mardi 27 avril 2010

Le Gouvernement occulte de la Franc-Maçonnerie

Le Gouvernement occulte
de la Franc-Maçonnerie

Beaucoup de personnes insuffisamment renseignées,
nient l'existence, au sein de la Franc-
Maçonnerie, d'un pouvoir occulte, supérieur à
celui des Convents eux-mêmes.
Ce pouvoir secret n'est pas constitué par
des hommes formant un groupe déterminé se
réunissant à des époques fixes. Il agit, selon
les circonstances, par l'intermédiaire de ses
créatures, soit au moment où se réunit l'assemblée
générale, soit au sein du Conseil de l'Ordre,
soit même lorsque, dans les Loges influentes
se disculent d'importantes questions. Au
Couvent de 1898, par exemple, M. Dazet détermina,
par sa seule intervention, le Grand
Orient de France tout en lier à prendre la défense
d'Alfred Dreyfus.
La Franc-Maçonnerie, on nous le répète chaque
jour, est une société animée de sentiments
extrêmement démocratiques, et, très charitable,
elle veut enseigner, aux profanes, ce qu'est
la démocratie. Or, en réalité, elle est autoritaire
par essence et rêve d'une espèce de gouvernement
tyrannique dont le vieux Combes
nous donna l'avant-goût. Ce groupement,
qui a la prétention de nous conduire, au besoin
par la force, dans le chemin où nous trouverons
la véritable Liberté, est, certainement, la seule
association du monde civilisé dans laquelle on
foule aux pieds les principes les plus élémentaires
de la démocratie.
Celte contradiction — si énorme qu'elle en
est comique, — entre les doctrines de liberté
dont se pare la Franc-Maçonnerie pour apparaître
aux yeux du monde et le régime césarien
qu'elle se plaît à subir s'explique seulement si
l'on reconnaît l'existence, chez elle, d'un gouvernement
occulte tout-puissant. Je vais vous
donner une preuve très frappante et très authentique
de ce pouvoir secret.
L'article 27 de la Constitution du Grand-
Orient dit que l'assemblée générale des délé
gués exerce le pouvoir constituant et législatif
de la Fédération. L'article 30 de la même
Constitution stipule que le Conseil de VOrdre
pourvoit à rexécution des décisions de rassemblée
générale.
Le Couvent de 1900 avait décidé, par un vote
formel, de faire imprimer dans le compte rendu
de ses travaux, un discours de M. Meslier, député
de la Seine, relatif à la question de la dépopulation
et préconisant les doctrines du fameux
Paul Robin, de Gempuis, et d'en faire
un tirage spécial, en une brochure destinée à
la propagande.
Voici quel cas on fit de cette décision souveraine
:
SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1900
« L'an 1900, le lundi 12 novembre, à cinq
« heures du soir, se sont réunis, sur la convo-
« cation du F.-. Bouley, secrétaire de l'Àssem-
« blée générale de 1900, les membres du bu-
« reau de cette assemblée et les membres du
« bureau du Conseil de l'Ordre.
« La séance est ouverte à cinq heures et
« demie, sous la présidence du Y .' . Fontainas,
« vice-président du Conseil de l'Ordre.
« Sont présents : les FF.*, Emile Lemaître,
« 1"" surveillant; Blanchon, grand expert;
« Bouley, secrétaire ; Guillain, orateur ad-
« joint; Marcel Huart, secrétaire adjoint,mem-
« bres du bureau de l'assemblée.
a Fonlainas, Sincholle, \ice-presidents ;
ft Dazet et Bouvret, membres du bureau du
« Conseil ;
« Absents: les F/. Delpech, président; Colince
Roudier, 2"" surveillant ; Maréchaux, orateur
ce de l'Assemblée ;
« Sont également présents: le F.*. Blatin,
« membre du CoQseil et le F.-. Meslier, Véné-
« rable et délégué au Couvent de la L/. L'Évo-
« lution Socinle, 0.*. de Paris.
(( Le F.'. Vadecai'd, assisté du F.*. Bide-
« gain, esquisse les travaux.
« Le F.-. Bouley rappelle que dans la der-
« nière séance du Conseil de l'Ordre, le F.-.
« Blatin a déposé, sur le bureau du Conseil, les
« épreuves du discours prononcé par le F.*.
« Meslier et qu'il a déclaré, au nom de celui-ci
« et autorisé par lui, retirer purement et sim-
« plement ce discours. Il demande, non seulece
ment que la publication n'en soit pas faite par
« tirage à part, comme l'Assemblée l'avait
« voté, mais encore qu'il soit supprimé du
« compte rendu in extenso, ainsi que tout ce
« qui s'y rattache ou le rappelle. — Il paraît
« impossible au F.*. Bouley que, même avec
« l'assentiment du F.'. Meslier, on puisse opé-
« rer celte suppression. En effet, non seule-
« ment ce discours a produit une impression
« profonde, mais encore sa publication a été
« ordonnée à la suite d'un vote au scrutin public
« par lequel le Couvent a manifesté son senti-
« ment d'une manière très précise. Le compte
« rendu, par suite de cette suppression, serait
« incomplet, et le F.*. Bouley, en sa qualité de
« secrétaire de réassemblée générale de 1900,
c( ne peut assumer la responsabilité d'établir un
« compte rendu incomplet et, par conséquent,
« inexact. — Il ajoute, cependant, que, pour
« éviter les attaques qui se produiraient certai-
« nement si ce discours était publié en son in-
« tégralité, on pourrait, à la rigueur, d'accord
« avec son auteur, le revoir et en supprimer
« certains passages plus particulièrement signi-
« ficatifs.
ft Le F.'. Blatin pense qu'il n'est pas impos-
« sible de revenir sur le vote du Couvent. Il
« partage les idées émises par le F.\ Meslier,
« mais il redoute les conséquences de cette puce
blication. Nos adversaires en tireraient parti
« et lanceraient contre l'Ordre des accusations
a violentes. Le F.-. Meslier comprend cette si-
« tuation , il accepte la suppression de son dis-
« cours du compte rendu ;
il se rend compte
« que son impression par les soins du Grandce
Orient offrirait de grands dangers pour les
« idées que nous défendons. Rien n'est donc
« plus facile que de ne point l'imprimer. D'ail-
« leurs, si l'Assemblée générale était réunie
« aujourd'hui, et si on lui exposait les inconvé-
« nients que peut avoir la réalisation de son
« désir, c'est presque à l'unanimité, pense le
(( F.-. Blatin, qu'elle adopterait cette manière
« de voir. Il s'agit là, en effet, de l'intérêt suce
périeur de la Franc-Maçonnerie toute entière
« et, devant cette considération, les questions
ce secondaires doivent disparaître.
ce Nous sommes tous d'accord, ajoute-t-il,
ce pour reconnaître que la publication, par le
ce Grand -Orient, d'un travail semblable, est au
ce moins prématuré. Il faut supprimer le disec
cours et tout ce qui s'y rapporte.
ce Le F. •
. Boiiley dit que les théories exposées
ce par le F. •
. Meslier sont connues et répandues,
ce Elles n'ont rien d'absolument nouveau et le
ce Grand-Orient ne serait pas le premier à les
ce propager, mais il y a, dans le discours dont
« il est question, certaines images, certains pasce
sages, dont on pourrait se servir contre nous
« et ce sont seulement ces passages qu'il sufti-
« rait de supprimer.
« Le F.-. Blatin croit qu'en ce moment, ou
« se fait dans le pays, une propagande très ac-
« tive pour la repopulation, ce discours serait
« très mal interprété. Nous aurons beau dire
« que ce sont là seulement des opinions philoce
sophiques, on ne nous en accusera pas moins
« d'être animés de sentiments antipatriotiques
« et d'être les propagateurs des doctrines dites
« malthusiennes.
« Le F.-. Boiiley fait remarquer qu'il tient à
« être couvert par une décision formelle du bu-
« reau de l'Assemblée et du bureau du Conseil
(( de rOrdre au sujet de l'impression du dis-
(( cours du F.". Meslier.
« Le F. •
. SinchoUe pense que les accusations
« dont parle le F.-. Blatin se produiront égale
-
« ment pour le discours prononcé par le F. •
. Lé-
« vilion sur la question de l'admission des
« femmes dans la Franc-Maçonnerie. On pourra
« découper aussi ce discours et en tirer des arec
guments contre nous. Il est certain, cepencc
dant, qu'il doit être publié; nul ne le conteste,
ce Peut-être pourrait-on expurger le discours du
« F.-. Meslier, mais on ne peut pas le suppri-
« mer, à cause des réponses qu'il a amenées et
« du vote du Convent.
« Le F.'. Fontainas estégalement d'avis que
c( l'on peut tirer de la publication de ce discours
« par le Grand-Orient la conclusion que celui-ci
« est partisan des idées émises par le F.*. Mesc(
lier. Aussi doit-on le modifier, en restreindre
« la portée, mais on ne peut pas le supprimer,
« car le Conseil de l'Ordre semblerait alors
« censurer les décisions de l'Assemblée géné-
« raie.
« Le F.-. Sincholle dit que l'on pourrait indice
quer, sur la première page de la brochure,
« que les opinions qui y sont contenues sont
« absolument personnelles à l'auteur.
« Le F.'. Fontainas est d'avis que ne pas
« maintenir le vote du Convent, c'est dire que
« l'Assemblée générale n'a pas suffisamment
« réfléchi en votant le tirage à part du discours
« du F.*. Meslier. On pourrait peut-être dire,
« sans crainte de blâme, que, d'accord avec ce
« F.'., le Conseil et le bureau du Conseil ont
« pensé qu'il n'était pas sage de publier ce dis-
« cours tel qu'il avait été prononcé. Le Conseil
« peut assumer cette responsabilité, mais sup-
« primer ce discours enti'^vement du procès
« verbal est impossible. Ce serait extrêmement
« délicat et grave.
« Le F.'. Sincholle croit qu'avec la publica-
« tion dans le compte rendu, la divulgation
c( aura la même portée. D'ailleurs, à son avis,
« le discours dont il est question n'appartient
« plus au F.-. Meslier, mais au Couvent. Au-
« tant vaut le publier intégralement que l'ex-
« purger.
« Le F.*. Blatin dit que la Franc-Maçonnerie
« est une association de combat. Nous suivons
« «une direction, comme un corps d'armée de-
« vant l'ennemi. Le Conseil de l'Ordre donne
« cette direction ; il est élu pour cela ; il a
« donc le droit de supprimer un discours qu'il
« juge dangereux puisqu'il a la charge de
« veiller aux intérêts de la Franc-Maconnerie.
<< il ne peut pas être parlé, en cette circons-
« tance, de droit ou de liberté (1). Le Conseil
« a, à sa disposition, les fonds votés par le
c< Couvent pour l'impression en brochure du
« discours du F.*. Meslier. 11 n'y a qu'à dire à
« ce F.\ : « Transformez votre discours, si
« vous le jugez bon, et faites-le imprimer vous-
« même. Nous paierons les frais d'impression
« et vous publierez, ensuite, à titre personnel,
« cette brochure de propagande. » Lorsque
« cette question aura été tranchée, on devra
« supprimer du compte rendu des travaux de
« l'Assemblée générale, non seulement ce dis-
« cours, mais tout ce qui s'y rapporte.
« Le F.-. Guillnin pense qu'il n'y a pas à en-
« visager à ce sujet la question de droit. Lui-
(( même, en donnant des conclusions favorables
« à l'impression du discours, a manifesté au
« F.-. Louis Lucipia sa crainte que cette puce
blication ne fût dangereuse. Si elle est faite,
« on dira évidemment que le Grand-Orient
« adopte les conclusions émises par le F.'. Mes-
« lier, puisqu'il répand ce discours et tente, par
(( conséquent, de convaincre le public. Il ne
« le Grand-Orient, mais il semble impossible de
« supprimer ce discours du compte rendu. Ce
« serait un abus de pouvoir.
« Le F.'. Bouley redoute surtout les calom-
« nies relatives à l'immoralité qui peuvent être
« échafaudées sur certains passages de ce
« discours. Là, évidemment, il y a lieu à quelce
ques suppressions, mais c'est là le maximum
« des concessions à faire à la prudence. Quant
« au procès-verbal des travaux de TAssemblée
« générale, il appartient à la Fédération. Si on
« ne le publie pas in-extenso, le Conseil recevra
« des réclamations et elles seront parfaitement
« justifiées.
« Le F.". Blatin répète que rien ne doit être
« publié par le Grand-Orient. Quand une occa-
« sion se présente de supprimer un discours dan-
« gereux pour l'Ordre, il n'y a pas à hésiter.
« Nous avons les fonds pour l'impression de la
« brochure. Donnons-les au F.'. Meslier qui
« fera le nécessaire. Le Grand-Orient pourra
« dire alors quil ignore ce discours (1).
« Le F.\ Blanchon, dans les Loges qu'il a
« visitées, n'a pas entendu dire un mot du dis-
« cours du F.". Meslier.
« Le F.'. Marcel Huart, au contraire, a en-
« tendu parler de ce discours en termes élogieux
« dans trois ou quatre Ateliers et, notamment,
« dans les Loges Liberté et la Raison, de Paris.
« Le F.-. Meslier, consulté, dit qu'il est,
« avant tout, un Maçon discipliné et qu'il est
« prêt à se ranger à l'avis que le Conseil croira
ft devoir émettre. D'ailleurs, il n'a prononcé ce
« discours que parce qu'il y a été fortement
« engagé. Sans cela, il serait resté à sa place.
« Le F.*. Emile Lemaître a fait, dans deux
« Loges de province, des comptes rendus des
« travaux du Couvent, et il a parlé du discours
« du F.'. Meslier. On en a entendu le résumé
« avec plaisir, mais on a exprimé aussi le voeu
« de ne point le voir publier par le Grandce
Orient. Certains de nos FF.*., surtout en
« province, craignent d'assumer la responsa-
« bililé de ces doctrines.
« Le F.". SinchoUe désirerait savoir ce que
« redoute le F.*. Blatin. L'accusation d'immo-
« ralité?... Mais la Maçonnerie a soutenu Pio-
« bin, directeur de l'Orphelinat de Cempuis.
« Lorsqu'on s'est déclaré partisan des principes
« émis par Robin, on n'a plus de calomnies à
« redouter au sujet de l'immoralité.
G Le F.*. Emile Lemaître répond que Robin
(( a été vaincu ; qu'il est une victime des cléri-
« eaux, qui sont arrivés à faire modifier les
« bases de son Orphelinat. Or, il ne faut pas
« se faire vaincre, aller au-devant de la défaite.
« Il faut propager nos idées, tacher de les
« faire triompher, mais la Franc-Maçonnerie
« ne doit pas souffrir de notre propagande.
c( Le F.-. Bouley \i[ certains passages qui,
« selon lui, pourraient être supprimés, quoi
« qu'ils soient intéressants. x\vec ces coupures,
« le discours du F.*. Meslier pourra paraître
« dans le compte rendu.
« Le F.-. Marcel Hiinrt n'est pas partisan de
« toute mesure qui semblerait être une censure
« des paroles d'un orateur. Cependant, dans
« l'intérêt de l'Ordre, avec l'assentiment du
(c F.*. Meslier, il votera la suppression de son
« discours. En effet, si des passages sont sup-
« primés, le discours, avec ses tendances gé-
« nérales, restera ; on devinera ce qui aura été
« coupé, et c'est plus dangereux encore. D'ail-
(c leurs, des gens exercés reconnaissent les en-
« droits où des coupures sont faites. Il faut
« supprimer le discours du compte rendu et le
« publier sous forme profane, par l'intermé-
« diaire du F.-. Meslier.
« Le F.*. Boiiley répète que l'on ne peut pas
(( supprimer ce discours, parce qu'il faudrait
a alors supprimer aussi quelques-uns de ceux
« qui ont suivi et le vote même du Gonvent.
« Le F.-. Dazet fait remarquer qu'il serait
« inutile d'expurger ou de réduire, dans le
« compte rendu, le discours du F.*. Meslier,
« puisqu'on retrouverait, dans la brochure pro-
<( fane, les passages annulés.
« Le F.*. Blatin est partisan de la suppres
« sion radicale du discours et de tout ce qui
« s'y rapporte. En confiant au F.*. Meslier le
« soin de le publier en brochure, satisfaction
« sera donnée à la fois aux partisans et aux
« adversaires de l'impression, et le danger sera
« écarté.
« Le F.-. Boiiley désire la publication inté-
« grale du discours dans le compte rendu et
« l'accomplissement strict des désirs du Con-
« vent. Il ne peut pas admettre que l'assemblée
« générale ayant voté l'impression par le Grand-
« Orient de cette brochure, on aille jusqu'à
a supprimer du compte rendu le discours du
c< F.*. Meslier et les discours qui en sont la
« conséquence.
« Le F.-. Emile Lemaître pense que les FF.*.
« partisans de la diffusion de ce discours au-
(( ront satisfaction s'il est publié par le F.*.
« Meslier et que, d'autre part, ceux qui sont
« d'un avis contraire seront également salis-
« faits, puisque la Maçonnerie restera étrangère
« à sa publication.
« Le F.*. Fontninas, Président, met aux
« voix :
« l*" La proposition du F.*. Blatin tendant à
K ce que le discours du F.\ Meslier ne soit
« pas publié par le Grand-Orient en brochure
« de propagande.
« — Cette proposition est adoptée à l'unani-
« mité, moins la voix du F.*. Sincholle.
ft 2'' La proposition de maintenir intégrale-
« ment, dans le compte rendu du Convent, le
« texte de ce discours.
c( — Cette proposition est repoussée par huit
« voix contre deux (celles des FF.-. Bouley et
« Sincholle).
« Après un échange d'observations entre les
« FF.*. Blatin, P'ontainas et Dazet, le F.*. Fon-
« lainas met aux voix l'impression du discours
« du F.-. Meslier dans le compte rendu après
(( suppression de certains passages. Il fait re-
« marquer que si l'impression de ce discours
« modifié n'est pas votée, cela entraînera la
« suppression des discours qui s'y rapportent
« et du scrutin qui a eu lieu.
« — La proposition tendant à insérer dans
« le compte rendu, après modifications, le dis-
« cours du F.*. Meslier, est repoussée par sept
(( voix contre trois (celles des FF.-. Bouley,
« Sincholle et Fontainas).
« Le F.'. Fontainas, Président, met aux
« voix la proposition de la remise, au F.-. Mes-
« fier, des fonds mis à la disposition du con
« seil de l'Ordre pour l'impression, en broc(
chure de son discours, afin que ce F.*, puisse
« le publier à titre personnel.
« — Adopté à l'unanimité.
« La séance est levée à 7 heures. »


Voilà comment onze Maçons supprimèrent,
sans autres formes, une décision de l'Assemblée
législative du Grand-Orient et un scrutin public
par lec{uel 350 personnes avaient manifesté
leur volonté.
Si ce long procès-verbal vous a fait pénétrer
davantage encore dans fintimité de la Maçonnerie,
il a dû, aussi, vous inspirer un désir
ardent de n'être pas, un jour, gouvernés par
des gaillards aussi peu respectueux des desiderata
du suffrage universel.
Il fut question, au cours de l'assemblée générale
de 1901, de l'abus de pouvoir dont
s'étaient rendus coupables le Bureau du Conseil
de l'Ordre et le Bureau du Couvent de
1900, mais on ne se permit pas de formuler un
blâme. On émit seulement, avec timidité, le
désir de ne point voir ce fait se renouveler.
Le document que vous avez lu vous donne
la preuve de l'existence de ce gouvernement
occulte de la Franc-Maçonnerie qui — selon
tous ceux qui ont étudié cette institution — do

mine son gouvernement apparent et prévaut
même sur les décisions et les volontés de la
fédération maçonnique toute entière. Si l'on
peut^ aussi brutalement, substituer à la volonté
de 20,000 personnes celle de onze individus,
avec quelle facilité ne conduit-on pas cette foule
lorsqu'on a pour moyens d'action la ruse et le
mensonge!

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