vendredi 13 novembre 2009

Hitler, intellectuel des Lumières



Hitler, intellectuel des Lumières: l'attrait durable de l'Hitlerisme


Un spectre hante le monde -- le spectre de l'Hitlérisme. Voilà, en résumé, le sévère avertissement contenu dans ce livre provocateur, écrit par un professeur assistant d'Histoire à l'Université d'Etat de Ball (Indiana), et publié par Praeger, un éditeur universitaire américain de premier plan.

En dépit de décennies de diffamation véhémente, dit l'auteur Lawrence Birken, les idées de Hitler conservent un attrait durable et dangereux -- pas parce qu'elles sont bizarres et étrangères, mais précisément parce qu'elles sont rationnelles et bien enracinées dans la pensée occidentale. En particulier, souligne Birken, l'Hitlérisme est fermement enraciné dans la perspective rationaliste et scientifique de l'époque des Lumières de l'Europe du 18ème siècle. Cependant cela n'est pas dit comme un compliment, car l'auteur est hostile à l'Occident et à ses traditions. Rejetant l'héritage historique américain et occidental, le Prof. Birken plaide ouvertement pour une Amérique nouvelle, racialement homogénéisée.

Depuis plus d'un demi-siècle, Hitler et ses idées ont été sans cesse diabolisées dans les films, à la télévision et dans la presse écrite. Et cependant, selon Birken, l'attrait de l'Hitlérisme demeure si puissant qu'il menace l'idéal d'une Amérique racialement «redéfinie», avec une «plus forte unité». Comme les repères traditionnels et les anciennes valeurs culturelles, raciales et religieuses sont toujours plus contestées, et comme la crise raciale et culturelle dans ce pays devient toujours plus aiguë, Birken craint que ceux qui se refusent à accepter la société «redéfinie» qui se développe en Amérique et en Europe se tournent en nombre toujours plus grand vers la vision de la société alternative de Hitler. L'Hitlérisme, dit Birken, apparaîtra toujours plus comme un «chant des sirènes» dangereusement séduisant.

L'auteur a sans aucun doute fait un effort sincère pour fournir une information sérieuse et objective sur Hitler et ses idées. Mais même si on oublie les nombreuses fautes d'orthographe dans les noms propres et les titres, et le style souvent polémique, c'est un travail très imparfait. La compréhension de Birken au sujet de ce que Hitler pensait et croyait réellement est à la fois limitée et déformée.

Cela est dû en grande partie à la confiance exclusive de l'auteur dans les traductions anglaises des écrits et des discours de Hitler (apparemment il ne lit pas l'allemand), et une confiance naïve dans les études de seconde main, non-fiables. Cela inclut The Psychopathic God: Adolf Hitler (1977) de Robert Waite, une psycho-dramatisation sensationnelle, et La Révolution du Nihilisme (1939) de Hermann Rauschning, une diatribe entièrement discréditée (voir Les fausses «Conversations avec Hitler» de Rauschning).

Birken cite aussi sans cesse le Testament d'Adolf Hitler: les documents Hitler-Borrmann, supposé être une transcription des «propos de table» tenus par Hitler de février à avril 1945. Ces documents sont faux, selon l'historien britannique David Irving, qui raconte que l'ancien banquier suisse François Genoud lui avait avoué qu'il en était l'auteur [une affirmation à prendre elle-même avec précaution, NDT].

Un «authentique intellectuel»

Reflétant la tendance idéologique qui prévaut dans le monde occidental aujourd'hui, les spécialistes d'Hitler et du 3ème Reich ont eu tendance à rejeter l'attitude intellectuelle du dirigeant allemand comme simpliste et primitive, ou même démente. Beaucoup minimisent ou simplement dénient la place de Hitler dans la culture occidentale «comme un moyen de diaboliser cette culture», dit Birken, «mais si nous lisons Hitler ni pour le condamner ni pour le louanger, mais simplement pour le comprendre, alors nous parvenons à une conclusion différente au sujet de sa place dans l'histoire européenne».

Les spécialistes et bien d'autres ont fait une erreur majeure en refusant de prendre Hitler au sérieux en tant que penseur, argue Birken, qui pense que le dirigeant politique allemand «doit être considéré comme un authentique intellectuel» sur le même plan que Karl Marx et Sigmund Freud. Le jugement de Birken n'est pas si sensationnel qu'on pourrait le croire. Comme il le remarque, dès 1953 l'historien britannique Hugh R. Trevor-Roper «évoquait l'image de Hitler comme une sorte de synthèse de Spengler et de Napoléon, remarquant que parmi tous les conquérants du monde, le dirigeant allemand avait été le plus 'philosophe'». Plus récemment, l'historien allemand Rainer Zitelmann a établi dans une étude d'une érudition impressionnante que la pensée de Hitler était rationnelle, cohérente et «moderne». (R. Zitelmann, Hitler: Selbstverständnis eines Revolutionärs [deuxième édition, 1989] ).

De plus, la pensée de Hitler était en grande partie issue de la tradition intellectuelle occidentale. Dans sa «combinaison d'une foi presque religieuse avec un sécularisme révolutionnaire», écrit Birken, «Hitler représentait essentiellement la continuation du style de pensée des Lumières ... Le nazisme, et particulièrement sa présentation par Hitler, représentait une forme atténuée et vulgarisée du style de pensée des Lumières».

Hitler avait un don pour présenter son message sous une forme séduisante et accessible, écrit Birken:

Le trait le plus séduisant de l'idéologie de Hitler était son optimisme. Ce n'était pas simplement son esprit mais son message qui portait une excitation contagieuse. Il était un Messie séculier proclamant une version germanique de la «Bonne Nouvelle». La possibilité de la réconciliation des classes, les plans pour une renaissance nationale, l'identification d'un ennemi universel dont l'élimination inaugurerait le millenium, tout cela remuait son public en profondeur. Hitler parlait le langage des philosophes [des Lumières], un langage qui avait presque disparu dans les strates raréfiées de la grande intelligentsia.
Cependant, placer Hitler et l'Hitlérisme dans la tradition intellectuelle de l'Occident, poursuit Birken, «devrait moins améliorer notre opinion» de Hitler que «rabaisser notre opinion de l'histoire intellectuelle de l'Occident».
Idées sur l'économie

La vision économique du monde de Hitler, écrit Birken, était tout aussi rationnelle, cohérente, progressiste et entièrement en accord avec la tradition occidentale. «Les idées économiques de Hitler étaient aussi imprégnées de la notion de progrès des Lumières», et étaient «plus proches de Ricardo et de Marx que de Machiavel ou Keynes». Birken ajoute:

... Une lecture attentive de ses discours et écrits suggère qu'il n'était ni un mercantiliste ni un keynésien, ni un arriéré ni un marginal. Bien plutôt ... ses idées économiques cadrent beaucoup trop bien avec le style de pensée classique et physiocratique.
Hitler pensait que les considérations sociales et nationales, et non les considérations économiques, devaient être souveraines dans la société. Le système économique et politique doit servir la nation, et non pas l'inverse. Ainsi, remarque Birken, alors que «l'économie politique jouait un rôle important dans sa pensée», Hitler
ne restaura pas la primauté de l'Etat, en définitive, mais plutôt le contraire, subordonna l'Etat lui-même à une dynamique d'expansion technologique et culturelle agressive. En faisant cela, Hitler s'imposa contre les derniers vestiges de la civilité aristocratique en même temps qu'il s'opposa au relativisme naissant de la culture de consommation.
Comme l'explique Birken, Hitler pensait que «toute croissance était due à l'effort individuel -- mais seulement au service du bien commun. Il tempérait donc ce qui pouvait être pris pour une définition 'libertaire' de l'inventivité par un sombre collectivisme». Pensant que cette créativité socialement utile était «le produit de génies individuels d'une haute valeur personnelle», Hitler souhaitait des chances sociales égales pour tous, et s'opposait aux barrières légales et sociales empêchant la réussite et le succès économiques et individuels. La politique gouvernementale et sociale, pensait-il, devait encourager la mobilité sociale basée sur le mérite.
Hitler critiquait à la fois le capitalisme et le marxisme -- le premier parce qu'il était «insuffisamment démocratique», et le second parce qu'il était «trop démocratique» et «niveleur». Alors qu'il soutenait la croissance économique par-dessus les frontières nationales, «Hitler prit aussi ce qu'il considérait comme une position conservatrice contre le futur hyper-commercialisme d'une économie globale naissante».

Idées sur la race et la religion

Bien que Hitler soit sans cesse condamné comme «le raciste le plus notoire du 20ème siècle», ses idées raciales étaient en fait assez en harmonie avec le courant de pensée dominant en Europe au 19ème et au début du 20ème siècle. «Il devrait être évident», écrit Birken, «que Hitler possédait une théorie de la race 'classique' qui cadrait bien avec ses notions classiques d'économie politique».

Loin d'être aberrantes ou bizarres, ses idées sur la race étaient cohérentes avec celles des Occidentaux les plus éminents des décennies précédant la 2ème Guerre Mondiale. Et bien que Birken ne le mentionne pas spécifiquement, les idées raciales de Hitler étaient comparables à celles de Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt, Woodrow Wilson et Winston Churchill.

Contrairement aux croyances populaires, Hitler ne soutint jamais des idées «d'élevage» d'une race blonde «super-aryenne». Acceptant la réalité que la population allemande consistait en plusieurs groupes raciaux distincts, il insistait sur l'unité nationale et sociale du peuple allemand. Un certain degré de variété raciale était désirable, pensait-il, et trop de fusion ou d'homogénéité raciale pourrait être nuisible parce que cela homogénéiserait et donc éliminerait les traits génétiques supérieurs aussi bien qu'inférieurs.

Hitler pensait qu'à la fois «la pruderie conservatrice et l'érotisme radical» étaient nuisibles à la société, et il s'opposait au contrôle des naissances parce qu'il tendrait à abaisser la qualité génétique de la société qui le pratique.

Bien qu'il critiquait le christianisme, Hitler n'était pas athée. «La religion de l'Hitlérisme était donc essentiellement une sorte de déisme», conclut Birken. Comme Thomas Jefferson et d'autres éminents dirigeants des débuts de l'Amérique, Hitler identifiait Dieu avec le «règne des lois naturelles dans tout l'univers». Ainsi, «pour Hitler, le National-socialisme était le socialisme naturel».

Attitude envers les Juifs

C'est «bien sûr, une grande erreur de voir l'antisémitisme comme un rejet des valeurs des Lumières», écrit Birken. «Au contraire, les Lumières ont simplement sécularisé, plutôt que détruit, la judéophobie traditionnelle» (aucun penseur occidental ne fut plus ouvertement anti-juif que Voltaire, le grand philosophe français, qui considérait les Juifs comme «des ennemis de l'humanité»). Le concept de «fraternité» sociale des Lumières, écrit Birken, réclame une solidarité sociale, ce qui implique que les Juifs, en tant que peuple étranger et égocentrique, ne peuvent pas s'y intégrer.

L'attitude hostile de Hitler envers les Juifs, écrit Birken, n'était ni irrationnelle ni aberrante. Il a vu les Juifs «comme la personnification d'un grand mensonge»: ce qui veut dire qu'alors qu'ils prétendaient être simplement une communauté religieuse, en réalité ils constituaient un groupe ethnique et national «élu par lui-même», avec des ambitions internationales. Parce qu'il considérait les Juifs comme les ennemis de tous les peuples, Hitler soutenait que combattre la puissance et l'influence juives devait être le devoir commun de toutes les nations -- une idée que Birken appelle une expression de «l'universalisme germanique».

Les Etats-Unis

L'attitude de Hitler envers les Etats-Unis était mitigée. Il voyait beaucoup de choses à admirer dans l'Amérique des 18ème et 19ème siècles, et comme le note Birken, il faisait la louange de la politique raciale d'avant 1940 dans ce pays, de ses restrictions à l'immigration non-blanche, et de son rôle de pionnier dans l'adoption de mesures eugéniques.

Mais Hitler vit aussi des tendances menaçantes pendant les années 20 et 30. Faisant écho aux vues de l'industriel américain Henry Ford, il fut consterné par la croissance spectaculaire du pouvoir juif et de l'influence culturelle juive, et considérait l'administration du «New Deal» de Franklin Roosevelt comme une révolution virtuelle dans la vie de l'Amérique, par laquelle les Juifs usurpèrent en grande partie les positions de la classe dirigeante traditionnelle du pays.

Un attrait persistant

La défaite de l'Allemagne en 1945, note à juste titre Birken, «marqua clairement un tournant décisif» dans l'histoire du monde, et particulièrement pour l'Occident:

En un sens réel, la défaite de Hitler devint implicitement la défaite de l'Etat-nation européen et des valeurs des Lumières qui le soutenaient. Les héritiers de l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Union Soviétique, étaient tous deux fondamentalement des empires transnationaux, multiraciaux, dont les territoires paraissaient illimités.
En conséquence, depuis un demi-siècle nous avons vécu dans ce que Birken appelle un monde du «capitalisme de consommation» dans lequel «l'ordre hiérarchique du sexe et de la race qui avait originellement soutenu le nationalisme bourgeois a été désintégré», et dans lequel «la relativisation croissante des valeurs est encouragée par la mondialisation toujours plus grande de l'économie et par l'émergence consécutive d'une élite multinationale du commerce».
Ce nouvel ordre mondial est moins durable qu'il peut le sembler, dit Birken. Le récent effondrement de l'Union Soviétique multiethnique et multiraciale, avertit-il, laisse présager des problèmes similaires pour l'empire américain. Même une simple récession de l'économie pourrait menacer «de dissoudre les Etats-Unis en plusieurs races». Selon les vues de Birken, le nationalisme racial menace «l'existence durable des Etats-Unis». Il avertit:

Ce que Hitler disait dans les années 30 est ainsi ce que nos nationalistes racialistes disent aujourd'hui: à savoir, qu'une nation authentiquement et globalement multiraciale viole l'ordre naturel des choses. Les Etats-Unis doivent être soit un Etat dominé par les Blancs, soit un assemblage de républiques séparées composées de tel ou tel groupe [ethnique ou racial].
En résumé: si Hitler avait raison, l'Amérique est une construction de plus en plus contre-nature et artificielle qui ne mérite pas de survivre, et ne survivra pas.
Birken craint que l'Hitlérisme ne devienne toujours plus attractif pour ceux qui rejettent le «capitalisme de consommation» supra-national d'aujourd'hui, et qui résistent à l'ordre «authentiquement et globalement multiracial» qui est en train d'émerger. Cette vision alternative a un attrait au-delà de l'Amérique et de l'Europe, pense Birken. Comme il le remarque, le combat de Hitler contre l'Empire britannique -- une guerre qu'il ne rechercha ni ne désira jamais -- «lui valut l'admiration des peuples colonisés depuis l'Irlande jusqu'à l'Inde ...».

Une nouvelle nation «cosmique»

Birken conclut son livre par un fervent appel à «la formation progressive d'une race américaine, une synthèse plus complète. Alors les Américains constitueront réellement un peuple universel ou «cosmique». Dans la vision de Birken, le «mythe de la race» et l'Hitlérisme «continueront à nous tenter», à moins qu'on ne donne aux Américains «un authentique fondement métaphysique». Ce «fondement métaphysique» doit être de «décréer la race» par un mélange racial massif. Par conséquent, écrit Birken, «nous ne devrions pas être effrayés par ce sale petit mot: «métissage» (en accord avec cette vision, le président Bill Clinton, dans son discours très controversé du 14 juin 1997 à San Diego au sujet des relations interraciales, a proclamé ouvertement l'objectif de faire de l'Amérique «la première vraie démocratie multiraciale du monde»).

Etant donné la répugnance de nombreux Américains, en particulier les Blancs conservateurs, à accueillir chaleureusement cette nouvelle nation «universelle», Birken dit que «nous devons avoir un système éducatif qui soit capable d'instiller cette redéfinition de la culture américaine».

«Avant d'essayer d'unifier le monde», conclut Birken, «essayons de nous unifier nous-mêmes. Tant que nous ne le ferons pas, le chant des sirènes de l'Hitlérisme continuera à nous tenter».

Alternatives fortes

Pour celui qui regarde le passé avec un esprit ouvert, l'Histoire démontre la nature complètement délirante de l'objectif proposé par le Prof. Birken (et par le président Clinton) -- une vision non moins utopique que celle du communisme marxiste. Dans tous les cas, mélanger les populations américaines en une entité racio-culturelle «universelle» requerrait une répression gouvernementale à une échelle inimaginable aujourd'hui.

Peu d'Américains aujourd'hui ont la capacité ou la volonté de saisir pleinement les énormes implications du programme radical que des intellectuels comme Birken (et des dirigeants politiques comme Clinton) imaginent pour notre avenir. Mais dès qu'ils le feront (comme le craint le Prof. Birken), beaucoup se tourneront volontiers vers l'Hitlérisme comme vers une alternative à l'idéologie dominante officielle. La campagne de diffamation, qui dure depuis des décennies, à propos de Hitler et de l'Allemagne du 3ème Reich, peut réellement y contribuer en convainquant des millions d'Américains que l'Hitlérisme est l'antithèse à l'idéologie de l'Establishment, et donc la seule alternative réelle.

En dépit de ses défauts, Hitler as Philosophe dissipe utilement quelques idées fausses largement répandues sur l'Hitler et l'Hitlérisme, reconnaît l'importance critique de la question raciale, et propose audacieusement de fortes alternatives pour l'avenir de l'Amérique et de l'Europe. Pour cela, le mérite de l'auteur doit être reconnu

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