XIX
Comment ne pas insister maintenant sur la
circoncision ?
Dès le premier moment de la naissance d'un
enfant chez les Juifs, les membres de la famille
de l'accouchée, ainsi que les parents du
père du nouveau-né, pensent d'abord à garantir
l'enfant et la mère de l'influence de
Satan, qui erre autour de la chambre de l'accouchée
et tâche d'y pénétrer pour exercer
ses maléfices et pour s'emparer des deux
âmes. Le meilleur moyen de détruire les artifices
de cet ennemi implacable de l'humanité
sur la terre est le Schir-Garmalot (talis-
man) (1), qui doit être collé ou attaché d'une
certaine manière au-dessus du lit de laccouchée
et du berceau de lenfant, ainsi qu'auprès
de la porte, de la fenêtre, de la cheminée
ou du poêle, c'est-à-dire partout où se
trouve quelque ouverture, par laquelle l'esprit
impur pourrait trouver le moyen de pénétrer
dans la chambre, afin de saisir les âmes de ses
victimes.
Le soir du jour où un garçon vient au
monde, arrivent auprès de son berceau ses
futurs compagnons de la vie (le Heder du
Melamède, composé de petits garçons, avec
le Beguelfer) ; ils récitent la prière pour que le
nouveau-né ait un doux sommeil : on leur
donne de la purée de fèves et de pois, ainsi
que des pains d'épices. La visite des petits
garçons et la prière récitée par eux se renouvellent
pendant huit jours, c'est-à-dire jusqu'à
la cérémonie de la circoncision.
(1) Ce talisman est composé d'un morceau du parchemin
sur lequel est écrit le 121e psaume, entouré, de tous
les côtés, des inscriptions qui énumèrent les noms mystérieux
de tous les habitants du ciel dont le Talmud et
la Cabale parlent assez souvent.]
Le soir du premier vendredi, après la naissance
d'un garçon, vers la fin du souper, arrivent
dans la chambre de l'accouchée ses
connaissances des deux sexes, pour le Ben-
Zahor (prière dans le genre de celle des petits
garçons). Le lendemain, samedi, le père du
nouveau-né se rend à la synagogue, où, après
la lecture des Cinq Livres, il est appelé auprès
du Tora. Pendant cette cérémonie, le
chantre entonne le Nischebeïrat (de longues
années au père, à la mère et à Tenfant). Ensuite
les parents et les invités reconduisent le
père à la maison pour le Chaleme-Zahor (félicitations
à laccouchée d'avoir donné le jour à
un -garçon). On leur offre de l'eau-de-vie et
des pains d'épices ; chez les riches, des liqueurs,
de la tourte et des confitures.
La nuit qui précède le jour de la cérémonie,
c'est-à-dire le huitième jour après la naissance
de l'enfant, on veille (mais seulement chez les
riches); c'est le Wach-Nacht (garde de nuit
dans les chambres de l'accouchée). Pendant
cette nuit, les Kloeouzners (pauvres Juifs qui
s'adonnent à l'étude du Talmud) récitent les
strophes de Michny. et, en récompense, ils
reçoivent, outre un souper abondant, la Nédova
(aumône).
Arrive enfin la matinée du jour important où
le nouveau -né doit recevoir le cachet attribué
seulement aux enfants du peuple élu par
Dieu... la Circoncision. Dans la matinée donc,
la sage-femme avec les cousines de l'accouchée
baigne et lave avec soin lenfant, afin de
le préparer pour lopération à laquelle il va
être soumis. C'est un moment heureux pour la
sage-femme, car toutes les personnes présentes
lui donnent de la menue monnaie pour
les peines qu'elle a eues auprès du nouveau né
depuis le jour de sa naissance.
Vers dix heures, après la prière dans la
synagogue, arrivent à la maison de l'accouchée
le Sandeke (personnage grave qui, pendant
l'opération, tient l'enfant sur ses genoux), les
trois Moguelims (opérateurs), le Kwater (compère
ou parrain), la Kwaterine (commère ou
marraine), le Kantor (chantre), le Schamoschim
(notaire), les parents plus ou moins proches
et les invités. En tout cas, dix témoins
majeurs, au moins, doivent être présents à la
cérémonie.
Lorsque tout est prêt pour l'opération, la
Kwateinne prend l'enfant dans ses bras et,
l'élevant un peu au-dessus de sa tête, attend
que le Schamosche prononce à haute voix :
Kwater ! pour lui remettre son fardeau. Kwater,
en recevant l'enfant, prononce : Boruh-
Gaba (Sois béni, nouveau venu), mots que
toutes les personnes présentes répètent à haute
voix. Ensuite le Kwater, en récitant le passage
du psaume : « Et le Seigneur a dit à notre
aïeul Abraham : Marche en avant et sois
juste, » s'avance lentement vers le Kisse-sel-
Eliog, endroit de la chambre où, comme on le
suppose, se trouve l'ombre invisible du prophète
Élie, qui assiste toujours à l'opération
de la circoncision à côté du Sandeke, sur les
genoux duquel est déposé l'enfant.
Les trois Moguelims (dont l'un tient à la
main un couteau à double tranchant, l'autre
armé seulement de ses ongles bien aiguisés, et
le troisième opérant avec la bouche) entourent
le Sandeke, qui tient l'enfant sur ses genoux;
avant de commencer ils récitent la prière :
« Grâces te soient rendues, grand Jéhovah,
Roi de l'univers, qui nous as destinés pour
opérer cette circoncision ». Alors le premier
Moguelim, qui tient le couteau à deux tranchants,
fait une incision âu praeputium et cède
la place au second, Torea, qui avec ses ongles
aiguisés arrache la peau de la partie inférieure
du membre, et à son tour cède la place au troisième,
Macice, lequel suce avec ses lèvres la
plaie faite par les deux premiers.
Pendant cette très douloureuse et barbare
scène, le père de l'enfant lit la prière : « Gloire
à l'Eternel, Maître de l'univers, qui nous a
consacrés en ordonnant de joindre le nouveau-
né aux enfants de notre père Abraham ! »
Si lenfant est d'une forte constitution et résiste
à cette affreuse opération (qu'il subit en
poussant des cris déchirants), on saupoudre la
plaie avec de la sciure de bois ; le Sandeke en
se levant le prend dans ses bras, et répétant
deux fois de suite, sur la coupe remplie de vin,
les paroles du prophète Ezéchiel : « Et je te
dis : tu vivras avec ton propre sang », verse
dans la bouche de lenfant trois gouttes de nectar.
Tout ce drame s'accomplit avec accompagnement
de chants criards, exécutés par le
chantre et interrompus seulement par les sou
haits répétés de longues années à lenfant, aux
parents et à tous les invités.
Si l'opération a été exécutée promptement
et avec adresse, c'est-à-dire si le premier Moguelim
n'a pas fait une trop profonde incision,
si le second a arraché adroitement la partie
inférieure du membre, et si enfin le troisième
n'avait pas la bouche infectée de Cinga,, le résultat
est déclaré satisfaisant, et le petit être
venu au monde il y a huit jours a acquis le
droit d'être pour toute sa vie membre d'un
peuple qui prétend être l'élu de Dieu. En réjouissance
de quoi les parents donnent une
fête, en se conformant toutefois aux ordres du
Kakal contenus dans les documents cités au
chapitre iv et qui se trouvent classés sous
les n°s 16, 64, 131, 158, dans le Livre sur
le Kahal, de Brafmann. Si le Kahal n'avait
pas le privilège d'exiger des Juifs l'impôt dit
impôt de la boite sur la viande kochère, privilège
qui en Russie s'exerce avec l'aide des
autorités locales (comme nous en avons fait
mention au chapitre vu), il ne s'empresserait
pas autant de rappeler ses droits à chaque
Juif, aux instants les plus solennels de la vie.
par exemple quand il fête ses parents et amis,
ou qu'il célèbre ses noces, ou encore quand il
célèbre la naissance d'un enfant du sexe masculin.
Afin de punir toute désobéissance à ses
« infaillibles » décisions (1), cette autorité juive
attend presque toujours pour exercer sa vindicte
le jour d'une fête donnée par le coupable.
En Russie surtout, où la perception de l'impôt
dit impôt de la boîte, est protégée par les autorités
locales, un ou deux membres du Kahal,
accompagnés par la police, arrivent chez l'amphitryon
et se livrent d'abord à une inspection
minutieuse de tous les ustensiles de ménage,
de tous les mets, viande et poisson, afin de découvrir
si ces plats sont kochère ou tref.
Comment le maître de la maison pourra-til
démontrer à ces sbires que la viande servie
à table provient d'un animal qui a été tué avec
un couteau à deux tranchants parfaitement
aiguisé et sans la moindre brèche, et que le
poisson a été préparé selon les minutieuses
règles prescrites par le Talmud ? Donc, outre
le très grand désagrément que cette impor-
(1) Voir le document cité à la suite du chapitre vin,
sous le n° 149.]
tune visite cause au chef de famille, outre le
trouble qu'occasionne parmi les invités la
présence des membres du Kahal venus pour
persécuter celui chez lequel ils se trouvent, le
coupable est presque toujours condamné à
une forte amende pour avoir enfreint la loi
sur le Kochère.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire