Entretien publié dans l’hebdomadaire Rivarol le 14 mars 2008, au moment de la parution d’une brochure de 32 pages intitulé Israël et la traite des Blanches.
Rivarol : Hervé Ryssen, bonjour. Vous venez de publier une brochure sur la “traite des Blanches”. Dites-nous ce que l’Etat d’Israël vient faire dans cette histoire ?
HR : Bonjour. Je me suis d’abord basé sur un rapport très officiel d’Amnesty international du mois de mai 2000, qui établit que des milliers de jeunes femmes russes, ukrainiennes et moldaves sont aujourd’hui obligées de se prostituer dans des maisons de passe un peu partout en Israël. Leur malheur a été de répondre à une petite annonce alléchante qui leur promettait un emploi bien rémunéré à l’étranger, comme serveuse ou femme de chambre dans un hôtel. C’est seulement arrivées à Chypre ou en Israël qu’elles ont compris à qui elles avaient affaire. Depuis l’effondrement de l’URSS en 1991, ce sont ainsi des centaines de milliers de jeunes femmes d’Europe de l’Est qui ont été happées par des réseaux de prostitution. Israël n’est d’ailleurs pas la seule destination où sont envoyés ces esclaves sexuels, car on retrouvent les filles d’Europe de l’Est jusqu’en Thaïlande et au Japon. Mais les proxénètes internationaux, eux, appartiennent souvent à une petite communauté qui a beaucoup souffert, et l’Etat d’Israël est la plaque tournante de ce trafic.
Rivarol : Vous dites que ces jeunes femmes sont réduites à l’état d’esclavage. Mais dans un grand pays démocratique comme Israël, n’ont-elles pas la possibilité d’alerter la police, tout simplement ?
HR : Pas vraiment. Selon tous les témoignages que nous avons, les filles sont séquestrées dans des centaines d’appartements ou de maisons dont les fenêtres sont munies de barreaux. Elles sont sévèrement corrigées, battues, ou même torturées, si elles refusent de coopérer. Certaines d’entre elles ont évidemment été tuées. Leurs passeports sont systématiquement confisqués et les proxénètes les menacent de mort, elles et leur famille, si elles tentent de s’enfuir ou témoignent devant la justice. De surcroît, la plupart d’entre elles assurent que les policiers sont de mèches avec les proxénètes, d’abord comme clients, mais aussi comme collaborateurs. Les filles, elles, travaillent sans arrêt, sept jours sur sept, sans aucun jour de repos dans l’année, sauf à Yom Kippour.
Rivarol : Comment les filles qui ont témoigné ont-elle pu s’échapper ?
HR : Elles ont été libérées après une descente de la police, après quoi, elles ont été placées en détention pendant une brève période avant d’être expulsées du territoire comme migrantes en situation irrégulière. D’autres sont incarcérées plus longtemps, dans certains cas, sur la base d’un arrêté du ministère de la Justice qui les empêchent de quitter le pays avant d’avoir témoigné. Le rapport d’une commission d’enquête du Parlement israélien, datant du 23 mars 2005 pointe du doigt les faiblesses de la justice israélienne sur le sujet. On y apprend que les magistrats sont souvent eux-mêmes soudoyés par les proxénètes. Les procureurs généraux exigent des peines minimes et ne demandent même pas de dommages et intérêts pour les victimes. Les magistrats font aussi parfois bénéficier les proxénètes de l’immunité en les utilisant prétendument comme des indicateurs du monde du crime.
Rivarol : Pourquoi les médiats restent-ils muets sur cette question, d’après vous ?
HR : Les grands maîtres des médiats projettent toujours sur les autres ce dont ils se sentent eux-mêmes coupables. Ainsi, depuis les années 90, on a beaucoup entendu parler de cette terrible “mafia russe”. Celle-ci n’a en réalité de russe que le nom, car les plus grandes figures du crime organisé issu de l’ex-URSS sont des juifs, possédant la plupart du temps un passeport israélien. Semion Mogilevich, l’un des principaux d’entre eux, a d’ailleurs été arrêté il y a quelques semaines à Moscou, le 25 janvier 2008. Il faisait travailler des centaines de jeunes femmes à Budapest, à Prague et en Israël. Il s’occupait aussi de racket, de trafic de drogue, de diamants, et était en outre un gros trafiquant d’armes international. N’oubliez pas : c’est un “Russe” !
Les quatre ouvrages d’Hervé Ryssen – Les Espérances planétariennes (2005), Psychanalyse du judaïsme (2006), Le Fanatisme juif (2007), La mafia juive (2008) – sont vendus au prix de 26 € l’unité et peuvent être commandés à l’adresse suivante :
Editions Baskerville, 14 rue Pierre Brossolette, 92300 Levallois. Chèque à l’ordre d’Hervé François. Ajoutez 2 € de frais de port pour la France et l’étranger. 8 € pour les Dom-Tom. La brochure de 32 pages sur la traite des Blanches est au prix de 2 €. Elle est vendue par correspondance à la même adresse, par 5 exemplaires au minimum ; 1 € à partir de 50 exemplaires (+ les frais de port).
Voici les premières pages de notre chapitre consacré au rôle accablant de la mafia juive dans la traite des Blanches :
Depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, des centaines de milliers de jeunes femmes d’Europe de l’Est avaient été happées par des réseaux de prostitution et emmenées vers des destinations lointaines. Les médiats restaient extrêmement discrets sur ce sujet. Au mois de mai 2000, pourtant, un rapport d’Amnesty International avait révélé l’ampleur du phénomène et pointé du doigt l’État d’Israël, la plaque tournante de ce trafic. (Les éditions francophones d’Amnesty International. http://efai.i-france.com. Human Rights Abuses of Women Trafficked from Countries of the Former Soviet Union into Israel’s Sex Industry).
L’effondrement de l’URSS, en 1991, avait provoqué un appauvrissement considérable de la population. Pour tenter d’échapper à la misère et de subvenir aux besoins de leurs familles, de nombreuses jeunes filles russes, ukrainiennes ou moldaves, avaient alors répondu à certaines offres alléchantes publiées dans les journaux. Malheureusement pour elles, ces offres de travail à l’étranger s’avéraient souvent être des pièges posés par des proxénètes internationaux.
Le phénomène fut si important que le très cosmopolite New York Times du 11 janvier 1998 avait été obligé d’ouvrir le dossier, avec un article de Michael Specter sur les “naïves femmes slaves”. Le journaliste relatait l’histoire poignante d’une jeune beauté ukrainienne de 21 ans qui, de son village, avait répondu à une annonce dans un journal local et s’était retrouvée en Israël, contrainte de se prostituer. Les filles, apprenait-on, étaient envoyées jusqu’au Japon et en Thaïlande par des réseaux tenus par les mafieux “russes” basés à Moscou. Rappelez-vous : à cette époque, tous les médiats parlaient de la terrible “mafia russe”.
Le Jerusalem Post du 13 janvier 1998 avait repris ces informations. Ainsi, on apprenait qu’il y avait plus de 10 000 prostituées en Israël, presque toutes russes et ukrainiennes. Les femmes, achetées et vendues par les proxénètes étaient séquestrées dans des bars et des bordels, et rapportaient chacune à leur propriétaire entre 50 et 100 000 dollars par an.
Le premier rapport sur la traite des Blanches semble être celui publié le 8 avril 1997 par le CEDAW. (Committee on the Elimination of Discrimination against Women). Ce rapport montrait que le trafic de femmes blanches séquestrées en Israël ne cessait de croître. A Tel-Aviv, des centaines de bars, de maisons closes et de boîtes de nuit animaient la vie nocturne. Le Tropicana était alors l’une des maisons de passe les plus en vue. Une vingtaine de femmes russes y travaillaient, huit en journée, et douze la nuit. Les clients étaient des soldats israéliens, des hommes d’affaires, des religieux, ou encore des travailleurs immigrés – ces derniers n’ayant pas le droit d’avoir des relations sexuelles avec les Israéliennes, sous peine d’expulsion immédiate. Le propriétaire des lieux déclarait : “Les Israéliens adorent les femmes russes. Elles sont blondes, bien fichues, et ont un air désespéré qui plaît beaucoup. Elles sont prêtes à faire n’importe quoi pour de l’argent.” Les filles n’étaient pas payées, et ne gagnaient que les pourboires. Elles travaillaient sans arrêt, sept jours sur sept, sans aucun jour de repos dans l’année, sauf à Yom Kippour.
Le long rapport d’Amnesty International présentait les témoignages de plusieurs de ces jeunes femmes. Elles avaient été attirées ici sous de faux prétextes, puis livrées aux réseaux de prostitution, achetées et vendues au plus offrant, le plus souvent aux enchères, comme du bétail. Elles avaient ensuite été séquestrées par leurs “propriétaires” dans des maisons ou des appartements dont elles ne pouvaient sortir sans être accompagnées. Leurs passeports et autres documents de voyage avaient été confisqués par les proxénètes afin de les empêcher de quitter le pays. Elles étaient fréquemment frappées si elles refusaient d’avoir des relations sexuelles avec certains clients ou si elles tentaient de s’enfuir. De nombreuses informations faisaient aussi état d’actes de torture et de viol, ainsi que d’autres formes de sévices sexuels. Les trafiquants les menaçaient de mort, elles et les membres de leur famille, au cas où elles s’aviseraient de quitter Israël, de fournir des renseignements à la police ou encore de témoigner dans le cadre de procédures pénales, si bien qu’il était difficile de traduire en justice les “auteurs d’atteintes aux droits fondamentaux des victimes de la traite”. (Le terme “droits fondamentaux” revient toutes les trois lignes dans le rapport).
Le gouvernement israélien n’avait d’ailleurs pris aucune mesure pour enquêter sur ces violences et engager des poursuites judiciaires. De plus, les femmes étaient généralement traitées comme des délinquantes plutôt que comme des victimes. Au regard de la législation israélienne, en effet, presque toutes ces filles étaient des migrantes en situation irrégulière, puisqu’elles séjournaient en Israël sans permis de travail ou avec de faux documents. Beaucoup d’entre elles étaient ainsi placées en détention à la suite de descentes de la police israélienne dans les maisons de prostitution ou les salons de massage. Certaines étaient détenues pendant de brèves périodes avant d’être expulsées du territoire, mais d’autres étaient incarcérées plus longtemps, dans certains cas, sur la base d’un arrêté du ministère de la Justice qui les empêchait de quitter le pays avant d’avoir témoigné devant la justice. Beaucoup de femmes emprisonnées avaient ainsi subi des traumatismes physiques et psychologiques considérables, et il n’existait aucun service d’aide psychologique qui fût en mesure de répondre à leurs besoins.
Au cours de leur visite en Israël en avril et en mai 1999, les délégués d’Amnesty International s’étaient rendus à la prison pour femmes de Neve Tirza afin de s’entretenir avec des jeunes femmes détenues en raison de leurs activités liées à la prostitution et en instance de rapatriement.
Voici le témoignage d’Anna, 31 ans, originaire de Saint-Pétersbourg. Elle était professeur de physique en Russie, et avait été attirée en Israël par la promesse d’un emploi rémunéré 1000 dollars par mois, soit vingt fois le salaire qu’elle percevait alors en Russie. Le ressortissant israélien qui lui avait proposé cet emploi l’avait bien prévenue qu’il était lié à l’industrie du sexe, mais ce qu’il avait présenté n’avait évidemment rien à voir avec la réalité. Anna était ainsi arrivée en Israël en octobre 1998 avec un visa de tourisme. Attendue à l’aéroport, elle fut emmenée et enfermée dans un appartement avec six autres femmes originaires de l’ex-Union soviétique, et son passeport fut immédiatement confisqué. Anna avait ensuite été vendue aux enchères à deux reprises. La seconde fois, elle fut achetée 10 000 dollars et emmenée à Haïfa où elle fut séquestrée avec deux autres femmes. Les fenêtres de l’appartement étaient munies de barreaux et lorsqu’elles étaient autorisées à sortir, ce qui était rare, elles étaient de toute manière toujours accompagnées. Une bonne partie de l’argent qu’elles gagnaient leur était soustrait sous forme d’amendes extorquées par les proxénètes.
Anna avait été arrêtée en mars 1999, pour prostitution, après une descente de police dans l’appartement où elle était enfermée. Elle avait signé aux policiers des déclarations dans lesquelles elle reconnaissait se livrer à la prostitution, mais tous les documents étaient rédigés en hébreu, langue qu’elle ne savait ni lire ni écrire. Ce n’est que plus tard, à l’audience du tribunal, qu’elle apprit qu’elle était accusée de tenir une maison de prostitution. Elle ne fut jamais autorisée à s’entretenir avec le consul de Russie, et resta incarcérée pendant près d’un mois en attendant sa reconduite à la frontière.
Voici ce que déclarait Anna : “Je ne sais pas comment s’est terminé le procès. Je sais seulement qu’Abraham [le proxénète] est en liberté. Je lui ai parlé au téléphone. Quand les policiers nous ont arrêtées, ils ne nous ont pas laissé prendre nos affaires qui sont restées là-bas. Abraham [Les rédacteurs d'Amnesty International avaient choisi le prénom "Arthur", ndlr] connaît mon adresse à Saint-Pétersbourg et mon numéro de téléphone parce qu’il a gardé mon passeport. J’ai laissé ma fille de huit ans là-bas. Il m’a menacée de me retrouver en Russie, chez moi, si je ne faisais pas ce qu’il voulait.”
Tatiana, originaire de Biélorussie, était arrivée en Israël en avril 1998 avec un visa de tourisme. On lui avait promis un emploi de femme de ménage dans un hôtel de la station balnéaire d’Eilat, en lui disant que son salaire lui permettrait de subvenir aux besoins de sa mère et de son fils de six ans. Tatiana fut accueillie à Eilat par un homme qui avait prétendu être envoyé par l’hôtel dans lequel elle devait travailler. Il l’emmena en fait dans un endroit où elle fut contrainte de se prostituer. Elle devait rembourser son “prix de vente” et le coût de son voyage, lui avait-on dit.
Tatiana avait bien mis au point différents scénarios d’évasion, mais elle fut finalement libérée à l’issue d’une descente de police : l’une de ses amies avait pris contact avec le consulat de Biélorussie, lequel avait prévenu la police. Tatiana fut ensuite placée en détention comme migrante en situation irrégulière dans la prison de Neve Tirza en attendant son rapatriement. Trois jours après son arrestation, elle trouva sur son lit une lettre anonyme dans laquelle on menaçait de la tuer et de s’en prendre à sa famille si elle racontait ce qui lui était arrivé. Tatiana désirait témoigner mais craignait les représailles des trafiquants qui connaissaient tous les renseignements figurant sur son passeport ainsi que l’adresse de sa famille en Biélorussie. Une requête avait donc été adressée au directeur de la police pour lui expliquer qu’il serait beaucoup trop dangereux pour Tatiana de témoigner devant le tribunal si elle n’était pas protégée. Celui-ci répondit que la police israélienne ne pouvait garantir la sécurité d’aucun individu en dehors d’Israël. Tatiana avait néanmoins témoigné, en juin 1999, et fut rapatriée dans le courant du mois. Bien qu’elle eût demandé à être renvoyée en Pologne ou en Lituanie, d’où elle serait rentrée en Biélorussie en voiture, les autorités israéliennes l’avaient renvoyée directement en Biélorussie, où l’un de ses parents l’aurait emmenée vers une destination inconnue.
Voici maintenant le cas de Valentina, une psychologue ukrainienne de vingt-sept ans. Elle était arrivée en Israël en août 1998 pour y travailler, pensait-elle, comme représentante. Le ressortissant israélien qui lui avait proposé cet emploi s’était occupé du visa et avait organisé le voyage. Valentina, qui était attendue à l’aéroport, avait d’abord été emmenée dans un hôtel. Le lendemain, on lui confisqua son argent, son passeport et son billet de retour. Puis, elle fut emmenée dans un appartement où elle resta séquestrée pendant deux mois.
Valentina racontait son calvaire en Israël : “Les conditions de vie étaient terribles. Une fille a travaillé au sous-sol pendant huit mois, elle a attrapé la tuberculose à cause de l’humidité qui y régnait. La plupart des filles souffraient de diverses maladies vénériennes. Je ne souhaiterais même pas à mes ennemis de subir ce qui nous a été infligé… J’ai eu une dépression nerveuse, explique-t-elle. Je voulais m’enfuir mais il y avait des barreaux aux fenêtres et des gardiens étaient là tout le temps, jour et nuit. Un jour, j’ai demandé à un client de m’aider mais il faisait partie de leur groupe et les propriétaires m’ont battue. Je n’avais nulle part où aller…”
Valentina avait tout de même réussi à s’évader avec une autre femme en sautant du premier étage d’un immeuble. Quand elles retournèrent à la maison de prostitution pour aider une autre de leurs amies à s’enfuir, elles furent interpellées par la police qui opérait au même moment. Valentina avait été arrêtée en mars 1999 pour séjour irrégulier. Elle était heureuse de l’intervention de la police mais craignait de témoigner car les proxénètes connaissaient l’adresse de sa famille en Ukraine. Valentina ignorait combien de temps les autorités israéliennes allaient la maintenir en détention.
Nina était une jeune fille de dix-neuf ans originaire de Minsk, en Biélorussie. Elle était arrivée elle aussi en Israël à la fin de 1998 avec un visa de tourisme, sans savoir ce qui l’attendait. Elle fut séquestrée trois mois dans une maison de prostitution à Haïfa, puis fut enlevée sous la menace d’une arme, vendue pour 10 000 dollars, battue et violée. Après s’être enfuie, elle retourna dans la première maison de prostitution en espérant gagner suffisamment d’argent pour payer son billet de retour en Biélorussie. Nina fut ensuite arrêtée lors d’une descente de police dans un salon de massage de Tel-Aviv, en mars 1999, et incarcérée dans la prison de Neve Tirza pour être reconduite à la frontière. Le procureur du district de Haïfa lui avait interdit de quitter Israël, afin qu’elle témoignât contre les trois hommes qui l’avaient enlevée. “Je veux rentrer chez moi, déclara-t-elle, mais il est possible que le procès de Moïse [l'homme accusé de l'avoir violée] n’ait pas lieu avant six mois. Je veux aussi être sûre que Moïse ira en prison.” [Le rapport donne simplement "X", ndlr]
“C’est une délinquante, expliquait Moshe Nissan, porte-parole de la police de Haïfa. Elle a résidé en Israël sans permis de séjour. Il est évident qu’elle ne témoignerait pas si elle n’était pas en détention.” Nina fut finalement rapatriée en juin 1999 après avoir été détenue plus de deux mois.
Amnesty International ne put obtenir des autorités israéliennes aucune statistique sur le nombre de procédures pénales engagées, ni de données sur les poursuites ou les condamnations prononcées dans ces affaires contre les proxénètes. Selon une enquête de 2001 du National Council of Jewish Women, sur 392 prostituées arrêtées et expulsées d’Israël en l’an 2000, 46 % étaient d’origine ukrainienne, 28 % étaient d’origine russe et 17 % venaient de Moldavie. Les 9 % restants étant originaires d’autres républiques de l’ancienne URSS.
Un autre témoignage similaire nous est laissé par un article du Jerusalem Post du 13 juillet 2000, qui relatait le procès de Boris Yasser, 18 ans. Celui-ci était inculpé en Israël de kidnapping, menaces, contrefaçon de documents, coups et blessures, proxénétisme et viol. Boris Yasser était accusé d’avoir aidé son père à faire venir clandestinement quatre jeunes ukrainiennes et de les avoir forcées à se prostituer. Les jeunes femmes, âgées de 19 à 22 ans, arrêtées elles aussi pour être entrées illégalement sur le territoire national, expliquèrent qu’on leur avait proposé un travail de vendeuse. Une fois le travail accepté, elles avaient été conduites en Israël, via Chypre. Arrivées à Haïfa, on leur avait alors confisqué leurs passeports pour leur donner de fausses pièces d’identité israéliennes. Deux des filles avaient ensuite été vendues à un bordel de Tel-Aviv pour 3000 dollars chacune. Les deux autres avaient été séquestrées dans un appartement de Rishon Lezion et forcées de se prostituer. Boris Yasser conduisait les jeunes femmes aux clients, entre 15 et 20 par jour. Les filles ne recevaient pas un centime. L’une d’elles avait été très sérieusement battue après avoir tenté de s’enfuir. Plus tard, elle avait réussi à téléphoner à ses parents en Ukraine pour appeler à l’aide, et ce sont ces derniers qui avaient contacté l’ambassade ukrainienne.
En 1998, le consul de Hongrie à Tel-Aviv, Andrea Horvath, s’était aussi plaint que quatre jeunes femmes hongroises qui avaient rencontré leur futur employeur dans une discothèque de Budapest, étaient visiblement détenues dans des maisons de Tel-Aviv et contraintes de se prostituer.
Selon le rapport du CEDAW d’avril 1997, il y avait une corrélation entre la prostitution et la consommation de drogue. Parmi les 200 jeunes femmes emprisonnées à la prison de Neve-Tirza, 70 % étaient devenues effectivement accrocs à l’héroïne, qui était la drogue la plus courante en Israël. Les jeunes femmes étaient en effet droguées, pour les rendre encore plus dépendantes des proxénètes. Au bout d’un certain temps, elles devenaient “accrocs” et se prostituaient simplement pour payer leurs doses d’héroïne.
Le filles ne pouvaient pas voir de docteur ; toute aide médicale leur était refusée. Si par malheur elles tombaient enceintes, les proxénètes ne dépensaient pas d’argent pour un avortement. Ils les forçaient à travailler encore cinq mois et les jetaient ensuite à la rue.
Dans le New York Times du 11 janvier 1998, Irina, qui avait connu l’expérience israélienne, se confiait au journaliste, les larmes aux yeux : “Je ne crois pas que l’homme qui a ruiné ma vie soit un jour puni, disait-elle doucement. Je suis stupide… Je suis une fille stupide venant de mon petit village… Parfois, je m’assois ici et me demande comment tout cela a pu arriver, si c’est réellement arrivé.” Comme beaucoup d’autres, Irina avait été battue et violée après avoir refusé de se prostituer.
Le rapport du CEDAW indiquait encore que les publicités concernant l’industrie du sexe s’étaient multipliées dans la presse quotidienne, à tel point qu’un comité avait été créé pour interdire les publicités mentionnant explicitement l’âge des jeunes femmes de moins de 18 ans et pour modérer les photos qui accompagnaient ces annonces. Il y avait aussi en Israël, apprenait-on, un marché en pleine croissance de la pornographie infantile. [Sur ce sujet, voir les chapitres Psychopathologie du judaïsme, in Psychanalyse du judaïsme (2006) et Le Fanatisme juif (2007)]. Les filles d’Europe de l’Est de moins de 18 ans et se livrant à la prostitution étaient sans doute nombreuses en Israël, mais leur nombre restait inconnu.
Le magazine américain Moment – “le magazine de la culture juive” – avait publié en avril 1998 un article dans lequel on pouvait lire que les filles russes étaient très appréciées des clients israéliens. Il y avait parmi eux des hommes de lois, des policiers, mais surtout, une proportion importante de ces clients étaient des juifs ultra-orthodoxes qui venaient parce qu’ils ne pouvaient avoir de relations avec leurs femmes du fait des proscriptions religieuses. Le jeudi après-midi, des bus entiers les amenaient de Jérusalem à Tel-Aviv. [Sur les proscriptions religieuses, cf. Psychanalyse du judaïsme (2006), p. 360 ; et Le Fanatisme juif, (2007), p. 313].
Parmi les prostituées se trouvaient aussi des prostituées arabes, virtuellement réduites à l’état d’esclavage. Certains de leurs clients juifs venaient après un attentat palestinien pour se venger sur des prostituées palestiniennes.
Mais les proxénètes tiraient aussi bénéfice de la colère des Arabes, d’après ce qu’on peut lire dans le livre d’un Israélien intitulé La terre promise, pas encore, publié en 2002. Voici ce que l’auteur écrit au sujet de ces mafieux “russes” en Israël : “Les Russes, c’est des Africains blancs. Ils sautent sur tout ce qui brille. Ils sont prêts à tout pour réussir, les pires magouilles, les pires méfaits. J’ai lu dans le journal qu’un Russe faisait tapiner des filles habillées en soldat dans les Territoires. C’est pas con. A force de se faire bastonner par les militaires, ça doit leur donner des envies, aux Arabes !” (Michaël Sebban, La terre promise, pas encore, Ramsay, 2002, p. 99. Les juifs venant de Russie – plus d’un million depuis l’effondrement du communisme – étaient appelés “Russes” par les Israéliens).
Le magasine International Affairs du printemps 2000 parlait aussi du “Natasha trade”. La traite des Blanches rapportait entre sept et douze millions de dollars chaque année et ne comportait que peu de risques, par rapport au trafic de drogue ou au trafic d’armes. Yitzhal Tyler, de la police de Haïfa, expliquait en 1998 à Michael Specter, du New York Times : “Avec une dizaine de filles, chacune s’occupant de 15 à 20 clients par jour. Multipliez par 200 shekels. Ça nous fait 30 000 shekels par jour, et au moins 750 000 par mois, soit 215 000 dollars. Un proxénète qui possède cinq maisons de prostitution, comme c’est souvent le cas, se fait un million de dollars par mois.“
Le fait est qu’il n’y avait “pas de lois en Israël contre le trafic d’êtres humains ni contre la prostitution”, pouvait-on lire dans le New York Times du 11 janvier 1998. Il n’y avait en effet aucune loi qui interdisait l’importation de jeunes femmes étrangères vers Israël à des fins de prostitution, confirmait le rapport de la CEDAW du 8 avril 1997. Linda Menuhin expliquait encore (Reuters, 23 août 1998) : “Le problème n’est pas de trouver le bon article dans le code criminel, mais plus de trouver une femme qui oserait aller devant la justice.”
Le rapport publié par le Centre féministe d’Haïfa constituait une autre source d’informations. Il s’appuyait principalement sur les entretiens effectués auprès de 106 femmes victimes de la traite et interrogées entre 2001 et 2002 dans les prisons israéliennes et les différents refuges. Les auteurs indiquaient l’incapacité des différentes autorités à affronter les mafias et mettaient également en cause l’implication de certains policiers, comme clients des maisons de passe, mais aussi comme collaborateurs des proxénètes.
Les femmes interrogées avaient été vendues entre 5000 et 10 000 dollars. Elles avaient travaillé sans interruption, n’ayant jamais pu avoir de congés, même pendant les périodes de règles. Un tiers d’entre elles avaient été victimes de violences quotidiennes. Les clients et les proxénètes les considéraient comme des objets et les battaient sans relâche. Environ 10 % étaient à peine nourries. La moitié avait aussi avoué que beaucoup de policiers fréquentaient régulièrement ces maisons closes, et ceux-ci avaient non seulement des relations amicales avec les proxénètes, mais étaient souvent en affaire avec eux.
Cette industrie était toujours en plein essor en 2005, à en croire le rapport d’une commission d’enquête du Parlement israélien, révélé le 23 mars 2005 et rapporté par l’Agence France Presse. La traite des Blanches en Israël était une activité qui générait un chiffre d’affaires d’environ un milliard de dollars par an. Le rapport précisait que 3000 à 5000 femmes entraient chaque année clandestinement en Israël pour travailler dans la prostitution. Ces femmes étaient séquestrées dans environ 300 à 400 maisons closes dans différentes régions du pays. Elles étaient vendues pour une somme variant entre 8000 et 10 000 dollars et servaient ensuite d’esclaves sexuels 7 jours sur 7, à raison de 14 à 18 heures par jour. (Les femmes européennes en âge de procréer représentent aujourd’hui environ 2 % de l’humanité. C’est une “marchandise” rare, et recherchée par les proxénètes).
Elles ne percevaient que 20 shekels (4 dollars) sur les 120 payés en moyenne par chaque client. Le reste de la somme revenait au proxénète ; mais certaines ne recevaient absolument rien. L’étude menée à la demande de la commission avait aussi montré que le public israélien ne considérait pas la traite des Blanches comme une violation des Droits de l’Homme.
La commission pointait aussi du doigt les faiblesses de la justice israélienne sur le sujet. De fait, l’instruction des dossiers de plainte durait très longtemps, ce qui favorisait les menaces, voire les assassinats des plaignantes. On apprenait aussi à cette occasion que les magistrats étaient souvent eux-mêmes soudoyés par les proxénètes. Les procureurs généraux exigeaient des peines extrêmement minimes et ne demandaient même pas de dommages et intérêts pour les victimes. Les magistrats faisaient aussi bénéficier les proxénètes de l’immunité en les utilisant prétendument comme des indicateurs du monde du crime.
Certains juifs orthodoxes réagissaient cependant à l’envahissement des villes israéliennes par les proxénètes et les prostituées. Le 15 août 2000, l’agence Associated Press nous apprenait que quatre jeunes femmes étaient mortes dans un incendie criminel à Tel-Aviv ; quatre jeunes femmes russes qui n’avaient pu s’échapper, parce que la porte blindée étaient fermée à clef et que les fenêtres étaient munies de barreaux. Les quatres filles étaient séquestrées dans cet appartement situé derrière un bar, et qui servait de maison de rendez-vous. On apprit par la suite que c’était un juif religieux qui avait jeté une bombe incendiaire. Yariv Baruchim, 34 ans, expliqua à la police qu’il voulait purifier Tel-Aviv de tous ses bordels. Il avait déjà mis le feu à huit bordels ou sex shops. Cette fois-ci, il y eut des victimes : Ina Takorsky, Lila Zachs, Yelena Pomina étaient décédées. La quatrième fille n’avait pu être identifiée.
Quelques cinéastes israéliens – et c’est tout à leur honneur – s’étaient penchés sur le calvaire de ces jeunes femmes européennes. Le téléfilm d’Eyal Halfon intitulé Quel endroit merveilleux (2005) montre des femmes venues d’Ukraine qui débarquent en Israël où elles espèrent gagner un peu d’argent. Mais à la place de ce qui leur a été promis, elles se retrouvent réduites en esclavage, violées par leurs proxénètes et forcées de se prostituer. Le téléfilm montre aussi des ouvriers thaïlandais travaillant comme des forçats dans une exploitation agricole en Israël.
On pourra voir aussi sur ce sujet le film d’Amos Gitaï, Terre promise, sorti en 2005, qui montre le calvaire de jeunes femmes d’Europe de l’Est tombées dans un réseau de prostitution. Elles sont vendues aux enchères comme du bétail, en pleine nuit, dans le désert, puis elles échouent dans des bordels sur les bords de la mer Morte. Terre promise commence par une scène montrant la vente aux enchères de ces femmes, la nuit, dans le désert du Sinaï. “Quand j’ai commencé à m’intéresser aux réseaux du crime qui traversent les frontières du Moyen-Orient, témoignait Amos Gitaï, je me suis aperçu que le trafic de femmes, cette nouvelle forme d’esclavage, était en plein essor. Pour ces réseaux internationaux qui font de la traite des Blanches, expliquait-il, les femmes sont de simples marchandises. Elles sont transportées depuis leur pays d’origine, la plupart du temps l’Europe de l’Est, via le Sinaï en Égypte. Elles passent très facilement la frontière israélienne et sont ensuite réparties dans différentes villes israéliennes ou dans les territoires… Avant le tournage de Terre promise, j’ai passé beaucoup de temps à me documenter grâce aux rapports émanant d’ONG qui s’occupent en Israël et ailleurs de défense des droits de l’homme. Des centaines de pages de témoignages de victimes de la traite des Blanches montrent dans le détail comment ces réseaux internationaux opèrent… Certaines femmes croient qu’elles vont pouvoir échapper à la misère grâce à ce genre d’arrangements. Elles essaient de se persuader que c’est seulement pour un moment et qu’ensuite, elles auront un peu d’argent. Elles sont abusées à tous les niveaux, sur le plan physique, sur le plan émotionnel, à un point inimaginable… On sait que les ventes aux enchères de femmes ont lieu dans toutes sortes d’endroits. J’ai choisi de filmer la vente aux enchères de nuit, dans le désert. Les femmes sont encerclées par un groupe de voitures, comme dans une arène, pour créer une sensation de claustrophobie… Le fil directeur de Terre promise, c’est le destin de ces femmes. Nous les suivons tout au long de cette route où elles sont transportées d’un endroit à l’autre. On change constamment de lieu dans Terre promise. De Tallin à Haïfa, du Caire à Ramallah en passant par Eilat, les femmes passent de main en main, du désert aux parkings, de l’immense aquarium construit sous l’eau dans la mer Rouge aux différents véhicules, aux camions, aux autoroutes, etc.”
Bien entendu, Israël n’était pas la seule destination de ces filles de l’Est. La mafia juive en Russie avait des contacts avec la mafia juive partout dans le monde. Selon le ministère de l’Intérieur ukrainien, 400 000 jeunes femmes ukrainiennes de moins de trente ans avaient quitté le pays durant la décennie 90. Elles n’étaient sans doute pas toutes tombées dans des réseaux de prostitution, mais l’Organisation internationale des Migrations estimait à 500 000 le nombre de jeunes femmes de l’ancien bloc de l’Est tombées dans les réseaux dans le monde entier. L’article du 11 janvier 1998 du New York Times indiquait que les femmes slaves étaient envoyées en Turquie, et jusqu’au Japon et en Thaïlande.
De nombreuses filles de l’Est étaient aussi arrivées en ex-Yougoslavie. Un article d’Oksanna Havrylenko, une ukrainienne, nous renseignait sur le calvaire qu’elle avait elle-même connu. Nous le traduisons de l’anglais : les proxénètes recrutaient principalement par petites annonces dans les journaux, offrant un travail bien payé à l’étranger, comme serveuse, danseuse ou femme de chambre en Italie, mais ils expliquaient ensuite qu’il n’était pas possible d’obtenir de visa pour l’Italie et qu’ils devraient passer à travers le territoire de l’ex-Yougoslavie pour y prendre un ferry et traverser la mer adriatique. En Bosnie-Herzégovine, où il n’y avait aucun consulat ukrainien, les filles comprenaient alors le sort qui leur était réservé. Une fille qui avait catégoriquement refusé de se prostituer fut battue, torturée et tuée devant les autres filles, dans un champ. Les proxénètes lui avaient finalement tranché la gorge. Les filles trop difficiles étaient aussi revendues dans la zone musulmane. Les proxénètes disaient qu’aucune ne leur avait jamais échappé.
Les autorités italiennes chiffraient à 30 000 le nombre de jeunes femmes ukrainiennes employées illégalement dans le pays. L’article du New York Times sur les “Naïves femmes slaves” livrait le témoignage d’une autre jeune Ukrainienne. A Milan, en Italie, une semaine avant Noël, une opération de police avait perturbé une vente aux enchères. Les filles étaient présentées sur des caisses, à moitié dévêtues, et vendues comme des têtes de bétail, pour une moyenne de 1000 dollars. Michael Platzer, des Nations Unies, expliquait que la prostitution ne présentait que peu de risques, étant à moitié légale dans bien des pays. De surcroît, en Israël, il n’y avait aucune loi réprimant la vente d’êtres humains. Mais il faut aussi préciser ici que, selon le Talmud, les non-juifs sont considérés comme des animaux.
Le site internet américain Jew Watch, une sorte d’Observatoire du judaïsme, relevait ces informations concernant un réseau de proxénétisme de jeunes femmes russes en Floride : en 1996, un certain Serguey Skobeltsyn y avait acheté deux boîtes de nuit, le Pure Platinum et le Solid Gold, pour huit millions de dollars. Tout comme Ludwig Fainberg, qui lui, avait acheté le Porkys, il était impliqué dans un réseau de prostitution et “importait” des femmes russes.
Dans le Jerusalem Post du 31 janvier 2000, on apprenait que le chef spirituel de la communauté juive de Chicago, Joel Gordon, 51 ans, ancien “cantor” de la Congregation Shirat Emet, avait été arrêté avec sa femme, Alison Ginsberg, 23 ans, pour avoir ouvert des maisons de prostitution.
Le 15 septembre 1997, le New York Post accrochait déjà un certain Roman Israilov, de Brooklyn, qui avait séquestré et violé une jeune immigrante russe de vingt ans, qu’il avait ensuite essayé de vendre. La police avait été prévenue par un voisin.
Cette tragédie ne trouve que peu d’écho dans les médiats occidentaux, et l’on n’entend jamais les politiciens et les célébrités du show business protester contre cet ignoble trafic. Imaginons maintenant ce qu’il en serait si des Européens avaient réduit en esclavage des milliers de jeunes femmes juives et les avaient soumises à toutes sortes de sévices. Mais le silence médiatique sur ce sujet est finalement bien compréhensible si l’on observe les liens qui unissent les mafieux aux responsables de la petite “communauté médiatique internationale”.
L’effet produit par sa présence est celui des plantes parasites : là où il se fixe, le peuple qui l’accueille s’éteint.
3 commentaires:
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