mercredi 28 juillet 2010

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X
Faisons connaître à présent la cérémonie
Alia, dans laquelle les Juifs sont partagés en
patriciens et en plébéiens.
Cette cérémonie, instituée par Ezdreche (1),
et, selon d'autres, par Moïse lui-même, consiste
dans la lecture de cinq Livres saints et
du livre des Prophètes, lecture qui doit se
faire pendant la prière commune (2). Cette
lecture doit se faire le lundi, le jeudi et le samedi
de chaque semaine. Sur la contravention
à cette règle générale, Ezdreche parlait ainsi :
« Celui qui, dans les trois jours indiqués,
n'aura pas lu les cinq Livres saints, sera persécuté
par l'Ange des ténèbres (Satan). »
(1) Kolbo, La Règle de la lecture des cinq Livres saints chapXV.
(2) Talmud, Traité de Mégile, page xx.

L'usage de lire les cinq Livres saints, ainsi
que le Livre des Prophètes, a été introduit
pendant la prière commune, ainsi que pendant
les fêtes de la nouvelle lune et les jours maigres.
L'exécution de ce devoir est prescrit par
la Synagogue à tous les Juifs sans exception.
A l'accomplissement dudit devoir sont astreints
également le Kohen (officiant) et le
Lévi (assistant) (1), ainsi que tout autre Juif.
Cette lecture ne saurait se faire autrement
que selon la loi de Tora (un morceau du parchemin
sur lequel sont écrits des psaumes et
quelques extraits de la loi du Talmud). Ces
l'objet le plus sacré dans chaque synagogue.
La cérémonie s'exécute de la manière suivante
:
Après avoir récité la prière Chemina, Ezreï,
une personne de l'assistance ôte de Kivot le
morceau du parchemin dont il est question, et
qu'on nomme Tora, et le remet au chantre ou
à son remplaçant. Le chantre, après l'avoir
reçu avec un profond sentiment religieux, récite
une courte prière et monte solennellement
(1) Jusqu'à présent, il existe chez les Juifs la distiuclicn
des classes, qui se divisent en Lévi et Zaïodi.]
l'estrade. Le peuple l'entoure alors et chacun
doit toucher la Tora. Sur l'estrade, le chantre
rencontre le Segan ou Gaba (le staroste) et le
Samoche (notaire).
Après avoir remis la Tora, sur la table qui
se trouve sur l'estrade, le chantre, à un signe
que lui fait le Gaba, appelle tout en chantant
le nom du père de celui à qui était échu, ce
jour-là, l'honneur de lire le premier la prière.
Sur cette invitation, la personne désignée
se lève de sa place et monte sur l'estrade ;
puis, posant la main sur la Tora, récite la
prière en ces termes : « Bénissez Jehovah,
qui est béni ; que le béni Jehovah soit béni
dans l'éternité ! Tu es béni, Jehovah, roi de
la création; toi, qui nous as élus entre tous les
peuples de la terre et nous as donné des lois !
Tu es béni, grand législateur! » Le peuple
répond : Amen. Après quoi, commence la lecture
des cinq Livres, et lorsqu'elle est finie,
la même personne qui avait été invitée par le
chantre à monter sur l'estrade répète : « Béni
sois-tu, Jehovah, qui nous as donné les véritables
lois saintes! Béni soit Jehovah, le
grand législateur! »

Voilà en quoi consiste la cérémonie Alïa.
Etre invité à lire et réciter la prière signifie
être élu pour monter sur le Sinaï, représenté
dans chaque synagogue par l'estrade, d'où l'on
annonce au peuple réuni les lois dictées par
Dieu lui-même.
Et qu'en est-il du droit de recevoir Alïa?
La première Alïa appartient au Kohen (officiant,
le descendant d'Aaron) ; la seconde au
Levi (assistant); les suivantes sont pour le
peuple. En l'absence du Kohen, le Lévi prend
la première ; si le Lévi est absent et le Kohen
présent, celui-ci prend les deux premières.
En cas d'absence du Kohen et du Lévi, leurs
Alïa sont données aux autres personnes présentes
à la prière, dans l'ordre suivant : Tal-
mud Hahan (le savant interprète du Talmud),
Parnes (les représentants de la réunion générale),
qui ont le droit de s'adjuger depuis la
la troisième jusqu'à la sixième Alïa, c'est-àdire
Chelichi; les autres Alïa appartiennent
au peuple présent.
De cette manièee, la cérémonie d'Alïa partage
les fidèles de la synagogue en patriciens
et plébéiens; ce qui occasionne souvent de
violentes querelles parmi cette société dévote;
car, parmi les assistants, l'un se croit offensé
parce qu'il n'a pas été invité à monter sur l'estrade
pour y réciter la prière et s'approcher de
la Tora; un autre prétend qu'il lui revenait la
troisième ou quatrième Alïa, au lieu de la cinquième
ou sixième qu'il a obtenue; un troisième
voudrait appartenir aux patriciens, tandis
qu'on l'a relégué parmi les plébéiens; ainsi
de suite. Ces différentes prétentions occasionnent
presque toujours des scandales, qui ne
conviennent pas dans un temple, destiné à la
prière sainte. Le Kahal, malgré son autorité
reconnue par tous les Juifs et son despotisme
pesant sur la vie intérieure de ses coreligionnaires,
en partageant la société juive dans les
synagogues en deux classes distinctes, n'a pas
réussi, dans cette occasion, à assurer la discipline
nécessaire.

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