vendredi 2 juillet 2010

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PREFACE
Depuis la parution du Message du Verseau, en Mai 77, onze
ans se sont écoulés. Le bilan de cette période n'est pas aisé.
L'ouvrage avait été refusé par quarante-quatre maisons d'édition.
J'eus ensuite un mal incroyable à le tirer à mes frais. Après en avoir
lu le texte dactylographié, un imprimeur me renvoya même le chèque
provisionnel de 6000 F que je lui avais remis. Puis ce fut au tour des
agences de diffusion de me refuser leurs services. Cela en dit long
sur les réalités de la liberté d'expression en France et justifie
pleinement la phrase du livre sur l'Occident : « un monde où l'on peut
tout dire, sauf la vérité ».

Seul d'abord, puis avec l'aide de quelques amis et de lecteurs
d'un très haut niveau culturel gagnés à mes visions et perspectives,
j'ai réussi à écouler les deux mille huit cents exemplaires
commercialisables en moins de cinq ans.
En outre, bien des concepts nouveaux et fondamentaux de ce
livre, en particulier celui de « religions du désert », ainsi que tout
l'ensemble sur le conditionnement géographique des psychismes et
des cultures, sont devenus des éléments de réflexion à l'échelle
mondiale.

Ce fait, allié à des revirements spectaculaires de lecteurs qui ont
radicalement révisé leur vision de l'histoire, leurs options sociopolitiques
et parfois leur religion, incite de nombreux amis à me
demander avec insistance une réédition de l'ouvrage. Mais les
obstacles quasi infranchissables rencontrés il y a onze ans n'ont fait
que s'aggraver. Il est plus que jamais impossible de contrecarrer
efficacement les thèmes majeurs du matraquage médiatique. Je ne
veux donc pas recommencer la ronde désespérante chez les
éditeurs, d'autant moins que leur concentration en grands trusts de
presse facilite le noyautage et le contrôle des comités de lecture par
les cerbères des doctrines perfides et débilitantes que je combat
dans la foulée de Nietzsche. Pour être plus clair, disons qu'il est à
peu près impossible de publier quelque chose qui ne soit pas
chrétien, juif, marxiste, musulman, ou de quelque manière asiatique
ou pathologique.

La chute accélérée du niveau culturel fait aussi que la
rentabilité d'une publication est d'autant plus improbable que son
niveau est plus élevé, même si le langage en est simple, car, cette
chute n'est pas seulement une affaire d'analphabétisme, c'est aussi
un répugnant encanaillement des âmes.
J'ai donc eu recours à une technique artisanale de travail
personnel. Je pense que les années prochaines prouveront que là
sera le dernier refuge de la culture européenne en ce nouvel âge des
catacombes pour la liberté et l'honnêteté.

J'ai considéré qu'une simple réédition aurait été une solution de
facilité. La roue de l'histoire s'emballe et en onze ans nous avons
connu une impressionnante avalanche de catastrophes de toutes
natures : économique, écologique, démographique, médicale ...
Qu'on nous fasse l'honneur de croire que nous les évoquons sans
délectation ni triomphalisme. Les rôles de Cassandres n'ont rien
d'exaltant, mais sont plutôt exaspérants. Notre seul but est d'ouvrir
les yeux de ceux qui auront un certain courage. Que chacun juge et
réagisse comme il voudra à la nudité significative des faits :
1) Les pluies acides et la mort de la moitié des forêts d'Europe
centrale.

2) La mort des ormeaux et les signes de maladie
d'innombrables arbres. Une bonne douzaine de marées noires de
plus ou moins vaste ampleur.

3) Une pollution de la mer du Nord exigeant le rejet habituel de
60% du produit de la pêche qui a fait quadrupler le prix de la morue,
jadis plat du pauvre dans bien des régions. Cette pollution a aussi
provoqué les algues rouges et la mort de milliers de phoques.

4) Les boues rouges de la Méditerranée en Italie et en Corse.

5) La catastrophe atomique de Tchernobyl.

6) L'empoisonnement du Rhin, peut-être définitif.

7) La déchirure de la couche d'ozone aux deux pôles.

8) Une pléthore de scandales de décharges sauvages ou
abusives, de pollution de nappes phréatiques, d'accidents comme
celui de Bopal, ou les drames permanents de pollution comme ceux
de Tchernopol ( enfants qui deviennent fous ), de Bakou, des pays
baltes, de bateaux partout refoulés à cause de leur chargement
hautement toxique.

9) L'aveu qu'il ne restait en Pologne que 1% d'eau potable,
tandis que 33% étaient impropres même à des usages industriels,
que plusieurs localités avaient été évacuées pour cause d'insalubrité
et que deux cent mille personnes devaient être ravitaillées en eau
potable par camions-citernes.

10) L'apparition du SIDA.

11) D'étranges alternances de sécheresses et de pluies
catastrophiques en Amérique du Sud, probablement dues aux
déboisements irresponsables de l'Amazonie, eux-mêmes tentatives
aussi absurdes que désespérées de faire face aux problèmes de
sous-alimentation dus à la démographie galopante.

12) Le triplement du chômage à l'échelle mondiale.

13) L'aveu des problèmes des nouveaux pauvres et des
analphabètes, tandis que drogue et criminalité progressent
continuellement.

Il nous semble qu'en onze ans, cela fait beaucoup. Mais la
disparité d'échelle entre la vie humaine et l'histoire fait que les grands
événements passent inaperçus de leurs contemporains qui ne se
réveillent que si des désastres leur pleuvent sur la tête.
Il faut donc bien se le dire : l'humanité ne changera pas de cap.
En quarante ans et dans la seule Europe, les automobilistes ont fait
plus de deux millions de morts et dix millions d'infirmes à vie.
L'automobile n'a pas été et ne sera jamais remise en question pour
autant, non plus que pour ses conséquences désastreuses sur la
santé nerveuse des enfants, les résultats scolaires, pour les surdités
psychiques qu'elle engendre par dizaines de millions. Par la
domination médiatique de l'opinion publique, les crapulocraties
financières et industrielles des multinationales empêcheront toute
contestation efficace de la société de consommation, et ceci jusqu'à
la plongée dans les désastres et le chaos incontrôlables, comme le
sont déjà le chômage et la démographie galopante. Au cours des
mêmes onze années, la population mondiale est passé de 4 à 5
milliards d'habitants, ce qui nous fut triomphalement annoncé par les
guignols de service dans les appareils médiatiques.
Privées de toute base culturelle, les démocraties modernes ne
sont que des systèmes qui permettent à la canaille finaude de réduire
à l'impuissance les gens honnêtes et intelligents en manipulant la
force des imbéciles.

Comme je l'avais déjà annoncé il y a vingt ans dans les
Confidences de loups-garous, tous les paramètres convergent vers la
plus gigantesque guerre civile mondiale, à la fois raciale et sociale,
dans l'histoire connue de la planète. Cette guerre est d'ailleurs la
seule libération que les hommes restés dignes de ce nom peuvent
encore espérer. Mais elle n'ira pas de soi. Gardons-nous de tomber
dans les pièges de croyances en la providence dont les haillons
flottent encore dans nos inconscients.

Comme mes transmissions et ouvrages précédents, ce livre ne
s'adresse qu'aux intrépides de corps, d'âme et d'esprit. J'ai décidé
d'en changer le titre afin d'en faire mieux ressortir le caractère
d'ultime défi à la crapulocratie universelle. Car, comme je me plais à
le répéter en toute occasion, cette crapulocratie gagnera toutes les
batailles, sauf la dernière. Nous n'avons plus à prendre parti dans les
conflits actuels, nous n'avons qu'à attendre. La folie, l'abjection, la
lâcheté, la haine et l'incommensurable imbécillité sont déjà entrées
dans leur phase d'auto-destruction.

Je reprends donc sans grand changement bien des thèmes du
Message du Verseau, avec pourtant quelques coupures et bien des
suppléments. Comme lorsque je me plonge dans cet ouvrage j'y
trouve presque toujours du nouveau ( un penseur est un homme qu'il
vaut mieux ne pas connaître de trop près, car il ne vit pas
habituellement sur ses propres sommets ) j'espère qu'il en sera de
même pour tous les lecteurs.

À tous, je voudrais rappeler une chose toujours vraie et
actuellement primordiale : les grandes pensées sont simples et elles
seules peuvent déterminer l'avenir. Nos pensées sont simples :
depuis l'amibe jusqu'à l'homo sapiens, il y a eu une formidable
chaîne de mutations, d'évolutions de toute nature. Nous n'en
sommes pas le point final et nous avons même bien régressé par
rapport à nos grands ancêtres de l'aube européenne. Le dernier venu
des grands avatars, Nietzsche, nous montre clairement la voie : «
Dieu est mort.». Il l'a voulu lui-même ainsi il y a des milliards
d'années en s'investissant dans les lois de la physique, de la biologie,
de la spiritualité. Il voulait pouvoir un jour nous refiler les cartes. C'est
sa manière de faire joujou ; il aime les bêtes qui se prennent en
charge et non celles qui viennent lui pleurnicher sur les bottes.
Alors jouons, mes amis ! Jouons avec un regard d'amour qui va
au coeur des choses et embrasse les millénaires.

« Tous les dieux sont morts. Que le Surhomme vive ! Et que
ceci soit, au Grand Midi, notre suprême volonté ».

Robert DUN

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