutes les considérations dictées par le réalisme s'opposa un radicalisme irrationnel (8), qui voulut mener la guerre jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la réalisation de ses véritables buts: la révolution et la transformation de l'Allemagne en une république enjuivée ; "la démolition de l'Empire féodal des Habsbourg et son remplacement par une fourmilière de républiques radicales et économiquement non-viables, que le communisme essaya immédiatement de dominer (9) ; la putréfaction judaïque de l'empire médiéval asiatique des Tsars et sa transformation en une grande usine de microbes de la future révolution juive mondiale" ; la création du "plus grand nombre possible de nationalités souveraines" aux frontières tracées de manière à ce que "leurs intérêts et même, dans beaucoup de cas, leurs nécessités vitales, fussent totalement inconciliables" ; l'institution d'une assemblée platonique, sans pouvoir exécutif, qui ne correspondait à aucun intérêt véritable, jalouse gardienne d'un ordre et d'une paix qui ne sont que "de véritables comprimés de guerre future" ; l'accroissement prodigieux de l'endettement universel pour le plus grand profit de la juiverie internationale et de l'ubiquité capitaliste.



Tout cela s'est réalisé avec la conférence de Paris. Oeuvre de naïfs et d'irresponsables, d'esprits irréfléchis, impulsifs, incompétents, vue de l'extérieur ; oeuvre fort intelligente, étudiée jusque dans ses moindres détails, si nous la regardons sous l'angle du plan de destruction de la tradition européenne ; "oeuvre d'architectes qui savaient parfaitement ce qu'ils construisaient et qui travaillaient sous l'inspiration du Grand Architecte de l'Univers, le plus haut personnage des loges maçonniques". Paradoxaux jusqu'à ces dernières années, nous pouvons nous apercevoir aujourd'hui de tout ce que ces jugements contenaient de vrai, malgré leur extrémisme.



De Poncins est aussi l'auteur d'une récente monographie qui s'intitule "La Société des Nations, Super-Etat maçonnique". Les influences juives qui ont soutenu le bolchevisme, la mainmise du judaïsme sur les postes-clé de l'Etat soviétique actuel sont des choses tellement connues de tous les lecteurs de "Vita Italiana", qui a révélé à cet égard des faits et des statistiques irréfutables, qu'il n'est pas nécessaire de se référer à ce que le livre a fait ressortir à ce sujet. Plus intéressante est la remarque faite pas les auteurs que deux éléments très distincts sont à l'oeuvre dans le bolchevisme. Le premier, pleinement conscient des véritables finalités, serait l'élément juif ou l'agent du capitalisme juif ( du type de Trotski). Le but de ces forces est de transformer l'humanité en une sorte de société anonyme par actions égales, où le travail est un devoir universel et Israël, avec peut-être quelques hommes de paille, est le dirigeant et le bénéficiaire, le conseil dictatorial d'administration. Le lecteur peut constater que cette vue rejoint celle de Mussolini, qui, dans son récent discours de Milan, a décrit le bolchevisme comme l'exacerbation du capitalisme, et non comme son antithèse. Le second élément, ce sont les "purs", les ascètes de l'idée, du type de Lénine, qui n'était pas Juif (10). Ce sont les rêveurs, les naïfs, ceux qui ont vraiment cru et croient travailler pour le bien du prolétariat et le communisme, qui s'est transformé en un capitalisme d'Etat exacerbé. Pour ceux-ci, le communisme était une croyance et une fin, alors que, pour ceux-là, il était au contraire un moyen. "De tous les rénovateurs de l'humanité, en bien comme en mal, Lénine a été probablement le moins initié à la finalité de ce qu'il accomplissait". Son erreur, spécifiquement matérialiste et darwiniste, a été de diviser le genre humain en deux espèces en conflit: les riches exploiteurs et les pauvres exploités. Le seul motif de cette séparation et de cette lutte réside donc dans le ventre et il n'y a pas de place pour l'esprit, pas plus d'inspiration divine que satanique. Or, c'est justement sur ce terrain que se déroule la "guerre occulte": il s'agit d'un combat d'esprit contre esprit.



Les auteurs abordent un point qui nous semble fondamental quand ils parlent de la foi, à sa façon religieuse, des milieux subversifs dirigeants, qui n'est pas, "comme beaucoup de nos contemporains l'imaginent naïvement, l'accessoire de la politique ou de l'économique. C'était et c'est précisément l'essentiel de la subversion mondiale, et c'est la politique, l'économique ou l'intérêt national (11), selon les opportunités variables, qui en sont l'accessoire". Le fait est qu'il y a des hommes capables de s'immoler par amour désintéressé du mal, sans rien espérer, avec le sentiment d'un sinistre devoir impersonnel, d'une mission. "Il y a un courant de satanisme dans l'histoire, parallèle à celui du christianisme, et, d'une façon désintéressée comme lui, en lutte perpétuelle avec lui". Pour nous, cette considération n'est nullement une fantaisie théologique, mais quelque chose de très positif. Nous dirions même que c'est là le vrai point de référence, beaucoup plus élevé et profond que ceux de l'antisémitisme ordinaire et unilatéral ; et nous ne saurions décider lequel des deux éléments séparés à juste titre dans le bolchevisme est le plus directement lié à la vraie intelligence de la révolution mondiale et au plan de destruction anti-traditionnelle ; si c'est l'ascète communiste ou le Juif masqué. Quoi qu'il en soit, et, là-dessus aussi, nous sommes d'accord avec les auteurs, les bolcheviques passent et changent, mais le plan initial demeure, immuable, et son exécution, impeccable, progressive, est indépendante de leur existence éphémère.



Seule, jusqu'à présent, la Russie est arrivée à ce zéro absolu au-dessous duquel il n'y a plus rien. Aussi est-elle le seul pays dans l'histoire où la révolution reste stationnaire et ne s'étend plus en profondeur, mais seulement en largeur. Le peuple s'en croit le sujet, alors qu'il n'en est que l'objet. En réalité, quand le bolchevisme sera parfait, il "ne s'occupera pas davantage de ce que pense le peuple, que nous ne nous occupons de ce que pourraient bien avoir en tête nos moutons ou nos boeufs, puisque nous savons que quelques pièces d'artillerie suffiraient pour les exterminer sans le moindre danger pour nos personnes" (12).



C'est ainsi qu'une nouvelle époque de l'histoire du monde commence. "On a encore en vue toute la hiérarchie humaine, quand on commence à se détourné du Christ: Renaissance. On a en vue les Princes et les Rois quand on se détourne du Pape et de l'Empereur: Réforme. On a en vue la bourgeoisie quand on se retire de la noblesse, des rois et des princes qui constituent les cimes: Révolution française. On a en vue le peuple quand on dépasse le plan de la bourgeoisie: 1848-1917. On n'a plus en vue que la lie guidée par le Juif, quand on a dépassé les masses: 1917". C'est là que "commence l'ère des finalités apocalyptiques".



Ce sont là les derniers mots du livre. Des mots qui font quelque peu penser au "la suite au prochain numéro" qui, dans les romans-feuilletons, interrompt la narration au moment le plus captivant. Mais les auteurs pourraient nous répliquer que ceux qui seraient vraiment curieux de connaître la suite n'auraient justement qu'à "attendre le prochain numéro", si ce sont des solutions absolues qu'ils veulent. Quoi qu'il en soit, il est évident que le livre est en quelque sorte tronqué. Bien qu'il soit sorti en 1936, il s'achève comme il aurait pu s'achever en 1918 ou en 1919. L'étude de toute l'agitation contre-révolutionnaire postérieure et des divers mouvements reconstructeurs, souvent nettement opposés à la Société des Nations et au bolchevisme, qui ont naturellement le fascisme pour chef de file, n'est même pas esquissée. Serait-ce parce que les auteurs ont considéré que cette étude était très délicate ou parce qu'ils ne voient pas clairement dans quelle direction de nombreux mouvements en marche s'engageront définitivement, s'ils s'orienteront, non pas vers de simples systèmes d'organisation et de discipline sociale, économique ou nationale, mais vers un ordre vraiment aristocratique et traditionnel?



De toutes façons, nous pensons n'avoir pas eu tort de dire qu'il s'agit là d'un livre extrémiste, qu'il vaut la peine de lire, parce qu'il présente l'histoire sous un jour insolite et ouvre de vastes horizons à une méditation profitable, malgré un certain caractère unilatéral et une simplification excessive. Il ne faut pas non plus oublier qu'il est sorti en France, c'est-à-dire dans un milieu où quiconque veut défendre jusqu'au bout et sans atténuation l'héritage spirituel de l'ancienne Europe aristocratique et catholique ne saurait se montrer optimiste et conciliant. Mais si ce livre était parachevé par une étude de la contre-révolution contemporaine, les auteurs en viendraient à remplir un rôle encore plus utile et seraient en accord avec ceux qui ne se bornent pas à constater la décadence moderne, mais sont prêts à consacrer toutes leurs forces pour y remédier.



Julius EVOLA



1) Cf. notre opuscule "Tre Aspetti del problema ebraico" (Mediterranee, Roma, 1936) et notre essai "Sulle ragioni dell'antisemitismo" ("Les causes de l'antisémitisme"), dans Vita Nova, mai, juin, août 1933, et, dans ce journal (novembre 1932), notre essai sur "L'Internazionale ebraica" ("L'Internationale juive").



(2) Il convient cependant de souligner que Luther a longtemps été sous l'influence de milieux juifs et que, lorsqu'il s'en est finalement aperçu et qu'il a écrit "Les Juifs et leurs Mensonges", il était trop tard, le mal était déjà fait ; que Calvin, connu en France sous le nom de Cauvin (Cohen), était d'origine juive, comme devait du reste en tirer vanité le B'nai B'rith lors de sa convention à Paris en 1936 ; que le calvinisme influença beaucoup l'anglicanisme et, par delà, l'histoire et les institutions des Etats-Unis d'Amérique (l'américanisme est un "esprit juif distillé" - Werner Sombart) ; que, lorsqu'il s'agit pour Henri VIII de trouver des arguments bibliques pour demander au pape d'annuler son mariage, c'est au théologien kabbaliste Georgi et à des rabbins vénitiens qu'il s'adressa par l'intermédiaire de son agent, Richard Croke ; que l'humaniste Reuchlin (1455-1522), le principal précurseur de la Réforme, étudia l'hébreu et la cabale sous la direction du médecin juif de Frédéric III, Jehiel Loans, puis du rabbin Obadia Ben Jacob Sforno. D'une manière générale, la Réforme peut être considérée comme un des aboutissements de l'humanisme, lequel doit beaucoup aux doctrines gnostiques et cabalistiques. (N.D.T.)



(3) Dans l'original: "non sur ce qui vérité aujourd'hui, erreur demain (les nationalismes)".



(4) Conformément à ce qu'il annonce au début de cet article, Evola donne "les idées essentielles du livre le plus objectivement possible, tout en faisant les réserves nécessaires". Alors que, pour de Poncins, "la Restauration, et c'est là sa faiblesse, n'a pas été, à proprement parler, une contre-révolution (...)", Evola, prenant le contre-pied de l'auteur français, glose ainsi: "la faiblesse de la Restauration a été de n'être qu'une contre-révolution ("La debolezza della restaurazione fu di esser solo una contro-rivoluzione").



(5) Dans l'original: "et de l'étoile d'Israël".



(6) Dans l'original: "il ne discernait que le profit immédiat que pouvait retirer la Prusse monarchique, à devenir l'instrument de l'ubiquité capitaliste même si c'était aux dépens de l'idée monarchique en général".



(7) Dans l'original: "quatre années"



(8) Par "radicalisme", Evola entend ici la doctrine politique et philosophique issue des doctrines des Lumières et des idées de la Révolution de 1789, selon laquelle la politique est le prolongement de la morale et l'individu est capable, dans la vie publique comme dans la vie privée, de maîtriser son destin, s'il fait bon usage de sa liberté. (N.D.T.)



(9) Dans l'original: "ce qui devait fatalement les mettre à la merci du Juif".



(10) Son grand-père était juif. (N.D.T.).



(11) Dans l'original: "l'ethnique".



(12) Dans l'original: "pour exterminer, sans le moindre danger pour nos personnes, tous les fauves de la brousse réunis".



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La mystique de la race dans la Rome antique




Telesio Interlandi (1894-1965) naît dans une famille de notables de la province de Syracuse. Après avoir fait des études de droit à Turin, il s'oriente vers le journalisme. Pendant la guerre, il sert comme sous-lieutenant d'artillerie dans l'armée italienne. En 1918, il s'installe à Rome, puis à Florence, où il est chargé par le journal Nazione de couvrir les évènements qui mèneront à la Marche sur Rome. De retour dans la capitale, il écrit des nouvelles, dessine des couvertures pour le mensuel Noi e il Mondo, traduit Blok du russe et entre en contact avec l'intelligentsia romaine. En 1923, il entre à Impero, où il est responsable d'une rubrique à succès intitulé "coups de poing". La grande occasion de sa vie se présente en 1924 : Mussolini lui demande personnellement de diriger un nouveau quotidien, Il Tevere, qui, en pleine "affaire Matteotti", vise à contrebalancer, par un mussolinisme modéré, le fascisme intransigeant de Impero. C'est comme éditorialiste de Il Tevere qu'il devient l'un des journalistes les plus connus et les plus estimés du régime. Une anthologie de ses meilleurs éditoriaux anti-britanniques est publiée en 1935 sous le titre de "I nostri amici inglesi", et, en 1938, il contribue à "Italia e Germania", un recueil de textes écrits par divers auteurs italiens en l'honneur de la visite imminente de Adolf Hitler à Rome.

La même année, il prend la tête d'un nouveau journal, La Difesa della Razza, dont le rédacteur en chef n'est autre que Giorgio Almirante, futur président du MSI, et dont le comité de rédaction comprend un certain nombre de signataires du fameux "Manifeste de la race", qu'Evola critique dès sa publication, justement, dans le premier numéro de La Difesa della Razza, le 5 août 1938, quelques semaines avant la promulgation des lois raciales par le régime fasciste. La Difesa della Razza, probablement financé par l'Allemagne, est censé devenir l'organe principal du racisme et de l'antisémitisme italiens. De fait, durant la guerre, le thème de la race occupe une place centrale dans les colonnes du journal de Interlandi, dans le droit fil des projets idéologiques et politiques allemands. De janvier 1939 à mai 1942, Evola y publie une trentaine d'articles, tous sur ce thème. Un tiers d'entre eux porte sur la tradition romaine.

La mystique de la race dans la Rome antique

La littérature raciste n'a pas manqué de faire ressortir tout ce qui, dans l'ancienne romanité, témoigne de l'importance accordée alors au sang, à la race, à l'origine et à la descendance, et a aussi fait des recherches pour y retrouver l'élément et le type aryens ou nordico-aryens et en suivre le destin. Du fait des intérêts prédominants dans le racisme moderne et de la nature même de ses horizons, ces recherches se sont cependant presque toujours attachées à des éléments au fond extérieurs et secondaires : elles se sont donc portées sur le droit et les moeurs antiques, sur certaines traditions nobiliaires, sur les traces, directes ou indirectes, d'un certain type physique, et ne se sont aventurées que beaucoup plus rarement dans le domaine des cultes et des mythes les plus connus et les plus répandus. Il est curieux que, pour autant que nous le sachions, on ait au contraire négligé presque systématiquement de nombreuses sources qui ont une importance spéciale pour les aspects supérieurs de la doctrine de la race. Ceci est dû au préjugé répandu - que nous avons déjà dénoncé à maintes reprises ici - selon lequel l'ensemble de ce qui avait un caractère extra-rationnel et proprement traditionnel dans l'antiquité romaine se résume à des fantaisies, des inventions, des superstitions, et, en définitive, à des choses peu sérieuses et négligeables. Une grande partie de l'ancien monde romain attend donc encore d'être exploré, et cette exploration, si l'on possède les bons principes et la qualification adéquate pour la mener, donnera sûrement des résultats précieux, particulièrement par rapport à une conscience spirituelle et religieuse des forces de la race.

Les lares, les pénates, les mânes, les génies familiaux, les "héros" tutélaires et ainsi de suite sont des notions bien connues de tous ceux qui ont fait des études, même élémentaires, d'histoire romaine ancienne. Mais connues à quel titre ? Un peu comme le sont les choses mortes et muettes qu'on conserve dans les musées, comme les vestiges écrits d'un monde dont on sent qu'il nous est étranger et qu'il est "mort", et qui nous laissent indifférents, à moins que, pour des raisons techniques et académiques, on ait été obligés de faire des études spéciales sur les sources et les traditions, à un point de vue purement culturel, pour les besoins d'une belle petite monographie. A quelques très rares exceptions près, on ne sent aucunement la nécessité d'assimiler ces traces et d'en tirer des éléments susceptibles de nous faire comprendre les significations et les vérités fondamentales de l'ancienne humanité romaine. Et pourtant c'est justement ici qu'on trouverait la profession de foi raciste la plus précise et la plus significative de la Rome antique, profession de foi qui n'avait rien de "philosophique" et qui n'était pas restreinte à des cercles cultivés, mais qui était vivante et active dans les traditions les plus originelles, les plus répandues, les plus respectées.

Les notions de "lares", "pénates", génies, héros, etc., sont largement interdépendantes. Chacune sous un aspect différent, elles se rapportent toutes à l'ancienne conscience des forces mystiques du sang et de la race, à la lignée, envisagée non seulement dans son aspect corporel et biologique, mais aussi dans son aspect "métaphysique" et invisible, mais pas pour autant "transcendant", dans le sens étroit et dualiste qu'a pris ce terme. L'être considéré isolément, déraciné, n'existe pas - quand il s'imagine se suffire à lui-même, il se trompe pitoyablement, car il ne peut dire d'aucun des processus organiques qui conditionnent sa vie et sa conscience finie qu'ils sont "à lui". L'individu appartient à un groupe, à une lignée, ou famille. Il fait partie d'une unité organique, dont le véhicule le plus immédiat est le sang, et qui se développe dans l'espace comme dans le temps. Cette unité n'est pas "naturaliste", n'est pas déterminée et créée uniquement par des processus naturels, biologiques et physiologiques. Ces processus en constituent plutôt l'aspect extérieur, la condition nécessaire mais non suffisante. Il y a une "vie" de la vie, force mystique du sang et de la race. Elle est au-delà des forces de la vie des individus, qui, à la mort, s'y dissolvent ou qui, par de nouvelles naissances, en sortent ; elle est donc vitae mortisque locus - lieu qui englobe la vie et la mort et qui, de ce fait, est au-delà des deux.

Maintenir un contact vivant, continuel et profond avec cette force profonde de la race est la forme la plus directe et indispensable de pietas, de religiosité, base et condition de toutes les autres ; les règles principales du droit de la famille en sont des conséquences ou des applications, même en ce qui concerne la terre, qui entretient elle-même, comme le montre la notion de genius loci, des relations mystérieuses et "mystiques" avec le sang et la force originelle de la race, ou gens, à laquelle elle appartient et qui y vit. Quand on considère les origines, on a le sentiment d'un "mystère" - c'est le mythe d'êtres venus d'"en haut" ou d'hommes qui ont réussi à se "déshumaniser", à séparer leur vie de leur personne et à en faire la force supra-individuelle d'une race, d'un sang, d'une descendance qui y verra son origine. Dans l'idéal, il y a une relation et une adéquation parfaites entre l'individu et cette force, ce qui signifie pour lui l'apothéose, c'est-à-dire la conquête du privilège de l'immortalité, et lui donne le droit de se considérer directement comme le "fils" - au sens supérieur - de l'ancêtre de la race, voire même comme une sorte de nouvelle manifestation de cet ancêtre lui-même.

C'est là l'essence de la croyance mystico-raciste de l'ancienne humanité aryo-méditerranéenne et, en particulier, romaine. L'importance qu'elle accorda à la race, non seulement comme corps, mais aussi comme esprit, est un fait irréfutable et constitue la base de la croyance aux entités déjà mentionnés et du culte rigoureux qu'on leur voua. Il nous reste à ajouter quelques témoignages, qui serviront à éclairer d'autres aspects de l'idée centrale que nous venons d'exposer succinctement.

Selon un témoignage bien connu de Macrobe (Sat., III, 4), les lares étaient "les dieux qui nous [les Romains] font vivre ; ils alimentent notre corps et gouvernent notre âme" (*). Cela ne doit naturellement pas s'entendre au sens naïvement littéral, mais par rapport au mystère des forces profondes de notre organisme. Comme nous l'avons indiqué, aucun des processus les plus importants qui sont à la base de notre vie organique et psycho-physique ne dépend directement de notre volonté et n'est illuminé par notre conscience. L'homme antique ne s'intéressait pas à l'aspect extérieur, physique de ces processus, étudié par les sciences positives modernes, mais se préoccupait des forces qu'ils présupposent et qui - au sens supérieur et symbolique - "alimentent" et "gouvernent" notre vie. Le témoignage de Macrobe est le plus explicite de tous ceux qui indiquent que l'ancien culte des lares, des mânes ou des pénates se référait, avant tout, à ces forces.

Celles-ci se rattachaient d'ailleurs à une origine unique étroitement liée à l'idée de race. "Les plus anciens documents sur le culte des lares nous donnent de préférence leur divinité au singulier et l'incarnent dans le lar familiaris, père unique, mais idéal d'une race : ce mot en effet signifie, non pas qu'il a procréé matériellement cette race à l'origine en qualité d'ancêtre, mais qu'il est la raison divine de son existence et de sa durée" (cf. Saglio, "Dict. des Antiquités grècques et romaines", III, p. 938). Le lar familiaris était aussi appelé familiae pater, père ou origine de la famille ou de la gens ; sous cet aspect, il s'identifiait au genius generis, au "génie" d'un sang donné. Le genius, plus spécifiquement, c'était la force cachée et "divine" qui engendre, genius nominatur qui me genuit, l'ancêtre d'une race, generis nostri parens ; le mot de "genius" lui-même se rattache aux verbes geno, gigno, c'est-à-dire à l'idée d'engendrer, dont dérive le mot de gens, peuple ; ici, il s'agit aussi du pouvoir réel qui est à l'origine de la génération physique, de l'union des sexes (a gignendo genius appellatur, Censorinus, De die nat., 3), de sorte que le lit nuptial s'appelait aussi lectus genialis (lit du génie) et que toute offense au caractère sacré du mariage patricien et au sang était considérée comme un crime essentiellement contre le genius de la lignée.

Les auteurs anciens rattachent le mot de genius non seulement à geno, genere (engendrer), mais aussi au verbe gero, ce qui, même si c'est inexact étymologiquement, n'en est pas moins significatif de l'idée qu'on se faisait de l'entité en question. Ce rapprochement met en effet en lumière l'idée que la force constituant l'origine mystique d'un sang donné et la matrice de la génération demeure comme une "présence" dans le groupe correspondant et, en principe, gouverne, dirige et soutient la vie des individus (cf. Hartung, "Die Religion der Römer", I, 32). Notre langue a encore le mot de "génial", mais pour désigner quelque chose de complètement différent, et même de diamétralement opposé à ce qu'il signifiait à l'époque. L'individu "génial", dans l'acception commune, est plus ou moins celui qui "invente", qui a des "idées", dans un esprit anarchique et individualiste. Dans l'ancienne conception, la "génialité"ne pouvait au contraire être conçue que comme une inspiration spéciale ou une illumination dont jouissait l'individu non pas en tant que tel, mais, essentiellement, par rapport à sa race et à son sang, à l'élément divin de sa gens et de la tradition de la gens.

La "présence" du génie, du lare ou des pénates dans le groupe que cette entité tenait sous sa protection était matérialisée et symbolisée par le feu, par la flamme sacrée, qui devait brûler constamment au centre des foyers patriciens, dans le temple sur l'atrium, lieu où le pater familias célébrait et où se réunissaient les différents membres du groupe familial ou nobiliaire, par exemple pour les repas, qui avaient eux-mêmes une signification rituelle dans l'ancienne vie romaine et aryenne. Par exemple, une partie des aliments était réservée au dieu du feu domestique, en souvenir de la communauté de vie qui le liait aux individus - communauté de vie et aussi communauté de destin. Sous certains aspects, en effet, non seulement le genius était le principe qui détermine les caractéristiques fondamentales de chacun des individus qui naissent sous son signe, mais en plus il était conçu comme le principe directeur de ses actes les plus importants et les plus décisifs, comme ce qui l'assiste et le guide, pour ainsi dire, dans les coulisses de sa conscience finie et devient la cause première du destin, heureux ou malheureux, qui lui est réservé. Par la suite, cette entité de l'ancien culte racial romain donna lieu à des représentations populaires, qui, cependant, ne conservent pas grand chose de sa signification originelle : il nous faut mentionner, par exemple, l'indéniable relation entre le genius et la conception populaire chrétienne des "anges gardiens" ou du bon ange et du mauvais ange, images qui sont devenues purement mythologiques et n'ont plus aucun rapport essentiel et concret avec le sang et les forces mystiques de la race.

Du fait qu'il existait un lien intime entre l'individu et le lare, le génie et, en général, la divinité symbolisée par le feu sacré d'une souche donnée ; du fait que cette divinité passait pour avoir un caractère vivant, concret et agissant, les particularités du culte antique s'expliquent. Cette entité du feu apparaissait comme l'intermédiaire naturel entre le monde humain et l'ordre surnaturel. En partant de l'idée de l'unité, réalisée dans le sang et dans la race, de l'individu avec une force qui, comme le génie ou le lare, était plus que physique, l'homme antique était convaincu qu'il lui était réellement possible d'influer, par ce moyen, sur son destin et de mettre ses forces et ses actions sous la protection d'une influence transcendance que, par le mystère du sang et de la race auxquels il appartenait, des rites spéciaux devaient favoriser et ennoblir. L'anti-universalisme est un trait distinctif du culte des plus anciennes sociétés aryennes. L'homme antique ne s'adressait pas à un dieu dans l'abstrait, dieu de tous les hommes et de toutes les races, mais au dieu de sa race, ou plutôt de son peuple et de sa famille. Inversement, seuls les membres du groupe qui était sous sa protection pouvaient légitimement invoquer la divinité du feu domestique et croire à l'efficacité de leurs rites. Il est facile, ici, de porter des jugements négatifs et d'employer des formules stéréotypées comme celle de "polythéisme" ; il est difficile d'expliquer ce dont il s'agissait là dans le monde antique, car le sens de l'ancienne religion a été perdu, de siècle de contingence en siècle de contingence, presque entièrement perdu. Nous nous en tiendrons à deux points.

Ce qui justifiait l'ancien culte nobiliaire et racial aryen et romain, c'était essentiellement une conception hiérarchique. Dans une armée, on ne s'adresse pas directement au chef suprême, mais plutôt au supérieur hiérarchique dont on dépend immédiatement, car celui-ci, au besoin par ses aides, peut résoudre le problème sans qu'il soit nécessaire de remonter plus haut. De même, ce n'est pas parce qu'on admet un dieu universel qu'il faut exclure tout intermédiaire et condamner toute référence aux forces mystiques particulières qui sont celles d'un peuple ou d'une race et qui y sont liées par une communauté de vie et de destin. Celse opposera justement l'argument de la hiérarchie à l'accusation de polythéisme lancée par les chrétiens, et fera remarquer, en se servant d'une comparaison, que celui qui se soumet à une autorité déléguée au gouvernement d'une province donnée se soumet implicitement à celle du gouvernement central, tandis que celui qui prétend s'adresser uniquement et directement à celui-ci, en dehors du fait qu'il fait preuve d'impertinence, peut, dans la pratique, semer la confusion. On sait que la romanité, en dehors des cultes propres à la noblesse, reconnut des cultes plus généraux, parallèles à l'universalité à laquelle s'élevait graduellement la cité éternelle, et c'est là ce qui ressort aussi d'un des aspects sous lesquels se présentaient des entités comme les lares, ou "génies", puisqu'il exista une conception nationale des lares, par exemple dans le culte rendu aux lares militares, dans la notion de lares publici, dans la référence à la force mystique de la lignée impériale, aux "demi-dieux qui ont fondé la cité et établi l'empire universel", ou dans l'idée de "génie ou démon universel".

En second lieu, l'homme antique, traditionnel, ne réduisait pas le culte à une simple convention sentimentale et, pour lui, le rite n'était pas une cérémonie vide. Pour que s'établisse un rapport réel et efficace entre le monde humain et le monde divin, il pensait qu'il existait des conditions précises. L'une d'elles était justement la race et le sang. Même sans entrer dans le domaine complexe des présupposés métaphysiques du culte, il est clair que la force à laquelle l'individu pensait devoir la vie et dont il supposait qu'elle était "présente" dans son corps, mais à laquelle il attribuait des caractères supra-individuels et supranaturels, était conçue comme l'intermédiaire le plus direct et le plus positif pour atteindre ce qui est supérieur à la vie. La race, comme race de l'esprit, était donc une valeur religieuse, contenait un sacrement, recélait quelque chose de "magique", et cela en vertu de considérations, il faut bien le reconnaître, positives et réalistes à bien des égards.

La prestation de serment au genius dans l'antiquité romaine se faisait en se touchant le milieu du front, et le culte du genius lui-même n'était pas sans relation avec celui de la Fides, personnification de la vertu, essentiellement aryenne et virile, de la fidélité et de la loyauté (cf. Servius, Ecl., VI, 3 ; Aen., III, 607). Le détail relatif au geste du serment est, pour toute personne compétente, fort intéressant, parce qu'il rattache le genius et les entités apparentées au mens, au principe intellectuel et viril de la vie, hiérarchiquement supérieur à l'âme et aux forces purement corporelles : ce n'est certes pas par hasard que la région attribuée par la tradition romaine au mens - le centre du front - est celle que la tradition indo-aryenne rapporte expressément à la force de la "virilité transcendante" et au "centre de la commande" - âjna-cakra. Ainsi est écartée l'hypothèse que, dans le culte familial romain, il se serait agi, sinon de personnifications superstitieuses, du moins d'une sorte de "totémisme", le totem étant l'entité ténébreuse du sang d'une tribu de sauvages, apparentée aux forces du règne animal. Au contraire, le monde romain antique attribuait aux dieux de la race et du groupe familial des traits effectivement surnaturels, car, dans l'antiquité méditerranéenne, l'esprit, mens ou nous, était conçu justement comme le principe surnaturel et "solaire" de l'homme.

Sans doute, il ne faut pas généraliser et penser qu'il en allait toujours ainsi. Les traditions qui étaient comprises dans le monde romain antique sont plus variées et complexes que ce qu'on a supposé jusqu'ici. Les influences ethniques et spirituelles les plus diverses se rencontrèrent dans la Rome primitive. Certaines se rapportent effectivement à des formes inférieures de culte - inférieures, soit parce qu'elles appartenaient à un substrat ethnique non aryen, soit parce qu'elles représentaient des formes involutives et matérialisées de cultes beaucoup plus anciens, d'origine aryenne et plus particulièrement atlantico-occidentale. Cela vaut aussi à l'égard du culte relatif aux formes mystiques du sang, de la race et de la famille, qui, dans certains cas et dans certaines phases, a des traits, pour ainsi dire, "crépusculaires", eu égard, surtout, à leur aspect "chthonien" et "infernal", qui y prédomine sur l'aspect lié, au contraire, aux symboles solaires célestes et supraterrestres. Toutefois, il est incontestable que, dans la plupart des cas, la plus haute tradition fut présente à Rome et que, dans son développement, Rome réussit à "rectifier" et à purifier dans une mesure qui est loin d'être négligeable les traditions diverses dont elle était composée. Ainsi, aux mythes qui, en rattachant le culte des lares à Acca Larentia, au roi plébéien Servius Tullius et à l'élément sabin, renvoient à un aspect inférieur, s'opposent les éléments "héroïques" du culte des lares et des pénates, et ces éléments deviennent de plus en plus importants à mesure qu'on se rapproche de l'époque de l'Empire. Le nom même de "lare" viendrait de l'étrusque "lar", qui veut dire chef ou prince, et aurait été donné à des chefs et des guerriers comme Porsenna et Tolumnius. Une tradition extrêmement répandue chez les anciens, et que rapporte Varron (ling. lat., IX, 38, 61), assimile les lares aux "héros", dans le sens grec de demi-dieux, d'hommes qui sont allés au-delà de la nature et ont acquis l'indestructibilité des Olympiens, ce qui confirme, même s'il a eu tort de la généraliser, l'idée de Mommsen selon laquelle chaque gens avait son propre "héros", origine de la lignée, qu'on vénérait justement dans le lar familiaris.

Tout cela fait ressortir l'aspect surnaturel et "royal" de l'ancien culte des forces mystiques du sang. Et ce n'est pas tout. D'un côté, les épitaphes funéraires nous montrent que le Romain croyait que le principe de l'immortalité de sa descendance résidait dans les lares eux-mêmes : nombre de ces épitaphes, dans lesquelles ne se reflète pas la possibilité négative, "tellurique", du post-mortem, celle d'une sorte de survie inerte et ténébreuse dans un monde infernal, mais où s'affirme l'idée plus élevée que le mort est le principe d'une existence supérieure, établissent justement un rapport entre le mort à qui elles sont dédiées et le "lare" ou le "héros" de sa famille. De l'autre, comme nous l'avons déjà dit, la romanité réussit à universaliser la notion du lare en l'appliquant à la force centrale dominatrice de la romanité. C'est pourquoi nous trouvons des inscriptions dédiées au lar victor, au lar martis, et enfin aux lares Augusti. On est déjà là dans un domaine où il ne s'agit plus de la race comme gens et noyau familial, mais comme lignée et communauté politique. Derrière cet aspect de la race aussi, on pressentit une force divine, une entité mystique, liée à des destins de guerre, de victoire et de paix triomphale - lar victor, lar martis et pacis -, et enfin au "génie", au principe générateur des dominateurs, des Césars, au lar Augusti.

Ceci nous amènerait à aborder une autre question, qui est la conception aryenne de la "fortune" et du "destin" des chefs, des cités et des nations. Nous nous proposons d'en parler dans le prochain article. Pour l'instant, nous pensons avoir mis suffisamment en lumière la signification des représentations mystiques et des cultes des anciennes lignées romaines, où il est clair que la conscience du sang et de la race fut vivante et où la religion ne fut pas un facteur d'évasion et d'universalisme, mais constitua le ciment le plus solide de l'unité familiale et raciale. Le mystère du sang fut une idée centrale de l'ancienne spiritualité romaine ; ceux qui le négligent se condamnent à une compréhension superficielle et "profane" des aspects les plus tangibles, connus et célébrés du droit, des moeurs et de l'éthique de la société antique.

J. EVOLA

(*) De l'original : "(...) Penates esse dixerunt per quos penitus spiramus, per quos rationem animi possidemus (...), la traduction française : "(...) les Pénates sont les dieux par lesquels nous respirons, par lesquels nous avons un corps et une âme raisonnable" est donc plus proche que l'italienne.

Le Juif Disraeli et la construction de l'empire des marchands - Julius Evola

En 1066, les Juifs arrivent en Angleterre dans le sillage de Guillaume de Normandie, dit "le conquérant".
Au début du XIII e siècle, une vague d'antisémitisme déferle sur l'Angleterre.
Accusés, entre autres choses, de meurtres rituels, les Juifs sont forcés de porter l'étoile jaune.
En 1290, Edouard 1er les expulse manu militari.
En 1655, Cromwell, sur intervention du rabbin Menasseh ben Israel d'Amsterdam, autorise les Juifs à revenir en Angleterre. Cette réadmission ne faisait jamais que sceller l'alliance qui s'était nouée entre la monarchie britannique et divers groupes juifs sous le règne de Henri VIII, après que celui-ci eut envoyé à Venise son agent secret, Richard Crooke, pour consulter un cabaliste et des rabbins au sujet de sa demande de divorce et de remariage auprès du pape.
Dans la seconde moitié du XVI e siècle, John Dee, astrologue, alchimiste et agent secret de la reine Elisabeth I, initie les classes supérieures anglaises aux secrets de la cabale et invente la doctrine de la "British-Israel identity" comme justification de l'empire britannique; Francis Bacon lui emboîte le pas, sous l'influence de l'ordre rosicrucien.

Fondée en 1694, la "Bank of England" jette les bases de la domination financière du monde par la juiverie enkystée dans la City.
Point d'orgue de l'alliance entre la ploutocratie britannique et le judaïsme, Benjamin Disraeli devient en 1837 le premier Juif élu au parlement anglais, puis, quelques années plus tard, le premier "prime minister" juif de l'histoire de l'Angleterre. Romancier à ses heures, comme politicien il devait mettre en pratique un des points du programme judéo-maçonique de domination mondiale qu'il exposait avec impudence dans ses romans : la construction d'un "empire de marchands".

L'"empire britannique", en effet, n'a jamais été qu'un "empire de marchands"; cet "empire de marchands" n'est plus; les marchands, quant à eux, sont toujours là; créé par la juiverie pour servir certaines de ses fins, cet "empire de marchands" a été détruit par la juiverie lorsque ces fins ont été atteintes. Tout laisse à penser que nous sommes entrés depuis la fin du XIX e siècle dans une nouvelle phase du processus que décrivent les "Protocoles des Sages de Sion". Or, il est désormais établi que, depuis cette époque, la juiverie anglo-saxonne se sert de Londres, devenue entre-temps la terre promise des islamistes de tout poil, pour instrumentaliser, par le biais de la fameuse secte franc-maçonne des Frères Musulmans, ce qu'il est convenu d'appeler le "fondamentalisme islamique". Il est donc intéressant de revenir avec Julius Evola sur un personnage historique dont il n'est pas impossible qu'il ait été à l'origine de cette instrumentalisation, dans la mesure où c'est précisément sous son "règne" que l'Angleterre a fait main basse sur l'Egypte, repère des Frères Musulmans. Sous ce rapport, Evola nous invite à nous défier de l'opposition apparente, entretenue artificiellement par un certain type de "medias" à l'intention des naïfs, entre sionisme et anti-sionisme.

"L'Ebreo Disraeli e la costruzione dell'impero dei mercanti" a été publié en septembre 1940 dans Vita Italiana. Comme les deux autres articles d'Evola sur le judaïsme qui se trouvent sur ce site, il figure dans l'anthologie "Il "Genio d'Israele" - L'Azione distruttrice dell'Ebraismo" (Il Cinabro, 1992).

Le Juif Disraeli et la construction de l'empire des marchands

Dans un court article publié dans ce journal pendant la période des sanctions (novembre 1935), nous avons cherché à expliquer la nature de l'"empire anglais" au point de vue d'une typologie des formes de civilisation.

A cette occasion, nous avons montré qu'il n'est que la caricature et la contrefaçon d'un véritable empire. Tout empire digne de ce nom est lié à une organisation supranationale fondée sur des valeurs héroïques, aristocratiques et spirituelles. Or, on ne trouve rien de semblable dans l'"empire" anglais. Tout rapport hiérarchique normal y a subi au contraire une véritable inversion. Il existe en Angleterre une monarchie, une noblesse presque féodale, une caste militaire qui, au moins jusqu'à ces dernières années, possédait de remarquables qualités de caractère et de sang-froid. Mais tout cela n'est qu'apparence. Le véritable centre de l'"empire" anglais est ailleurs; il est, si on peut dire, dans la caste des marchands au sens le plus général, dont les formes modernes sont l'oligarchie ploutocratique, la finance, le monopole industriel et commercial. Le "marchand" est le véritable maître de l'Angleterre; l'esprit sans scrupules et cynique du marchand, l'intérêt économique, la volonté de posséder et d'exploiter autant que possible les richesses du monde, ce sont là les bases de la politique "impériale" anglaise, les véritables forces motrices de la vie anglaise, sous des apparences monarchiques et conservatrices.

Or, on sait que, partout où l'intérêt économique prédomine, le Juif se montre et parvient à accéder rapidement aux postes de commande. La pénétration du judaïsme en Angleterre ne date pas d'hier. C'est la révolution anglaise et le protestantisme qui lui ont ouvert les portes de la Grande-Bretagne. Les Juifs, qui avaient été expulsés par Edouard I en 1290, ont été réadmis en Angleterre par suite d'une pétition soutenue par Cromwell et finalement approuvée par Charles II en 1649. C'est à partir de cette époque que les Juifs, surtout les Juifs espagnols (les sépharades), ont commencé à émigrer en masse en Angleterre, où ils ont apporté les richesses qu'ils avaient accumulées ailleurs de façon plus ou moins douteuse, et ce sont ces richesses qui, comme nous venons de l'indiquer, leur ont permis d'accéder aux centres de commande de la vie anglaise, en commençant par l'aristocratie et les milieux très proches de la Couronne. Moins d'un siècle après leur réadmission, les Juifs se sentaient donc tellement sûr d'eux qu'ils ont demandé leur naturalisation, c'est-à-dire la citoyenneté anglaise. C'est là que se produit un évènement très intéressant : la loi, ou bill, de naturalisation des Juifs est approuvée en 1740. La plupart de ses partisans étaient des membres des classes supérieures et des hauts dignitaires de l'Eglise protestante, ce qui montre à quel point ces éléments étaient déjà enjuivés ou corrompus par l'or juif. La réaction n'est pas venue des classes supérieures anglaises, mais du peuple. La loi de 1740 a provoqué de telles émeutes et de tels désordres dans la population qu'elle a dû être abrogée en 1753.

Les Juifs recoururent alors à une autre tactique : ils abandonnèrent la synagogue et se convertirent, nominalement, au christianisme. Ainsi, l'obstacle fut facilement contourné et l'oeuvre de pénétration se poursuivit à un rythme accéléré. Ce qui importait aux Juifs, c'était de conserver les postes de commande et d'éliminer les arguments religieux sur lesquels s'appuyait principalement l'opposition à cette époque-là : tout le reste était secondaire, car le Juif converti restait, par son instinct, sa mentalité et sa manière d'agir, tout aussi Juif, comme le montre un exemple frappant parmi tant d'autres : le très influent banquier juif Sampson Gideon, bien qu'il se fut converti, continua à soutenir la communauté juive et se fit enterrer au cimetière juif. Avec son argent, il acheta à son fils une immense propriété et le titre de baronet.

Ce fut là la tactique préférée des riches Juifs en Angleterre à partir du dix-huitième siècle : ils supplantèrent la noblesse féodale anglaise en acquérant leurs biens et leurs titres, et c'est ainsi que, en se mêlant à l'aristocratie, en raison du système représentatif britannique, ils se rapprochèrent de plus en plus du gouvernement, ce qui eut pour conséquence naturelle et inévitable un enjuivement progressif de la mentalité politique anglaise.

Par ailleurs, de 1745 à 1749, Sampson Gideon avait financé le gouvernement anglais avec des capitaux qu'il avait doublés de façon douteuse en spéculant sur la guerre de Sept Ans, plus ou moins comme le fit Rothschild en rachetant pour une bouchée de pain des actions dont il avait fait baisser la valeur, alors que, à l'exception de ses agents, personne ne connaissait l'issue de la bataille de Waterloo. En même temps, pour accroître leur influence, les Juifs s'allièrent systématiquement à la noblesse; le fait que, en 1772, on ait ressenti la nécessité d'empêcher le mariage des membres de la maison royale anglaise avec des Juifs par la Royal Marriages Bill peut nous donner une idée de l'ampleur de la pénétration juive.

C'est par ces deux moyens que s'établit une convergence d'intérêts de plus en plus apparente entre l'impérialisme anglais et le capitalisme anglais, qui était lui-même lié par des liens indissolubles et de plus en plus complexes au capitalisme juif. Mais, en dehors de l'impérialisme au sens large, ce qu'on sait moins, c'est que l'"empire britannique" fut une création inédite du judaïsme, qu'un Juif offrit à la couronne royale anglaise.

Ce Juif était Benjamin Disraeli, premier ministre de la reine Victoria, anobli avec le titre de Lord Beaconsfield. Cet évènement est particulièrement intéressant. Auparavant, il ne serait venu à l'esprit de personne d'associer la dignité impériale à une idée de richesse comme celle qui est attribuée aux possessions coloniales. Même après le moyen âge gibelin, tout esprit traditionnel y aurait vu une véritable extravagance et une caricature, puisque l'idée impériale a toujours eu quelque chose de sacré et qu'elle a toujours été liée à une fonction supérieure de domination et de civilisation et à un droit, d'une certaine manière, transcendant. Il n'y a qu'un Juif qui pouvait avoir l'idée de "réformer" la conception de l'empire, d'en faire quelque chose de ploutocratique et de le transformer en matérialisme impérialiste. Ce Juif était Disraeli - Dizzy, comme on le surnommait. C'est lui qui fit de la reine Victoria une "impératrice", une impératrice coloniale, l'impératrice des Indes. Infatigable partisan de l'idée "impériale" anglaise, il la concevait sur le modèle de l'idée messianico-impérialiste juive, l'idée d'un peuple dont la puissance est la richesse des autres peuples, dont il s'est emparé, qu'il exploite et contrôle cyniquement. Disraeli s'en prit toujours très violemment à ceux qui voulaient séparer l'Angleterre de ses territoires d'outre-mer, où, comme le dit un historien israélite, les Juifs avaient été des pionniers. C'est que Disraeli savait qui soutenait cette Angleterre qui devait dominer les richesses du monde; il se peut qu'il ait été de ces initiés qui savaient que ce n'était pas la simple ploutocratie britannico-juive qui tirait les ficelles. En effet, on connaît ces mots, souvent cités, de Disraeli : "Le monde est gouverné par de tout autres personnages que ceux qu'imaginent ceux qui ne sont pas dans les coulisses" ("Sybil").

"Quel acteur, cet homme! Et pourtant, la première impression qu'il nous donne est celle d'une sincérité absolue. Certains le considèrent comme un étranger. Est-ce l'Angleterre qui lui appartient ou lui qui appartient à l'Angleterre? Est-il conservateur ou libéral? Tout cela revient sans doute au même pour lui. La puissante Venise, la république impériale sur laquelle le soleil ne se couche jamais, c'est là la vision qui le fascine. L'Angleterre est l'Israël de son imagination et, si la chance est avec lui, il sera le premier ministre de l'Empire".

Le critique qui a écrit ces mots sur Disraeli, alors qu'il n'était encore que le leader du parti conservateur, s'est donc révélé avoir vraiment l'esprit prophétique. Ces mots renferment le véritable esprit de l'action de "Dizzy". La référence à Venise, en fait, vient de ce que la famille Disraeli, originaire de Cento près de Ferrare, avait cherché fortune à Venise avant de partir pour l'Angleterre; aussi est-ce en quelque sorte à cause de sa famille que Dizzy s'est souvenu de l'idéal "impérial" vénitien, au rang duquel, en étroite connexion avec l'idée juive, il voulait élever l'Angleterre. C'était, là encore, l'idée impériale du marchand, la puissance d'une oligarchie bourgeoise fondée sur l'or, le commerce, les possessions d'outre-mer, les trafics. Le reste ne servait que de moyen et d'instrument. Mais, pour pouvoir réaliser cet idéal "vénitien", puisque Venise était, au moins théoriquement, une république libre, il fallait priver encore davantage l'Angleterre de tout ce qu'elle avait conservé de l'ancien esprit traditionnel dans son organisation. On a ici un autre aspect caractéristique de l'action de Disraeli.

Nous ne pouvons pas faire ici un exposé approfondi des conflits entre les partis politiques anglais du temps de Disraeli. De toutes façons, la plupart de nos lecteurs connaissent la lutte entre les tories, partisans du roi, conservateurs et pour la plupart catholiques, et les whigs, aristocratie luthérienne jalouse de son indépendance et favorable aux nouvelles idées libérales. Le chef d'oeuvre de Disraeli a été de dépasser dans une certaine mesure cette opposition en prenant la direction d'un nouveau parti, appelé, au sens restreint, conservateur, et dont les idées avaient assez de poids pour neutraliser ce qu'il y avait encore de bon dans un des partis antagonistes susmentionnés à l'aide de ce que l'autre pouvait offrir. Autrement dit, dans le parti conservateur de Disraeli, les vrais conservateurs sont devenus libéraux et les libéraux, au contraire, sont devenus, dans une certaine mesure, conservateurs, car, en raison des idées utilitaristes que ceux-ci professaient, il a été facile de leur montrer que leurs intérêts matérialistes et ceux de leurs adversaires coïncidaient. Ayant ainsi réalisé, avec son nouveau parti, le quid medium, Disraeli a fait de l'Angleterre une simple république oligarchique. En réalité, son parti conservateur était une sorte de clique unie par des intérêts communs de classe, mais intérieurement divisée, épris de libéralisme, sans aucun idéal. Naturellement, l'influence juive et maçonnique y était prépondérante.

Il semble toutefois que Disraeli voyait encore plus loin, comme le montre son cycle romanesque, "La nouvelle Angleterre". "Sybil ou les deux Nations" reflète exactement la tactique idéologique qu'avait déjà employée la maçonnerie pour préparer la révolution française. Disraeli n'y dissimule pas son enthousiasme pour les classes inférieures de la société, prédisant que ce sont elles qui feront l'histoire, quand elles seront guidées par leurs chefs naturels, une nouvelle élite éclairée qui aura dépassé les préjugés du passé. De semblables idées enthousiasmaient la nouvelle génération de la noblesse anglaise, qui rêvait de jouer ce nouveau rôle directeur d'aristocrates "éclairés", creusant de ce fait leur propre tombe. Dans l'autre roman du même cycle, "Coningsby", le personnage central est un Juif mystérieux d'origine espagnole, Sidonia - "un mélange de Disraeli et de Rothschild, ou, mieux, de ce que Disraeli aurait voulu être et de ce qu'il aurait voulu que Rothschild soit" (Maurois). Ce Sidonia enseigne à Coningsby, symbole de la nouvelle Angleterre, la doctrine de l"ambition héroïque" ; là encore, on retrouve l'idéal pseudo-conservateur de Disraeli. La solution, pour Sidonia, est un gouvernement aux idées conservatrices mais aux pratiques libérales. En fin de compte, dès lors que l'aristocratie anglaise tory était devenue libérale et que ses idées n'étaient plus que de simples "principes" sans conséquences pratiques, il ne restait plus qu'à flatter l'ambition de cette classe pour que ses membres jouent le rôle de chefs du peuple, destinés, naturellement, à être évincés dans la phase suivante de la subversion, ainsi que cela s'était produit pour l'aristocratie française qui avait caressé les idées nouvelles. A ce sujet, en dehors des idées exposées dans le livre, il faut noter que c'est Disraeli qui a introduit le suffrage universel en Angleterre, au moins sous une forme préliminaire (vote des chefs de famille propriétaires), car il a eu l'habileté de présenter la chose comme un compromis acceptable par les tories aussi bien que par les whigs. Mais le travail destructeur de Disraeli ne s'est pas limité au domaine politique, il a essayé de s'étendre aussi au domaine religieux. C'est ici que le Juif jette purement et simplement le masque. Il lui fallait miner aussi les parties saines de l'Angleterre dans leur fondement le plus profond, qui était la religion chrétienne, et, surtout, la religion catholique. C'est à cet effet que Disraeli avança la fameuse théorie de la convergence et de l'intégration réciproque du judaïsme et du catholicisme. Voici ce qu'il écrit dans "Sybil" : "Le christianisme sans le judaïsme est incompréhensible, de la même façon que le judaïsme sans le catholicisme est incomplet". Dans "Tancrède", il en rajoute, prétendant que le devoir de l'Eglise est de défendre, dans une société matérialiste, les principes fondamentaux d'origine juive qui figurent dans les deux Testaments. Cette thèse était tellement extrême que Carlysle déclara que les "insolences juives" de "Dizzy" étaient insupportables et demanda "pendant combien de temps encore John Bull permettrait à ce singe absurde de danser sur son estomac".

Mais, en matière de judaïsme, Disraeli, qui, parce qu'il avait été baptisé, se déclarait chrétien, était intransigeant et prêt à tout. Par tous les moyens, sans se soucier du scandale, il a soutenu la thèse de l'alliance entre les "conservateurs" affaiblis que nous venons de mentionner et les Juifs. Persécuter les Juifs est la plus grosse erreur que puisse commettre le parti conservateur, parce qu'il en arrivera ainsi à les transformer en chefs de mouvements révolutionnaires. Il y a ensuite la question morale. "Vous enseignez aux enfants l'histoire des Juifs", a dit Disraeli dans son fameux discours à la Chambre des Communes. "Les jours de fêtes, vous lisez à haute voix aux vôtres les exploits des Juifs; le dimanche, si vous voulez chanter les louanges du Très-Haut ou vous consoler de vos malheurs, vous cherchez dans les chants des poètes juifs l'expression de ces sentiments. C'est en proportion exacte de la sincérité de votre foi que vous devriez accomplir ce grand acte de justice naturelle...comme chrétien (?), je ne prendrai donc pas la terrible responsabilité d'exclure ceux qui appartiennent à la religion dans laquelle est né mon seigneur et sauveur".

Il n'aurait pas pu aller plus loin dans l'impudence. En fait, cette déclaration a provoqué un scandale chez les "conservateurs", mais sans conséquences. La pénétration prudente et silencieuse de la juiverie dans les classes supérieures anglaises et dans le gouvernement lui-même continuait. C'est à Disraeli qu'on doit le coup de main anglais sur l'Egypte en 1875 - avec l'aide de qui? De Rothschild. En1875, le khédive avait des ennuis financiers et Disraeli est parvenu à savoir qu'il était disposé à vendre 177 000 actions du canal de Suez. L'occasion était magnifique de s'assurer le contrôle de la route des Indes. Le gouvernement hésite. Rothschild non. Voici les répliques de la conversation historique entre Disraeli et Rothschild (Disraeli lui demande quatre millions de Livres Sterling) : "Quelle garantie avez-vous à me fournir?" - "Le gouvernement britannique" - "Vous aurez cinq millions demain", et il le lui accorde à un taux d'intérêts "extrêmement bas"; naturellement, les intérêts véritables et importants de la clique juive se situaient sur un autre plan, moins visible...

Disraeli n'a pas manqué non plus de faciliter aux Juifs d'Angleterre l'observance rituelle de la loi juive. Fait peu connu, le "samedi anglais" n'est pas autre chose que le sabbat juif, le jour de repos rituel des juifs. C'est justement Disraeli qui l'a introduit en Angleterre, sous un prétexte "social" adéquat.

Donc, alors que l'enjuivement de l'ancienne Angleterre féodale s'accomplissait par des moyens divers, que la veille aristocratie se décomposait graduellement et se voyait inoculer les idées qui en feraient la proie des influences matérielles et spirituelles du judaïsme et de la maçonnerie, Disraeli n'oubliait pas l'autre tâche, celle d'accroître et de renforcer la puissance du nouvel empire des marchands, de la nouvelle "Venise impériale", de l'Israël renaissante de la Promesse. Il le fit dans un style tout aussi juif. Disraeli a été un des principaux instigateurs de cette triste et cynique politique internationale anglaise par personnes interposées "protégées" et de chantage, qui est actuellement poussée jusqu'à ses conséquences extrêmes. Le cas le plus frappant fut celui la guerre russo-turque. Disraeli n'hésita pas à trahir tout d'abord l'ancienne cause de la solidarité européenne en plaçant la Turquie sous protection anglaise. La Turquie, vaincue, est sauvée par l'Angleterre : par la méthode "anglaise" bien connue des menaces et des sanctions, Disraeli réussit à paralyser l'avance slave vers le Sud, sans qu'un seul coup de fusil soit tiré, et la Turquie lui fait même cadeau de Chypre. Au congrès de Berlin, l'ambassadeur russe Gortshakov ne peut pas s'empêcher de s'écrier douloureusement : "Avoir sacrifié cent mille soldats et cent millions pour rien!" (*). Il y a cependant quelque chose de plus grave, à un point de vue supérieur. En raison de cette situation, provoquée par Disraeli, la Turquie est admise dans la communauté des nations européennes protégées par le soi-disant "droit international". Nous écrivons "soi-disant", parce que, auparavant, ce droit, loin de valoir pour tous les peuples de la terre, valait uniquement pour le groupe des nations européennes; c'était une sorte de défense et de loi intérieure européennes. Avec l'admission de la Turquie, une nouvelle phase du droit international commence, et c'est véritablement la phase dans laquelle le "droit" devient un masque et son caractère "international" une simple ruse démocratique, car il s'agit essentiellement d'un instrument au service des intérêts anglo-juifs, puis français. Ce développement aboutit à la Société des Nations, à sa crise et à la guerre actuelle.

Les dernières années de la vie de Disraeli furent cependant agitées. Les méfaits de la ploutocratie et des cliques pseudo-conservatrices commencèrent à se faire sentir quand elles provoquèrent une crise financière, agricole, et même coloniale, dans tout l'empire dont Disraeli avait rêvé et qui était devenu réalité. Révolte des Afghans, guerre des Zoulous, prodromes de la guerre des Boers. Le vieux Disraeli, devenu Lord Beaconsfield et favori de la reine Victoria, a fini par perdre son poste. Il a été remplacé par Gladstone. Malgré tout, ce n'est qu'un changement de garde. Les cabales, les systèmes, les directives de politique internationale "impérialiste", le faux conservatisme, la mentalité juive qui détruit de plus en plus les résidus de l'ancienne éthique du gentleman et du fair play par une hypocrisie et un matérialisme sans fond, tout cela survit et se développe, dans le cadre de l'"empire" britannique, après Disraeli, et porte toujours la marque de son auteur. Jusqu'à présent.

La tradition veut que, chaque année, les marchands de la City, repère de la ploutocratie anglo-juive, invitent le Lord Mayor et reçoivent les confidences et l'expression de la confiance du premier ministre dans un discours qu'il prononce à cette occasion. Le dernier discours de ce type que prononça Disraeli fut encore une fois une profession de foi "impérialiste" : "Pour les Anglais, être patriotes, c'est maintenir l'empire, et maintenir l'empire est leur liberté". Ainsi, il faut bien dire que, dans la lutte obstinée et désespérée que mène actuellement l'Angleterre, c'est l'esprit du Juif Disraeli qui continue à vivre. Si les Anglais, en s'y conformant, cause la ruine de leur "empire" et de leur nation, c'est à ce champion du Peuple Elu qu'ils devront en être reconnaissants.

Julius EVOLA



(*) Beaucoup trouveraient aujourd'hui étrange qu'une amitié se soit presque nouée au congrès de Berlin entre le Juif Disraeli et Bismarck, le "chancelier de fer" prussien et aryen. Ils se sont entendus à merveille. "Der alte Jude, das ist der Mann!" ("Ce vieux Juif, c'est l'homme de la situation!"), a dit de lui Bismarck. Il n'y a pourtant pas de quoi s'en étonner outre mesure à la lecture de l'ouvrage de de Poncins et Malynski, "La Guerre Occulte", récemment traduit par Evola (ed. Hoepli), qui éclaircit certains aspects de l'action de Bismarck qui, à un point de vue traditionnel et véritablement conservateur, sont forts négatifs.